La crise est partie d'un petit segment du crédit immobilier américain, ne représentant que 13% de l'encours total des prêts immobiliers aux Etats-Unis et dont l'enjeu à priori n'était pas planétaire. En effet, c'est la défaillance d'emprunteurs à risque aux Etats-Unis, dans l'impossibilité d'honorer les échéances de leur crédit immobilier qui aura déclenché la vague de turbulences financières.
Révélée au grand public par la faillite de la société hypothécaire New Century en avril 2007, cette crise que l'on voyait au début comme une purge de ce seul secteur, a très vite pris une dimension globale et révélée l'inefficience des marchés financiers, la mauvaise appréciation du risque par les agences de notation et les inconvénients de la titrisation, courroie de transmission de la crise.
Cette crise a ricoché sur l'ensemble du système financier, provoquant un durcissement des conditions de financement sur le marché interbancaire. Les Banques refusant de se faire crédit les unes aux autres, les Banques Centrales ont été contraintes d'injecter massivement des liquidités sur les marchés afin de circonscrire le risque de crise de liquidité généralisée. Mais comment en est-on arrivé là ?
Le crédit hypothécaire à risque s'est développé grâce au crédit facile aux Etats-Unis dans un environnement de taux d'intérêt historiquement bas, de législation accommodante et d'anticipation de hausse des prix de l'immobilier. La titrisation de ces crédits, apportant de la liquidité aux prêteurs et leur permettant de sortir le risque de leur bilan a servi d'assurance au développement de ces prêts à risque.
S'il est aujourd'hui stigmatisé, le marché des prêts à risque aux Etats-Unis avait avant la crise une dimension sociale. Il a en effet permis l'accès à la propriété, fondement de l'American dream, à des segments de la population américaine qui avaient le moins accès à la propriété : les jeunes, les Noirs, les Asiatiques, les Hispaniques, les pauvres. Le rêve est ainsi devenu réalité pour 14 millions de nouveaux propriétaires en 10 ans.
Notre étude a pour but d'analyser comment une hausse des impayés des crédits subprime en 2007 ne représentant que 35 milliards de dollars supplémentaires a pu dérégler le système financier américain, entraîner les marchés financiers internationaux dans la tourmente et faire planer des risques d'enlisement sur l'économie réelle.
Mots clés: prêt hypothécaire Alt-A, Freddie Mac, Fannie Mae, prêts jumbo, HSBC, Merrill Lynch, immobilier, Federal Reserve, Structured Investment Vehicle, agence de notation, titrisation, interbancaire, Bank of America, FMI, fonds souverains
[...] Subprime Mortgage Markets IMF working papers Michael P. Dooley,David Folkerts-Landau, Peter Garber (2004), The Revived Bretton Woods System: The Effects of Periphery Intervention and Reserve Management on Interest NBER, March 2004 Rates Mian et Sufi (2008), the consquences of mortgage credit expansion, evidence from the 2007 mortgage default crisis , university of Chicago, working paper 45 Mukheije et alii (2008): Did securitization lead to lax screening ? Evidence from subprime loans, 2001-2006» Social Science Research Network Natixis (2008), quelle forme prendront la prochaine bulle et la prochaine crise financière flash économie 164 Natixis (mai 2008), Fed, BCE et BoE face à la crise des subprime, un historique comparatif : quels outils, quelles actions, quelles réussites flash économie n°184 Nyberg L. [...]
[...] Les principales banques prêteuses de New Century Source : Rummun (2007) Il existe également un lien indirect qui lie les banques au subprime au travers du rôle de sponsors que jouaient ces dernières dans les opérations de titrisation. Les titres de court terme (Asset Backed Commercial Paper) émis par les SIV sont souvent réémis à chaque échéance pour des raisons liées au mismatch entre la duration de leur actif et de leur passif (titres à court terme adossés à des créances de long terme). [...]
[...] Ces petites et moyennes entreprises souffriront donc assurément de ce rationnement à venir du crédit. Signal annonciateur, le montant des fusions acquisitions a chuté de 30% au premier trimestre 2008 par rapport au premier trimestre 2007. Fig pourcentages nets des banques resserrant le crédit aux Entreprises en Europe Les conséquences macro-économiques de la crise Les retombées sur le plan macro-économique de la crise préoccupent de plus en plus[62]. Il reste encore trop tôt pour tirer les conséquences de cette crise sur la macroéconomie mondiale mais des remarques peuvent néanmoins être faites. [...]
[...] Modélisation du lien entre titrisation et subprime Soit deux régions A et B qui diffèrent selon le crédit score respectif de leur population. Supposons que les ménages du groupe A ont un credit score qui leur permet d'accéder à des prêts immobiliers aux taux pratiqués sur les prêts considérés comme sans risque. Les ménages en B du fait de leur score, ne voient que 50% des prêts immobiliers demandés acceptés. A supposer qu'il y ait un surplus de liquidité cela sera de nature à ce que les prêteurs acceptent de prêter même aux ménages ayant un mauvais credit score De ce fait la région B verra son taux d'acceptation de demande de crédits augmenter sans changement de son credit score moyen. [...]
[...] Les anticipations de hausse des prix de l'immobilier constituent le troisième facteur de l'environnement dans lequel se sont développés les crédits subprime. A partir de 1995, l'immobilier américain a connu une phase de croissance exceptionnelle. Ainsi entre 1995 et 2006, l'indice HPI[24] (Housing price index) a augmenté de en moyenne annuelle. Cette hausse non interrompue du secteur immobilier aux Etats Unis a fait croire aux ménages que tout devenait possible et a fait naître l'illusion d'une hausse perpétuelle. Le marché de l'accession à la propriété a ainsi connu une véritable révolution. [...]
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