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900 milliards de dollars. Une telle somme mérite qu'on y prête attention. L'important marché de la finance islamique, en pleine expansion dans le monde, suscite des convoitises en Europe et des interrogations en France. En effet, ce marché n'est encore qu'à ses débuts sur notre continent. Sur les 300 fonds islamiques qui investissent à l'international, aujourd'hui, seulement une vingtaine a choisi les pays européens. En France, ce mode de financement encore interdit, oblige les banques telles que BNP-Paribas, à proposer des produits islamiques à leurs clients sur les marchés asiatiques à défaut d'ouverture du marché français.
Néanmoins, comme le démontre la multiplication des rapports sur le sujet, la France s'intéresse de très prêt à cette opportunité nouvelle. Le Royaume-Uni a adapté sa législation afin de permettre aux financiers de proposer des produits bancaires islamiques et la France ne veut pas rester à l'écart de cette véritable manne financière sans se pencher sérieusement sur la question. Les économistes Olivier Pastré et Elyès Jouini ont publié un rapport pour Paris Europlace le 13 novembre 2008, rapport qui sera cité à diverses reprises dans ce mémoire ; une commission « Finance Islamique » dirigé par l'avocat Gilles Saint Marc a été créée, toujours par Paris Europlace et les ouvrages commencent à fleurir sur le sujet. Des formations à l'Université Paris-Dauphine ou à l'Ecole de Management de Strasbourg viennent en outre répondre à l'intérêt croissant des étudiants pour ce secteur.
Tout cela, mais également un stage au Maroc et un intérêt pour la culture arabo-musulmane m'ont amené à réfléchir sur la question de la réelle opportunité de la finance islamique pour le marché français. Si l'aspect économique ne doit pas être occulté, particulièrement en période de sortie de crise financière, il semble intéressant de considérer également l'impact culturel et social d'une telle décision. L'Islam est une religion encore jeune en France, pays de tradition et de culture catholique, et son expansion très rapide suscite débats et controverses dans un Etat où la laïcité est un principe rappelé si souvent.
Mais auparavant, il convient de définir clairement la finance islamique qui se distingue par la soumission de pratiques financières à divers principes religieux de l'Islam. Elle est à différencier de la finance des pays musulmans dont certains ont un système dominé par la finance conventionnelle. Certains considèrent que la finance islamique est un département de la finance éthique dans la mesure où on utilise des critères autres que financiers afin de sélectionner des projets d'investissement.
Les débats actuels dans les milieux politiques, financiers et culturels tentent de répondre à cette question : Quels sont les enjeux du développement de la finance islamique en France ?
A cette fin, nous tenterons de définir clairement le marché de la finance islamique dans le monde puis en France. Puis nous en analyserons l'opportunité pour la France, avant de proposer des adaptations nécessaires pour le marché français (...)
[...] -Les Soukouks sont des titres de dette adossés à des actifs mais qui présente la particularité de ne pouvoir être titrisé plus d'une fois. L'investisseur touche une part des bénéfices de l'entreprise émettrice et non un intérêt fixe comme dans le cas des obligations classiques. Ce produit est apparu sur le devant de la scène lors du récent risque de défaut de paiement de l'Emirat de Dubaï. En effet, le Soukouk émis par Nakheel, filiale immobilière de Dubaï World, souscris par plusieurs banques occidentales risquait de faire défaut. Ces produits présentent une croissance très élevée. [...]
[...] Par ailleurs, les principes de la finance islamique, s'ils acceptent la prise de risque, interdisent l'incertitude dans les termes du contrat : le Gharar. Ainsi, si le Coran contient une incitation au commerce, il proscrit le Gharar en ces termes : Le prophète a interdit l'achat d'un animal non né dans la matrice de sa mère, la vente du lait dans la mamelle sans mesure, l'achat du butin de guerre avant sa distribution [ ] et l'achat de ce qu'a récolté un pêcheur avant sa pêche La spéculation est donc impossible. [...]
[...] Le début des années 2000, le marché de la finance islamique connaît un nouvel essor en raison de deux facteurs : 13 Excédent de liquidité dans de nombreux pays musulmans. Cet excédent est dû à une augmentation des revenus pétroliers liés à la hausse des prix du pétrole ( milliards de surplus de liquidité dans les pays de l'OPEP) mais aussi à un rapatriement des capitaux musulmans après le 11 septembre 2001. Renouveau spirituel et religieux qui a généré une demande croissante pour ce type de produit. La finance islamique se retrouve dans nos jours dans de nombreux Etats. [...]
[...] En parallèle, les fonds islamiques sont très actifs dans le secteur de l'immobilier, notamment en Europe. Néanmoins sur les près de 400 fonds islamiques qui investissent à l'international, ils sont encore peu à choisir les pays européens. Au Royaume-Uni, une quarantaine de banques sont actuellement actives sur le marché de la finance islamique après la première ouverture, en 2004, de l'Islamic Bank of Britain, première banque entièrement islamique à proposer des services de détails en Angleterre. La GrandeBretagne a très vite compris l'intérêt économique de son développement mais aussi la nécessité de proposer à ses 1,8 million de musulmans des produits conformes à leurs convictions religieuses. [...]
[...] Les acteurs de son développement. Si les grands principes de la finance islamique datent comme nous l'avons vu des tous débuts de l'Hégire, la finance islamique ne s'est véritablement développée dans le monde que dans la seconde moitié du XXème siècle. En effet, à partir des années cinquante, un petit nombre d'intellectuels et de financiers musulmans commencent à réfléchir à la création d'un système financier alternatif à la finance traditionnelle et conforme aux principes de la Charia. Comme l'explique les économistes Olivier Pastré et Krassimira Gecheva, dans leur essai La Finance Islamique à la Croisée des Chemins, les toutes premières expériences de finance islamique, en Malaisie (1956) et Egypte (1963) illustrent une spécificité qui marquera la finance islamique : une grande hétérogénéité. [...]
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