Sciences économiques, avenir, titrisation, crise, subprimes, marché, ralentissement, risques bancaires
Le système financier international traverse depuis 2007 la plus grave crise qu'il ait connu depuis la crise bancaire de 1873. De sa prime origine avec l'éclatement de la bulle spéculative immobilière américaine, elle s'est rapidement transformée d'une crise de liquidité, en une crise financière mondiale aux conséquences tragiques sur la sphère réelle. La faillite de la banque d'investissement Lehman Brothers, le 14 septembre 2008, en étant le point d'orgue, forçant les gouvernements à intervenir pour éviter tout risque sytémique, avec pour conséquence de creuser le déficit tout en dégradant le PIB mondial de 2.3% en 2009.
[...] Née aux États-Unis au début des années 70, la titrisation est un processus permettant de transformer des actifs au bilan d'une entreprise en titres. Cette restructuration des actifs titrisés permet de i) rendre négociables sur les marchés des produits pour lesquels il n'existait pas traditionnellement de marché et de ii) transférer totalement ou partiellement des risques vers des tiers, à savoir les investisseurs. Les différents actifs choisis (en fonction des garanties qu'ils présentent) sont regroupés au sein d'une entité indépendante juridiquement de celle ayant créé les actifs, appelée Fonds Commun de Titrisation (FCT ou "Special Purpose Vehicule " en anglais). Cette société émet des titres qui sont eux-mêmes souscrits plus tard par des investisseurs. Les liquidités ainsi obtenues permettent au Fonds Commun de Titrisation de disposer des moyens nécessaires à l'acquisition du portefeuille cédé.
[...]Finalement, dans quelle mesure ce ralentissement est-il révélateur des lacunes de la titrisation ? Cette dernière est-elle vouée à disparaître de ce fait, ou s'agit-il d'un ralentissement dû à une crise plus large ayant pénalisé l'ensemble des produits financiers ?
[...] Les entreprises, afin de se refinancer vendent des biens ou des services. Elles ont besoin des liquidités résultant de leurs ventes afin de rembourser leurs variations en besoin de fonds de roulement (BFR) et ne peuvent pas se permettre de faire crédit. Ainsi, les filiales financières de grandes entreprises ont également adopté la titrisation, à partir de leur parc immobilier ou de leurs crédits commerciaux.
Avec la loi bancaire du 14 décembre 1985 permettant la désintermédiation bancaire, de nouveaux modes de financement sont apparus.
[...] Le déclin de l'utilisation de la titrisation dans les années 2008 peut être mis en relation avec la nature d'une grande partie des produits titrisés. Étant donné l'état de santé du marché de l'immobilier et surtout la tendance croissante relativement constante de ce dernier, la valeur des actifs utilisés dans un grand nombre d'opérations de titrisation a été mal appréciée. Finalement les prêts subprimes ont été utilisés comme actifs sous jacents de garantie et représentaient 17 à 18% de l'encours de prêts aux États-Unis fin 2007, soit un montant de 1200 milliards de dollars environ (...)
[...] Le manque de transparence informationnelle a créé une crise de confiance de la part des investisseurs. Par peur de l'incertitude, les produits titrisés on été dévalorisés bien que le risque réel demeure le même. Il est donc urgent de «restaurer la confiance dans les marchés de la titrisation et d'y ramener les investisseurs estime la BCE. Pour ce faire, la banque centrale souhaite que les banques fournissent à l'avenir des informations sur chaque prêt servant de sous-jacent à un ABS[14]. [...]
[...] Une démarche similaire a prévalu pour la titrisation, et les ABS ont été notés, comme les CDO, par des agences qui ont tenté d'y transposer, tant bien que mal, les techniques d'appréciation des risques définies pour les obligations. Toutefois, en raison de la sophistication des produits et de la particularité de chacun, la transposition s'est révélée extrêmement délicate[15]. Il y a sans doute eu un malentendu sur le sens de cette notation qui n'aurait pas intégré tous les dangers et notamment les risques de marché et d'illiquidité. L'échelle de notation des produits obligataires classiques a été appliquée à des produits structurés foncièrement différents. [...]
[...] Amélioration de la gestion des risques bancaires et satisfaction aux exigences règlementaires La titrisation représente un mécanisme très utile aux banques pour améliorer leur ratio de couverture des risques et de solvabilité instauré notamment par Bâle II («ratio Cooke» devenu «ratio Mac Donough»). Ce ratio permettant de mesurer le rapport entre les fonds propres qu'elles détiennent et le montant des créances inscrites à leur bilan, dès lors que la titrisation permet de faire disparaître les créances cédées de leur bilan, le ratio en est nécessairement amélioré. En ne conservant pas le risque associé aux prêts, les banques peuvent donc procéder à de nouveaux prêts[8]. [...]
[...] Le principe est que les investisseurs choisissent le couple risque/rendement en fonction de leur appétence au risque. Plus une tranche est subordonnée, plus son risque est élevé et meilleur est son rendement. Les investisseurs supportent uniquement le risque de crédit lié à l'actif et non celui lié au cédant car le véhicule de titrisation est isolé du risque de défaillance de ce dernier.[3] Selon Christian Noyer[4], Gouverneur de la Banque de France, la titrisation est une technique très ancienne qui, depuis dix ans, a été utilisée dans des conditions plus discutables, pour financer à très court terme des produits complexes et structurés dont la liquidité était inexistante et la valeur très incertaine, car le plus souvent déterminée par des modèles théoriques. [...]
[...] Aucune donnée n'était en effet disponible sur les crédits subprimes octroyés récemment. L'historique des défauts disponibles ne concernait que les prêts immobiliers de première qualité et portait sur une période très favorable du risque de crédit. Par ailleurs, outre cette faille dans la notation elle- même, la situation de conflit d'intérêt dans laquelle se trouvaient les agences de notation a également été mise progressivement en lumière. Rémunérées pour leurs notes par les institutions financières qui distribuaient les produits titrisés, elles étaient également consultées (et rémunérées) pour l'avis qu'elles donnaient sur la confection de ces produits. [...]
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