L'objectif de cette recherche est d'analyser l'impact de l'accord de libre-échange (noté, par la suite, ALE), signé par la Tunisie comme par plusieurs Pays du Sud et de l'Est de la Méditerranée (PSEM), qui vise au passage d'une économie réglementée et réprimée vers une économie déréglementée et libéralisée, notamment en matière de libéralisation financière. Cette politique se justifie par les bienfaits attendus de la libéralisation du secteur financier sur la croissance économique selon la séquence : libéralisation du taux d'intérêt → augmentation des taux nominaux → augmentation de l'épargne → accroissement de l'investissement → croissance économique.
Le processus enclenché par cette libéralisation vise la levée de la répression financière, notamment via l'adoption de taux d'intérêt réels positifs, l'augmentation de la bancarisation des agents privés et le renforcement de l'intermédiation bancaire.
La libéralisation financière a pour but d'encourager la modernisation du secteur bancaire national et la pénétration des banques étrangères, source de concurrence, de transfert de savoir-faire et de transparence des opérations financières. Il s'agirait-là d'une condition déterminante de la réussite des réformes financières aboutissant à une marchéisation des conditions d'exploitation des banques . Plusieurs études, initiées notamment par le FMI, confirment la présence d'une relation positive entre le développement financier et la croissance économique. Elles considèrent que le niveau de développement financier est un bon indicateur prévisionnel des taux futurs de croissance économique, d'accumulation du capital et de changement technologique. De nombreux travaux académiques vont aussi dans ce sens, comme l'ouvrage de A.Chouchane-Verdier .
Dans cette étude, nous orienterons notre analyse vers le rôle que peut jouer le secteur bancaire tunisien dans le financement d'un secteur particulier de l'industrie manufacturière à savoir le secteur Textile-Habillement (noté T-H par la suite). Le choix de ce secteur est justifié d'abord par le fait qu'il occupe une place prédominante dans l'économie tunisienne où il représente 50% des exportations et de l'emploi du secteur industriel. Ensuite, ce secteur, menacé par le démantèlement des Accords Multifibres (AMF) et la concurrence « rude » et « agressive » des pays nouvellement signataires de l'accord de l'OMC qui leur permet de pénétrer librement sur le marché européen, doit opérer une mutation significative dont la réussite est incertaine et c'est pour cette raison qu'il est nécessaire, pour lui, de bénéficier de moyens de financement suffisants permettant sa reconversion. Ces moyens de financement, du fait de la taille moyenne et petite de la majorité des entreprises du secteur, ne peuvent provenir que du système bancaire ; le marché financier en Tunisie n'étant pas approprié à ce type de besoins de financement.
La réussite de l'ALE, s'agissant de ce secteur, doit donc relever un double défi : la modernisation du fonctionnement du système bancaire et la fourniture des moyens financiers permettant la restructuration des activités du secteur T-H, suite au choc de la résiliation des accords multifibres.
Pour mener à bien notre analyse, nous procèderons de la manière suivante. Dans une première Section, nous préciserons ce que nous entendons par modernisation du système financier et bancaire ; dans une deuxième Section, nous insisterons sur la dépendance des PME en général, et des PME tunisiennes en particulier, vis à vis du système bancaire ; dans la troisième Section, nous préciserons l'importance pour la Tunisie, de la nécessaire restructuration et de la dynamisation du secteur Textile-Habillement ; dans la quatrième Section, enfin, nous étudierons la réalité de la relation « banques-entreprises du secteur T-H » grâce à une approche économétrique pour mettre en évidence les caractéristiques de cette relation et la fragilité qui les caractérise. Nous conclurons alors cette étude par un bref résumé de cette recherche empirique et par quelques recommandations de politique économique.
[...] Les tests de cointégration nous ont permis de tester la possibilité de l'existence de relations de long terme entre les performances du secteur H et les crédits bancaires. Une deuxième étape dans notre démarche empirique reste à mettre en oeuvre ; il s'agit de tester la possibilité d'existence de relations de court terme entre ces deux groupes de variables. La relation de long terme trouvée suppose l'existence d'un mécanisme d'ajustement de court terme entre les séries étudiées. Pour mettre en évidence ce mécanisme, nous avons utilisé un Modèle à Correction d'Erreur (M.C.E). [...]
[...] BAKARDZHIEVA, [2005], L'impact potentiel du partenariat Euro-Méditerranéen sur les réformes bancaires en Egypte : les leçons des PECO Présentation à la Conférence internationale, Le partenariat Euro- Méditerranéen, dix ans après Barcelone, Le Caire et 20 avril. KING R. et LEVINE R., [1992], Financial Indicators and Growth in a Cross Section of Countries Policy Research Working Papers, WPS 819. KING R. et LEVINE R., [1993], Finance and Growth : Schumpeter Might Be Right Policy Research Working Papers, WPS 1083. L'ECONOMISTE Maghrébin, Réformes bancaires en Tunisie, [1999], n°249 du 08/12 au 22/12/1999. [...]
[...] En fait, l'affectation de l'épargne nationale à l'investissement privé a joué un rôle très limité. Cette politique a engendré une baisse marquée du taux d'épargne. L'investissement a donc été largement financé par des emprunts à l'étranger faisant ainsi doubler le ratio de la dette extérieure par rapport au PIB entre 1961 et 1967. En 1970, l'expérience d'inspiration socialiste s'est achevée, mais la répression du système financier a été maintenue jusqu'en 1987. Pendant cette période, il y a eu des progrès significatifs en matière de développement de l'intermédiation bancaire, alors que la tendance à la baisse de l'épargne s'est inversée. [...]
[...] Et comme ces intermédiaires financiers entreprennent des relations de long terme avec les firmes, ceci peut réduire les coûts de l'acquisition de l'information. La réduction de l'asymétrie informationnelle peut réduire les contraintes liées aux fonds externes et donc faciliter une meilleure allocation des ressources (Sharpe (1990)). La relation de long terme entre le banquier et l'entrepreneur peut engendrer un coût pour ce dernier, du fait que la banque est bien informée sur la profitabilité de la firme et, par conséquent, si elle rompt ses relations avec la firme, les autres investisseurs vont renoncer à y investir. [...]
[...] Voir Annexe I Le terme liquidité veut dire la facilité et la rapidité avec lesquelles chaque agent peut convertir ses actifs en un pouvoir d'achat à des prix convenables Bagehot (1873) avait déjà exprimé cette idée il y a plus de cent vingt ans. Aghion et Howitt [1992], Grossman et Helpman [1991] et Romer [1990]. SAINT-PAUL G., (1992) : “Technological Choice, Financial Markets and Economic Development European Economic Review 36, PP: 763-781. Impact du démantèlement des accords multifibres sur le secteur T-H (2005), Rapport de l'IEQ, Ministère du Développement et de la Coopération Internationale, janvier. [...]
Référence bibliographique
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