Refonte, système financier, mondial, scandales, contrôle interne, UE, Etats-Unis
Enron, Worldcom, paradis fiscaux, hedge funds, Kerviel, crise des subprimes, faillite de Lehman Brothers, Madoff, bonus des traders, effondrement des finances islandaises et dubaiotes, manipulation des comptes publics en Grèce, spéculation sur l'Euro, procès Goldman Sachs... Voici autant de scandales qui ont secoué récemment le système financier international, pourtant réputé pour être l'un des secteurs les plus régulés et les plus réglementés de l'économie mondiale.
S'il ne fait plus guère de doutes que la crise économique de 2008 a mis en évidence les excès du secteur financier et démontré l'urgence d'une régulation supplémentaire, la refonte du système financier mondial apparaît cependant très mal engagée, tant la désorganisation ambiante met en lumière les divergences profondes entre pays.
Ainsi, près de deux ans après la faillite de Lehman Brothers qui précipita l'économie mondiale dans l'une des crises les plus graves de son histoire, aucune mesure coordonnée n'a encore été prise, et nombreux sont les désaccords entre gouvernements. D'une part, tenus pour responsables de la crise, les Etats-Unis ne proposent qu'une réforme bancaire unilatérale issue d'aucun consensus international, visant à séparer les activités de marché de la banque de détail. D'autre part, l'Union européenne, qui a été en proie à une crise sans précédent de la dette souveraine, ne parvient pas s'exprimer d'une unique voix et demeure largement divisée autour du projet de refonte du système financier. D'un côté, l'Allemagne multiplie les effets d'annonce, souhaitant premièrement instaurer un fonds de secours du secteur financier alimenté par une taxe bancaire, et deuxièmement éliminer les ventes à découvert sur les obligations d'Etat. De l'autre, la France s'oppose à l'idée de la création d'un fonds de secours, mais approuve comme le Royaume-Uni l'instauration d'une taxe bancaire.
Notre analyse s'attachera à mettre en exergue les pistes à explorer et les progrès à réaliser afin de réussir la refonte du système financier mondial, dans le but d'en prévenir les excès par l'instauration de nouveaux garde-fous.
C'est pourquoi nous nous pencherons, d'une part, sur les réformes envisagées pour réguler les acteurs majeurs du système financier, les banques, qui ont été pointées du doigt pour leur responsabilité dans la crise. D'autre part, nous montrerons que, sous l'angle de la régulation des paradis fiscaux, des traders, des hedge funds et des agences de notation, toute refonte du système financier mondial nécessite la mise en place d'une coopération mondiale et d'une supervision supranationale. Enfin, au-delà d'un meilleur encadrement et d'une surveillance accrue des activités financières, la restructuration du système appelle à la remise en cause du métier de financier afin d'assainir, moraliser et responsabiliser le système financier, qui doit rester au service de l'économie réelle (...)
[...] L'influence des agences de notation sur les marchés financiers nécessite la mise en place d'un encadrement centralisé et d'une surveillance accrus Les agences de notation, Fitch, Standard & Poor's et Moody's pour les plus connues, sont chargées d'évaluer la solvabilité des Etats et des entreprises. Pour simplifier, plus un titre de dette ou de créance est mal noté, plus le taux d'intérêt sera élevé et donc plus le coût de la dette sera élevé pour l'émetteur. Les agences ont été récemment accusées de mettre de l'huile sur le feu lors de la crise de la dette souveraine en Europe. [...]
[...] Le FMI, qui regroupe 185 pays, est souvent cité comme l'organisme le mieux placé pour superviser les réglementations nationales et prévenir les excès du système financier. Selon les ministres des Finances du G20, le FMI doit renforcer ses capacités d'alerte avec une considération particulière pour les économies importantes d'un point de vue systémique Nombreux sont donc les économistes qui appellent à l'instauration d'un nouveau Bretton Woods Selon le gouvernement français, le FMI pourrait par exemple être chargé de pointer du doigt les lacunes du cadre juridique de certains pays afin de leur adresser des recommandations. [...]
[...] Autrement dit, le capital préserve la banque du risque de faillite. Or, selon Pierre Vernimmen (2009, pages 308-309), pour une même rentabilité économique plus le capital bancaire est faible et plus la rentabilité des actionnaires (ROE) est élevée. ROA = rentabilité économique = résultat net / actifs ROE = rentabilité des actionnaires = rentabilité financière = résultat net / fonds propres Toute banque aura donc intérêt à réduire ses fonds propres afin d'attirer et de satisfaire les actionnaires, les investisseurs réalisant un arbitrage entre rentabilité et sécurité. [...]
[...] C'est dans ce contexte que la finance a connu un développement fulgurant. Les banques, par exemple, sont devenus le moteur de l'économie puisqu'elles collectent l'épargne des ménages et la prêtent aux entreprises, finançant ainsi l'économie réelle. Or, avec l'essor des NTIC, la Bourse (autre source de financement de l'économie) s'est démocratisée, concentrant par la suite davantage de capitaux. Cela permit ainsi aux acteurs de la finance de générer des rendements importants à très court terme, au point que les activités financières ont pris le pas sur les activités industrielles. [...]
[...] Aussi, les marchés étant étroitement corrélés, toute refonte du système financier mondial nécessite une harmonisation des politiques nationales. A. La réforme des paradis fiscaux et de la rémunération des opérateurs de marché appelle à l'adoption de règles internationales Selon Frédéric Lemaitre dans Sarkozy et Brown pour la régulation du système bancaire mondial (Le Monde, 10/12/2009), le G20 qui s'était réuni à Londres en 2009 avait affiché sa volonté de réguler les zones d'ombre que représentent les paradis fiscaux, et d'instaurer des règles communes visant à contrôler la rémunération des traders. [...]
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