La crise des subprimes connue et redoutée depuis l'été 2007 est sans doute une des crises les plus importantes qu'a connues la sphère financière mondiale depuis l'éclatement de la bulle "dot.com".
Cette crise, à ses débuts, portait sur une perte pour les banques de l'ordre de USD 150 milliards, mais on le sait maintenant, ces pertes sont bien plus élevées.
Fait étonnant, cette crise intervient dans un environnement macroéconomique très favorable.
La crise des prêts hypothécaires à risques fut déclenchée par la non-solvabilité des emprunteurs et par une distribution des prêts de manière irrationnelle et sans véritable contrôle.
Mais nous arrivons donc ici à une question plus qu'indispensable : comment cette crise qui n'aurait dû toucher que les banques prêteuses et les ménages insolvables a pu contaminer l'ensemble de la planète et créer une crise de liquidité telle qu'on l'a connue en 1929 ?
Nous voyons bien qu'il y a dû avoir un vecteur permettant le transfert de cette "bombe à retardement" de la banque prêteuse à l'ensemble de la planète. Ce vecteur n'est autre que la titrisation comme le titrait Le journal les Echos du 20 août 2007 "Les techniques de titrisation [sont] montrées du doigt dans la crise des subprimes".
Cette technique de transfert de risque, ayant vu le jour il y a une trentaine d'années, n'a cessé de prendre une place de plus en plus importante dans les marchés mais est également devenue de plus en plus complexe.
A partir de ce constat se posent les questions suivantes : Pourquoi cette technique financière ayant, dans un premier temps, un objectif positif, a pu créer un tel désordre dans le système financier ? Un manque de transparence ? Un contrôle trop superficiel ? Une mauvaise connaissance des risques réels ? Une des hypothèses que l'on peut retenir est sans aucun doute que la titrisation a été poussée bien trop loin et que personne n'a pu identifier le risque de ces prêts hypothécaires distribués à un large nombre d'acteurs.
Ce manque de transparence dans la connaissance du porteur final du risque a mis dans son sillage une crise de confiance et de liquidité entre les institutions financières et a obligé les banques centrales à intervenir pour redonner de l'oxygène au système.
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[...] Il est donc maintenant possible de déterminer comment remédier à ces points faibles afin de préserver les différents acteurs de la finance. Partie II : Les modifications à apporter et les défis à relever II.1 Les modifications à apporter Une titrisation contrôlée et en adéquation avec les risques Il faut arriver à instaurer le principe que la titrisation ne doit être utilisée que si elle est économiquement plus efficace que le crédit bancaire usuel. Cela afin qu'il y ait une baisse dans l'utilisation de la titrisation et également afin de réduire le nombre d'acteurs impliqués et donc de préserver d'un risque systémique l'ensemble de la sphère bancaire. [...]
[...] De plus, de par la diversité et la complexité des techniques de valorisation, les estimations en "juste valeur" peuvent considérablement varier d'une institution à une autre. Par conséquent, un certain nombre d'établissements financiers n'ont pas une idée claire des performances à long terme des prêts sous-jacents. Par ailleurs, la dilution des risques ainsi que la complexité des produits structurés occultent la localisation réelle des risques. Ici se pose également la question de la valorisation, car celle-ci ne semble pas prendre en compte correctement tous les paramètres. [...]
[...] Les risques, alors matérialisés, se sont immédiatement traduits par une pénurie de liquidité et une crise de confiance. La crise s'est donc produite, en partie, car les banques cédantes n'ont pas distribué à leur SIV assez de capital pour surmonter ces chocs. Malgré le fait que ces derniers soient intimement liés à des banques, leurs relations sont parfois ambiguës et la banque n'est pas forcement disposée à assumer toutes les responsabilités en terme de couverture afin de préserver son image et donc son attrait vis-à-vis des clients et investisseurs. [...]
[...] Ainsi, l'analyse du risque est quasi inexistante car elles ne vont pas porter ce risque à leur bilan. Les agences publiques, Freddie Mac et Fannie Mae, titrisent et assurent des crédits hypothécaires de premier ordre (prime mortgage) alors que les banques d'investissement ont titrisé des crédits plus risqués (subprimes) en dehors de la garantie des agences. Comme précisé ultérieurement dans la partie III, les banques d'investissement ont utilisé la titrisation afin de contourner le cadre règlementaire. On constate, de plus, qu'il y a eu un changement radical dans le modèle de crédit : Tableau 1 : Deux modèles de crédit Ce changement de modèle de crédit, associé à la titrisation, a permis de proposer une offre de crédit toujours plus importante ainsi qu'une sous- évaluation massive du risque. [...]
[...] Néanmoins au moment de la crise, lorsque les pertes probables sur les pools ont été réévaluées, elles ont d'abord anéanti les tranches subordonnées. Le principe de subordination a donc bien joué son rôle. Mais comme les défauts de crédit se sont élevés beaucoup plus que les agences ne l'avaient anticipé, les tranches seniors et super seniors ont été entamées par la réduction des flux de paiement. Comme le montre le tableau ci-dessous présentant les pertes soutenables à chaque niveau de rating, même les tranches notées AAA et AA subissent des pertes importantes. [...]
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