La Globalisation des échanges commerciaux et des flux financiers, a engendré une mondialisation des risques. Une entreprise française qui importait des produits japonais, sous le régime des changes fixes de Bretton Woods, n'avait pas à se soucier du montant qu'elle allait payer dans l'année à venir. En effet, jusqu'en 1970, les changes étaient fixes, les taux d'intérêt à long terme étaient relativement stables dans la plupart des pays et la volatilité était trop faible pour influer sur les stratégies des entreprises.
Or, dès le début des années 1970, le monde devient fluctuant et incertain. Les parités de change deviennent flottantes, les taux d'intérêt croissent considérablement, les cours du pétrole se sont accrus, dans un nouvel ordre économique mondial né suite à l'effondrement du système de Bretton Woods. Ainsi, des risques nouveaux sont apparus aux entreprises. La volatilité est devenue un mot clé dans ce nouveau marché mondial. Les entreprises font face à de nouveaux défis, à une concurrence nouvelle suite à la fluctuation des monnaies qui confère un avantage compétitif aux entreprises étrangères. Les importateurs voient leurs coûts s'alourdir et les exportateurs ne sont plus certains de leurs profits. La nécessité de se protéger des fluctuations des taux de change et des taux d'intérêts, apparaît pour les entreprises. En effet, pour l'entreprise exposée à ces risques, les impacts peuvent être très importants : perte de marge commerciale, manque à gagner lors des échanges commerciaux, baisse de la valeur d'entreprise, dévaluation du patrimoine, diminution du revenu. Les risques de change sont d'ordre économique, transactionnel, ou comptable ; et les risques de taux peuvent toucher le capital et le revenu.
La décision de se couvrir contre le risque de change permet de connaître avec certitude les montants et les flux en devises à venir. Afin de mettre en place une bonne couverture, l'entreprise doit établir avec la plus grande précision quelle est sa « position » de change. Cette position est dite « longue » lorsque l'on détient des devises et « courte » si l'on doit des devises. Pour les entreprises, il existe deux grands modes de couverture de change, la couverture ferme (forward, future, swap, avance en devises...) et les couvertures conditionnelles (par option). Couvrir le risque de change consiste à éliminer l'impact des variations non anticipées des taux de change sur la valeur de l'entreprise.
Le risque de taux d'intérêt est le risque de perte due à une variation imprévu des taux d'intérêt. Chaque entreprise qui prête ou qui emprunte, ou qui prévoit de le faire est exposée au risque de taux. Pour se couvrir contre ces risques de taux, il convient de pouvoir mesurer ce risque. Différentes méthodes existent pour ce faire, la sensibilité, la duration, mais la plus adaptée reste encore le calcul par la VaR (Value at Risk). Elle se défini comme la perte maximale qu'un actif peut subir à une échéance donnée, et à un niveau de probabilité donnée. Les couvertures sont également de types fermes ou optionnels comme pour le change.
En réalité, se développe en une dizaine d'année (à partir des années 70), un marché nouveau dont l'objectif est de négocier non pas des actifs mais le risque lui-même. C'est le marché dérivé. Un produits dérivés est un contrat dont la valeur est dérivée de celle d'un autre actif « sous-jacent » Les produits dérivé ne sont pas nouveaux (les plus connu sont ceux sur le blé dans l'antiquité), mais le développement des marchés dérivés (l'encours en position a été multiplié par 25 en dix ans) découle de deux facteurs clés : la grande incertitude et la volatilité apparues sur les marché dès les années 70, et la valorisation des options négociables par Fisher Black, Robert Merton et Myron Scholes. Cela permis de créer des produits sur mesure pour une couverture optimale adaptée aux besoins réels de gestion des risques des entreprises.
Il existe deux types de marchés : le marché organisé et le marché de gré à gré. Le marché organisé où les contrats sont standardisés et cotés sur un marché secondaire. Il y a une chambre de compensation qui assure le rôle de la contrepartie pour l'acheteur ou le vendeur. En garantie, cette entité demande un dépôt aux contractants en cas de défaut de paiement. Dans le marché de gré à gré, la chambre de compensation n'existe pas, il est animé par les grandes banques internationales, qui proposent des produits sur mesure, et où les acheteurs et vendeurs sont directement liés avec un risque plus élevé de non exécution.
Les produits dérivés ont acquis leur rôle de produits de couverture par excellence directement de leurs avantages intrinsèques. Ils sont des contrats qui peuvent être sur mesures, conçus pour atténuer les risques, à les transférer vers des contreparties plus enclines à les supporter. De plus, leurs développements paraissent sans fin, c'est l'imagination des ingénieurs financiers qui en est la limite car il est possible d'être parfaitement en adéquation avec la quasi totalité des besoins des entreprises en termes de couverture. De nouveaux produits voient le jour constamment pour être au plus prés des entreprises. Ce sont des produits qui gomment les imperfections du marché en apportant une réponse puissante aux risques de change et de taux auxquels l'entreprise est confrontée.
