« Le vieillissement de la population a touché plusieurs peuples dans l'histoire. A chaque fois, ce fut la mort de la société en question » (Alfred Sauvy, économiste et démographe français, 1898-1990, Théorie générale de la population). Le vieillissement de la population constitue en effet l'une des principales mutations à laquelle le peuple français sera confronté ces prochaines décennies. A partir de cette date, l'équilibre de notre système de retraite deviendra inéluctablement fragile. Créée sous l'égide du chancelier Bismarck en 1889, ce n'est que durant la première moitié du XXème siècle que la France s'est effectivement pourvue d'un système de retraite. A ce titre, les ordonnances de 1945 portant création de la Sécurité sociale constituent un événement décisif, garantissant l'ensemble de la population contre les risques de toute nature susceptibles de réduire ou de supprimer leur capacité de gain, en particulier le risque vieillesse. L'ambition de ces ordonnances est à présent indéniablement atteinte puisque la couverture s'étend désormais à l'ensemble de la population. Depuis 1945, la pauvreté a fortement régressé parmi les retraités si bien qu'aujourd'hui, le niveau de vie des retraités est comparable à celui des actifs, le système de retraite contribuant dans une large mesure à cette parité. Il existe aujourd'hui différents systèmes de retraite: d'une part, le système de la capitalisation, dans lequel le futur retraité épargne une partie de ses revenus dans le but d'avoir un capital pour le moment où il décidera de ne plus être actif. La forme de cette épargne peut prendre différentes formes (fond et placement, rente, achat immobilier…) La France, quant à elle, est fondée sur un régime de retraite par répartition, ce sont donc les cotisations des travailleurs et employeurs actuels qui payent les retraités actuels. Il s'agit d'une solidarité élargie, collective où chaque actif prend en charge les retraités du moment et sera pris en charge lui-même par les cotisants futurs. Le système de retraite français est incontestablement un élément essentiel de la cohésion sociale. Fondé sur la solidarité intergénérationnelle, il opère ainsi de larges redistributions. Sa consolidation est un objectif majeur pour la société française. Néanmoins, à l'heure actuelle, de nombreux problèmes se posent quant à son financement. En effet, l'accélération prochaine du vieillissement démographique avec l'arrivée à l'âge de la retraite de la génération issue du baby boom apparaît comme inéluctable et aura indéniablement un impact sur l'équilibre budgétaire et financier des systèmes de retraites. Il convient ainsi de se demander dans quelle mesure les évolutions démographiques affecteront l'équilibre entre actifs, générateurs du revenu national, et les inactifs, à la charge de ces derniers. Est-il possible de garantir la pérennité des régimes de retraite tout en continuant d'assurer la solidarité intergénérationnelle? Comment financer un nombre croissant de retraités, sur une plus longue période à partir de cotisations versées par des salariés dont le nombre reste stable à moyen terme? Alors que la viabilité de notre système se trouve au centre du débat (I), force est de constater que de nombreuses mesures émergent, ayant toutes pour finalité la sauvegarde de notre régime (II).
[...] Ce déséquilibre démographique accroît le coût du financement des retraites pour la collectivité. Aujourd'hui estimé à 12,6% du PIB, il pourrait augmenter de 1,5 point à 2,5 points d'ici 2020 et de 3 à 7 points en 2040. B. Un bouleversement financier inéluctable : l'équilibre financier menacé face aux évolutions socio-économiques La diminution de la population active à partir de 2006, provoquée par le départ à la retraite des générations du baby boom sera à l'origine de tensions sur le partage des revenus et aggraveront les finances du régime. [...]
[...] En 2005, elle était respectivement de 76,8 ans et de 83,8 ans. Celle-ci devrait continuer à augmenter dans les prochaines décennies, à un rythme plus lent compte tenu des niveaux élevés atteints aujourd'hui. Ainsi, en 2040, l'espérance de vie atteindrait près de 81 ans pour les hommes et 89 ans pour les femmes. L'abaissement de l'âge légal de la retraite de 65 à 60 ans en 1982 par F. Mitterrand a redoublé ces effets. Ainsi, un homme né en 1910 pouvait espérer passer 10,6 ans à la retraite. [...]
[...] La combinaison de ces deux facteurs va donc modifier considérablement les conditions de financement de nos régimes de retraite. Face à ce déséquilibre, l'immigration et le fort taux de fécondité que connaît la France sont annoncés comme des remèdes provisoires Des charges de retraite supplémentaires induites par le vieillissement de la population française L'allongement général de l'espérance de vie se remarque dès les années 1960. En effet, en 1950, l'espérance de vie était de 63,4 ans pour les hommes et de 69,2 ans pour les femmes. [...]
[...] L'allongement de la durée de cotisation : un levier efficace mais incomplet La réforme Fillon démontre la volonté de préservation des caractéristiques de notre système de retraite en conservant le principe de la répartition comme base de financement. Néanmoins cette réforme opère de nombreux changements en se calquant sur l'évolution sociétale Celle-ci doit cependant, pour atteindre ses objectifs, être accompagnée d'une évolution des mentalités dans le cadre de l'entreprise Loi Fillon: une adaptation aux évolutions démographiques et économiques Le besoin de financement des retraites étant évalué à 43 milliards d'euros, un solde net de 18 milliards soit 46% du total devrait être généré par la réforme. [...]
[...] Ainsi, ces mesures ne semblent ne pas être à la hauteur de l'enjeu contrairement à celles prises en Finlande et aux Pays-Bas. Celles-ci se caractérisent par exemple, par une redéfinition du temps de travail tout au long de la vie ou encore une réorganisation du travail. Les effets de ces mesures peuvent déjà se faire ressentir en Finlande avec un taux d'activité des 55-59 ans qui passe de moins de 50% en 1997 à 59% fin 2000. Cette évolution favorable a été rendue possible par la volonté conjointe des partenaires sociaux de se mobiliser pour l'emploi des seniors même si le taux d'activité des plus de 60 ans reste faible C'est ainsi que le Conseil Economique et Social, le 6 juin 2006, est venu compléter cette loi, en proposant un plan destiné à favoriser le maintien à l'emploi de seniors. [...]
Référence bibliographique
Source fiable, format APALecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture