L'identification des bulles en formation reste un problème particulièrement délicat et discuté, c'est d'abord une ardente obligation au regard des dommages qu'elles peuvent engendrer. Le marasme des économies occidentales, début 2002, en est une preuve supplémentaire. Ce qu'on a appelé les bulles majeures, la déviation conjointe des prix et des projections qui les sous-tendent des tendances de long terme, sont en outre parfaitement détectables, si l'on veut bien considérer les données permanentes de l'évaluation de la richesse boursière globale et résister aux pressions médiatiques en faveur de l'émergence d'un nouveau paradigme et d'une accélération tendancielle de la hausse des profits.
Enfin, l'étude des mécanismes qui concourent à la formation des bulles requiert de renoncer aux postulats de l'efficience informationnelle et de rechercher, à partir de la microstructure des marchés, comment s'amplifient les mécanismes de non retour à l'équilibre. Cette démarche s'appuie sur la reconnaissance du fait que l'industrie financière, la médiatisation extrême de cette activité et le développement des produits dérivés introduisent une radicalisation des comportements spéculatifs.
La formalisation d'une telle approche constitue un challenge passionnant pour la recherche en finance de marché.
Il reste en arrière-plan la question de la nature fondamentale des crises financières dans une économie régulée uniquement par la concurrence.
[...] Le terme de Nouvelle Economie était pourtant déjà apparu dès 1967 dans la Harvard Business School ! 1967, ou la deuxième d'une série de dix-sept années d'errements boursiers ponctuée par le krach de 1974 de baisse) et une performance nulle des indices boursiers (hors impact dramatique de l'inflation) sur l'ensemble de la période. La complaisance n'est pas seulement le fait des financiers et des entrepreneurs. Elle se retrouve aussi dans le monde académique, encore qu'elle y suscite de fortes résistances (voir les réactions de Paul Krugman au fameux livre d'Hassett et Glassman how silly this is ! [...]
[...] La croissance zéro : Les banques et les organismes de crédit parient sur un dégonflement de la bulle en douceur, sous l'effet lent et indolore de l'inflation, dans un cadre économique général en décroissance lente. Les études publiées présentent l'évolution des marchés immobiliers comme étant en "décélération", avec des volumes en "baisse", mais sans influence sur le niveau des prix. D'après ce mythe, une croissance zéro permettrait à nos sociétés de s'épanouir et de jouir des richesses accumulées. En réalité, aucun économiste n'a jamais été en mesure de démontrer que le volume des transactions était sans rapport avec les prix. [...]
[...] Mais c'est du côté des gouvernements qu'apparaît le soutien le plus insidieux. Que l'on songe à la pression exercée aux Etats-Unis en faveur de l'investissement en actions des fonds de la Social Security (fonds budgétaires destinés à financer les dépenses maladie des retraités) ou à la proposition de certains parlementaires de rémunérer Greenspan partiellement en actions. En Europe, la vente par adjudication des licences UMTS déclencha des enchères que certains (Bouygues) jugèrent sur le moment totalement déraisonnables10. Au même moment, le gouvernement (socialiste) de la France saluait les ‘first Tuesday', sorte de foire mensuelle aux start-up où se pressaient les Business Angels en quête de projets aux rendements pharamineux. [...]
[...] Ce peut être le refus d'ajustement des revenus aux conditions nouvelles et la préservation à tout prix des taux de rémunérations (nominaux) antérieurs. La baisse constante des rendements obligataires nominaux après 1982, a pu constituer le socle d'une telle demande, d'autant plus forte que la rémanence des rendements élevés, en début de cycle désinflationniste, avait procuré des gains (en rendement ou en capital) considérables en termes réels, et sans grands risques, auxquels il était difficile de renoncer. Dans la période récente, le spectre de la défaillance des régimes de retraite classiques est venu s'ajouter à l'effet de contagion pour expliquer le rush vers les actions après 1996. [...]
[...] Mais la situation devient sérieuse lorsque l'entreprise n'est plus qu'une bulle d'air dans le tourbillon spéculatif. Par entreprise» Keynes entend l'activité qui consiste à prévoir le rendement escompté des capitaux» et par spéculation» l'activité qui consiste à prévoir la psychologie du marché On comprend dès lors en quoi ces deux prévisions peuvent diverger. Galbraith illustre ce problème par la comparaison avec un concours de beauté. Il ne s'agit pas de dire quelle candidate on trouve la plus belle, mais d'imaginer celle que la plupart des gens vont trouver la plus belle. [...]
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