Malgré cette formidable expansion, les produits dérivés ne viennent pas sans risques. Ce sont des armes dangereuses qu'il faut savoir maitriser d'une part, et qu'il serait bon de mieux encadrer d'autre part. En effet, les opérations à base de produits dérivés peuvent se révéler dangereuses. Il y a donc des réserves à émettre quand à l'utilisation des produits dérivés dans la couverture de change et de taux d'intérêts par l'entreprise pour ses besoins de couverture. En fait, bien utilisés à des fins de couverture, ils sont l'outil de prédilection; mais avec le fort effet de levier qu'ils génèrent, les produits dérivés utilisés à des fins de spéculation, comme ils le sont souvent, peuvent être dangereux. Des exemples concrets existent et ont marqué les esprits, celui de la faillite de la Barings par exemple. La grande sophistication des produits dérivés a aussi été a la source d'accidents devenus célèbres (swap pétrolier de mettalgesllshaft ou swap cliquet de Procter et Gamble). Il faut bien sur distinguer les affaires frauduleuses des erreurs ou encore des résultats de mauvaises anticipations mais le risque existe bel et bien et il est donc important de nuancer la réponse à notre problématique.
Les produits dérivés ont su, par leur sophistication et leur souplesse, répondre très précisément aux besoins des entreprises avec des produits souvent sur mesure, ce sont des instruments puissants et devenus incontournables. Ils sont aujourd'hui la réponse parfaite aux demandes des entreprises pour la couverture du risque de change et de taux d'intérêts. L'innovation de ces produits n'est pas arrivée à son terme et l'on peut envisager une plus grande expansion de ses marchés, mais il faudra accentuer les règles prudentielles et exiger une plus grande transparence quand à leur utilisation. Ils offrent aux entreprises la possibilité de transférer le risque de change et de taux d'intérêts, ils permettent d'accroitre la valeur de l'entreprise, et sécurisent l'environnement financier dans un contexte de très forte volatilité. Ainsi, malgré les risques inhérents à l'utilisation des produits dérivés, les avantages sont tels que l'entreprise continuera à utiliser les produits dérivés pour leurs stratégies de couverture de change et de taux d'intérêt. A titre indicatif, Euronext a enregistré 64 millions de contrats à terme et d'options en avril 2007, en progression de 7% par rapport à avril 2006, et plus de 283 millions depuis le début de l'année, en hausse de 17% par rapport à la même période l'an passé.
[...] Seconde section L'apport des produits dérivés dans les stratégies de couverture de change et de taux d'intérêt 1. Pourquoi les entreprises utilisent les produits dérivés à des fins de couverture 1.1 Les déterminants Pour les grandes entreprises, la maitrise du risque de change et de taux est devenue un objectif majeur. Il est nécessaire cependant de bien comprendre pourquoi les entreprises utilisent les produits dérivés dans leurs stratégies de couvertures. Quels sont les déterminants majeurs qui conduisent les entreprises exposées à ces risques à se couvrir. [...]
[...] Les produits dérivés se sont dans un premier temps développés avec les chambres de compensation sur le marché organisé, puis peu à peu les marchés de gré à gré ont pris le pas en proposant de plus en plus de produits sur mesure là où sur le marché organisé l'offre de produits est standardisée M arché organisé Ce marché qui propose des produits très standardisés en terme de date, de prix, de montant, a l'avantage de permettre une liquidité des contrats sans faille. Or, le problème central est que les produits ne correspondent pas forcément aux besoins de couverture des entreprises. Pour en assurer le bon fonctionnement, la chambre de compensation exige des garanties financières : les montants déposés en garantie sont les appels de marge Ce montant correspond aux pertes réalisées dans la journée (calculés sur la base du cours de clôture). [...]
[...] couverture des risques financiers par les entreprises françaises cotées' Cahiers de recherche de l'université Paris Dauphine, n°2005-02 Patrick Haas, Banque de France, actualités du CNIS' 24 - Décembre 2007 Yves Simon et Delphine Lautier, finance internationale ed. Economica. http://www.matif.fr/monep/monep1_navig_142a.htm Marchés Financiers, Gestion de portefeuille et des risques, B Jaquillat, B Solnik Lexique de finance sur www.vernimmen.net www.cambiste.info Il s'agissait d'options sur devises au comptant Finance Internationale, Yves SIMON, Delphine LAUTIER, ed. Economica www.vernimmen.net Revue : Nouveaux instruments financiers, Paris 1988. [...]
[...] Ainsi, toute gestion des risques serait redondante, et par la même occasion n'affecterait pas la valeur de l'entreprise. La couverture de risque à l'aide des produits financiers n'est pas nécessaire, seule une bonne diversification des portefeuilles suffirait dans un marché parfait, ou les actionnaires auraient toute l'information disponible. Un grand nombre de travaux[30] sont ensuite parus pour infirmer ces hypothèses néoclassiques et ont montré que la gestion des risques est créatrice de valeur. Pourquoi est-elle créatrice de valeur ? Elle l'est, car cette gestion des risques contribue à réduire le risque de faillite, contribue à la réduction d'impôts, et contribue à protéger les programmes d'investissement mis en route. [...]
[...] Ainsi, les ingénieurs financiers ont mis en place les options, c'est-à-dire la possibilité de se couvrir tout en bénéficiant d'une éventuelle évolution favorable. On parle alors d'actifs asymétriques pour les options. Pour l'anecdote, on date la création du premier marché d'option à l'an 1640 en Hollande où était cotée l'option d'achat des tulipes noires[6]. C'est en 1982 que furent introduits sur les marchés américains ces nouveaux instruments. A partir de 1986 ; il est possible d'utiliser tous les contrats à terme comme sous jacent à des options. [...]
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