Alors que l'opérateur de la Bourse de Francfort, Deutsche Börse, las de voir ses offres rejetées par Euronext, a finalement renoncé à une fusion avec son concurrent paneuropéen, la voie semble désormais libre pour la fusion entre Euronext et le New York Stock Exchange. Cette alliance stratégique et capitalistique a pour but de donner naissance à « la grande Bourse transatlantique », considérée par certains comme « une porte de salut pour Euronext » alors que pour d'autres comme une « menace suprême d'une mainmise des Américains sur le système de cotations et de transactions boursières le plus fédéral et le plus fédérateur globalement envié »
[...] Une fusion entre le Nyse et Euronext correspond à cet objectif : il permettra de mettre en valeur mondialement notre position prédominante européenne, de faire face aux défis de marchés globaux de plus en plus intégrés et de devenir le leader en termes d'opérations boursières globales. Aucune autre alliance n'offre autant d'avantages. Cette opération, se traduira, d'une part, par une mise en commun de nos systèmes informatiques et permettra ensuite de mettre en place une activité entre les deux premiers pôles de liquidité mondiaux et d'augmenter les flux de capitaux entre nos économies. Enfin, c'est l'occasion de mettre en place un réel marché international dans la zone euro. [...]
[...] Ses pouvoirs sont donc considérables. CONCLUSION Avant de faire le procès du projet de rachat d'Euronext par le Nyse, il serait bon de déterminer les grandes orientations des politiques publiques sur ce sujet. Le rapprochement des deux Bourses doit être encadré par une politique claire qui donnerait aux instances régulatrices françaises et américaines une feuille de route pour la réglementation du marché unique : plus de transparence, un renforcement de la lutte contre le blanchiment, la protection des investisseurs individuels, la mise en place de critères sociaux, éthiques et environnementaux dans la gestion des fonds. [...]
[...] La réglementation interne émise par Euronext-Nyse ne pourra pas, à terme, rester inchangée. Elle pourrait progressivement être subordonnée à l'influence américaine. C'est l'idée défendue par le rapport Lachmann puisque celui-ci considère que "les modalités du nouvel ensemble et la localisation de son siège sont à l'avantage du Nyse", et qu'"à moyen terme, les modalités de gouvernance proposées ne permettent pas d'assurer la pérennité de l'autonomie d'Euronext et donc ni les moyens qui seront affectés à son développement, ni les engagements industriels prévus dans le projet." Une occasion manquée de poursuivre la construction Européenne suite au mariage manqué avec Deutsch Börse Idée défendue par le président Jacques Chirac et la chancelière Angela Merkel lors d'un sommet franco-allemand exprimant clairement leur préférence pour une "solution européenne", tout comme le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet. [...]
[...] Enlever ce maillon essentiel met en péril la pérennité sur cette place de ces autres activités. Le rachat d'une telle société par la Bourse de New York aura des répercussions importantes sur le droit et sur les pratiques des acteurs Le rapprochement entre Euronext et NYSE aura un impact important sur l'architecture des marchés boursiers. Pour la première fois dans l'histoire du droit financier, la possibilité d'une réglementation financière mondiale pourra voir le jour. Cependant les Bourses ne sont pas un marché comme les autres puisqu'elles exercent une mission d'intérêt général : Euronext joue un rôle normatif : c'est une société commerciale investie d'une mission particulière : assurer le bon déroulement des transactions sur les marchés réglementés dans le respect des principes de transparence et d'égalité de traitement des investisseurs ; garantir, via sa filiale Euroclear, que le règlement livraison des titres est bien assuré et que la compensation entre les transactions a lieu conformément aux exigences de transparence et d'éthique Euronext lutte contre les abus de marché en protégeant l'épargnant néophyte des pratiques abusives des investisseurs professionnels. [...]
[...] Il y a vingt ans (seulement) il était impossible à un investisseur américain ou à certains d'entre eux d'investir en dehors des Etats-Unis. Ce vieux fond culturel autour de la notion de Prudent Man's Rule tombera progressivement. En effet cette fusion diminuera l'inhibition naturelle des investisseurs américains à acheter dans les valeurs cotées chez Euronext., en donnant l'impression aux investisseurs américains que le marché Euronext est une prolongation du marché américain. Grace à la suppression de phénomène d'inhibition, un deuxième avantage apparaît : L'amélioration de la liquidité des valeurs et des volumes de transaction. [...]
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