Créée il y a quarante et un ans par Bill Gates et Paul Allen, la société Microsoft est aujourd'hui le leader mondial des logiciels, que ce soient les systèmes d'exploitation avec plus de 90% des parts de marché ou les logiciels d'application.
Un système d'exploitation (ou « operating system » ou encore « OS ») est un ensemble de programmes qui relie les ressources matérielles d'un ordinateur et les applications de l'utilisateur. Microsoft a développé le logiciel d'exploitation « Windows » et l'a amélioré au fil des années (Windows 95, 98, 2000, XP et bientôt Vista).
Les logiciels d'application sont des outils que nous utilisons sur l'ordinateur: il s'agit par exemple du traitement de texte, des jeux vidéos, etc. Microsoft a notamment développé le célèbre « Microsoft Office » avec entre autres Word, Excel, PowerPoint, Outlook. Il s'agit également des logiciels de navigation comme « Internet Explorer » lui aussi proposé par Microsoft.
Microsoft domine donc le marché de l'informatique. Ce quasi-monopole a été favorisé par les caractéristiques de ce marché :
- Présence d'externalités de réseau, c'est-à-dire que l'utilité d'un logiciel d'exploitation pour un consommateur dépend du nombre d'utilisateurs de ce logiciel. Or plus un logiciel d'exploitation est répandu, plus les logiciels d'application compatibles sont nombreux (cas des jeux vidéos) et donc plus les consommateurs vont se tourner vers ce système d'exploitation : c'est une logique circulaire.
- Coût très élevé en matière de R&D et de marketing mais très faible pour la production d'une copie du logiciel (coût marginal proche de zéro), les économies d'échelle sont donc très fortes ce qui constitue une barrière à l'entrée sur le marché. Il est en effet non seulement très coûteux mais aussi très risqué de lancer un logiciel sur ce marché car les dépenses sont irrécupérables en cas d'échec.
La position dominante de Microsoft sur le marché de l'informatique est source d'intenses débats, particulièrement depuis les années 1990. La question est de savoir si la firme abuse de cette position pour étouffer toute concurrence. En effet, une position dominante n'est pas illégale en soi, ce qui est illégal c'est de se servir de cette position à des fins anti-concurrentielles. Or Microsoft a été plusieurs fois condamnée par les autorités de la concurrence américaines (en 1994 puis en 1998) et européennes (en 2004 et en 2006) pour abus de position dominante.
Cet exposé s'intéressera par conséquent à la possibilité de lutter contre ce genre d'abus : peut-on en finir avec les pratiques anticoncurrentielles de Microsoft ? De quelle manière la politique de la concurrence peut-elle mettre fin à cette situation ? Et surtout quels sont les effets réels des sanctions et décisions des autorités de la concurrence sur la puissante firme Microsoft ?
Ainsi, bien que les autorités de la concurrence se soient déjà attaqué aux pratiques de Microsoft (partie I), cela n'a pas eu l'impact escompté (partie II).
[...] De plus elles sont actuellement en contradiction avec la politique industrielle de patriotisme économique Dès lors, l'avenir de Microsoft semble beaucoup moins sombre que la sévérité du droit antitrust pouvait le laisser présager. La véritable menace pour la firme ne serait-elle pas plutôt à chercher du côté de l'extraordinaire potentiel du logiciel libre ? Bibliographie et sitographie Principes d'économie moderne de Joseph E. Stiglitz, Carl E. Walsh, édition De Boeck Economie de Paul A. Samuelson, William D. Nordhaus, édition Economica La politique de la concurrence de E. Combe, édition La Découverte Economie et politique de la concurrence de E. [...]
[...] On peut donc s'interroger sur les effets de ces sanctions : as-t-on véritablement mis fin aux abus de Microsoft ? Pourquoi est-il si difficile? Et est-ce seulement possible ? II. Mais les sanctions prises ne semblent pas réellement mettre fin aux abus de position dominante de Microsoft En 2006, le marché de l'informatique est toujours dominé par Microsoft. Ainsi le géant de Redmond (surnom de Microsoft dû à la localisation du siège social à Redmond USA) possède encore 85% des parts de marché des navigateurs internet malgré la possibilité de faire fonctionner un navigateur internet libre (c'est-à-dire gratuit) sur Windows. [...]
[...] Ce soutien américain nuance donc la possibilité des autorités européennes de mettre véritablement fin aux abus de Microsoft. Conclusion Microsoft, leader du marché de l'informatique, est fortement incitée à abuser de sa position dominante pour conserver son pouvoir de marché. Mais ces abus sont condamnés par les autorités de la concurrence que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe. Ainsi, Microsoft a fait et fait toujours l'objet de poursuites visant à supprimer ces abus et à rétablir une situation véritablement concurrentielle sur le marché de l'informatique. [...]
[...] Mais là encore cette explication ne fait pas l'unanimité. Concernant la politique européenne, celle-ci est beaucoup plus récente et par conséquent plus active (ce que beaucoup lui reproche d'ailleurs Ainsi la commission s'attaque régulièrement à Microsoft depuis 2000 au titre de l'article 82 du traité CE. Elle lui a infligé une amende de 497 millions d'euros en 2004 et de 280,5 millions d'euros supplémentaires en 2006. La fluctuation des politiques de la concurrence dans l'espace et dans le temps montre la possibilité pour Microsoft d'échapper à des sanctions très lourdes comme la scission prévue par le juge Jackson en 2000. [...]
[...] Or cette création remet en cause l'exclusivité de fonctionnement entre Windows et les logiciels d'application de Microsoft. De même, le navigateur Internet Netscape qui fonctionne avec Java a menacé de servir de plateforme pour augmenter la concurrence entre systèmes d'exploitation. Dans les deux cas, Microsoft contre-attaque en intégrant par défaut et gratuitement une machine virtuelle Java avec des fonctionnalités spécifiques et son propre navigateur Internet Explorer Il s'agit d'une stratégie de ventes liées qui lui permet d'étendre son monopole. L'objectif anticoncurrentiel est clairement exprimé par Paul Maritz, vice-président de Microsoft : Nous allons les asphyxier Entraves indirectes Microsoft a imposé aux entreprises souhaitant distribuer ses logiciels et produits des accords de licence restrictifs et autres contrats exclusifs. [...]
Référence bibliographique
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