Depuis la fin du 18ème siècle, la notion d'intérêt général au nom de laquelle les services de l'Etat, sous le contrôle du juge, édictent les normes réglementaires, prennent les décisions individuelles et surtout gèrent les services publics, s'est progressivement imposée en France comme un principe fondant la légitimité de l'Etat en définissant à la fois son objet mais aussi ses limites. Or depuis la fin des années 70 et les premières lois de décentralisation, la puissance publique qu'est l'Etat n'a plus le monopole de l'intérêt général, désormais cet objectif concerne aussi les différentes collectivités territoriales françaises. Pour ce qui est de l'action sociale, se sont les départements qui doivent permettre aux personnes les plus vulnérables dans les zones rurales ou urbanisées défavorisées d'accéder aux services publics dans ce domaine. A ce titre les départements sont aujourd'hui chargés d'élaborer et de mettre en œuvre une politique globale d'action sociale avec la maîtrise et l'élaboration des instruments de planification de l'offre sociale mais aussi médico-sociale. Le département est devenu responsable de l'aide médicale jusqu'au 1er janvier 2000, date à laquelle cette compétence a été à nouveau transférée soit aux organismes d'assurance maladie, soit à l'Etat dans le cadre de la loi n° 99-641 du 27 juillet 1999 relative à la Couverture Maladie Universelle (CMU).
La compétence qui nous concerne aujourd'hui est celle de l'action sociale. Dans ce contexte aujourd'hui pour Robert Lafore, professeur de droit public et directeur de l'IEP de Bordeaux, il même question de « l'ascension du département providence ». En effet, le rôle à jouer des départements en matière d'action sociale est très important compte tenu des évolutions connues par notre société : développement de l'emploi précaire, hausse du chômage, augmentation des familles monoparentales,… Autant de situations qui font que de plus en plus de personnes ont recours aux différentes prestations d'aides sociales présentes en France.
L'action sociale est sans doute le domaine le plus concerné par les lois de décentralisation. En effet, avec la loi du 22 juillet 1983 relative à la répartition de compétences entre les communes, les départements, les régions et l'Etat, le département se voit confier une compétence de droit commun en matière d'aide sociale légale et de prévention sanitaire. Ainsi le département est responsable de l'aide sociale à l'enfance, de l'aide aux personnes handicapées adultes, de l'aide aux personnes âgées, de la protection sanitaire de la famille et de l'enfance et de la lutte contre les fléaux sociaux. Plus tard en 1988 avec la création du RMI (Revenu minimum d'insertion) sa compétence a été étendue. Cependant l'Etat garde un pouvoir au niveau de la réglementation générale et de la définition de la politique sociale. Par ailleurs on remarque que les communes n'ont reçu aucune attribution depuis 1983 mais exercent leurs compétences traditionnelles telles que la prise en charge des indigents et la gestion des hospices. Les communes ont également une mission de prévention et de développement social à travers les centres communaux d'action sociale (CCAS). De plus la loi du 18 décembre 2003 confie aux départements le pilotage intégral du RMI.
De ce fait, l'action sociale départementale est indispensable si l'on souhaite maintenir le « lien social » mais aussi assurer « la cohésion sociale » au sein de la population, qui représente pour le célèbre sociologue allemand Emile Durkheim « le bon fonctionnement de la société où s'exprime la solidarité entre individus ». La solidarité, c'est-à-dire le sentiment de responsabilité et de dépendance réciproque au sein d'un groupe envers ses membres lorsque des problèmes sont rencontrés par l'un ou plusieurs de ses membres, concerne l'ensemble du groupe. Dans ce contexte on peut alors se demander comment les départements peuvent trouver le juste équilibre entre « la nécessaire solidarité » et « la coûteuse nécessité » que représente ce domaine de compétence indispensable pour assurer la « cohésion sociale » et aider les « personnes vulnérables »?
Alors même que certains annonçaient la suppression de l'échelon départemental, « l'Acte II de la décentralisation » est venu le consolider faisant des départements la collectivité territoriale chef de file de l'action sociale (I). Ce qui n'est pas sans conséquence sur l'élaboration des budgets départementaux puisque les départements ont dû trouver le moyen de financer l'action action sociale (II).
[...] Il y a la création dans chaque département d'une MDPH et d'une allocation versée par le conseil général. Cette prestation remplace l'Allocation Compensatrice Pour Tierce Personne (ACTP). La PCH concerne les personnes âgées de 20 à 60 ans habitant en France de manière habituelle et présentant au moins une difficulté absolue ou deux difficultés graves dans l'exercice des activités suivantes : mobilité, entretien personnel, communication, relation à autrui, tâches et exigences générales Cette aide peut être sous forme d'aide technique, animalière ou humaine. [...]
[...] Les départements s'attendaient donc à une importante hausse des dépenses dans ce domaine mais ce ne fut pas le cas. En effet, les dépenses sociales en faveur des personnes handicapées d'après l'ODAS présentent une augmentation proche de l'inflation soit pour un montant total de 3,68 milliards d'euros. Une situation qui peut s'expliquer d'après l'ODAS par la forte incidence dans ce domaine des recettes provenant de la Caisse Nationale de Solidarité pour l'Autonomie[46], caisse qui fut créée par la loi du 30 juin 2004 relative à la solidarité pour l'autonomie des personnes âgées et des personnes handicapées. [...]
[...] Petit à petit le local a fini par apparaître comme le support de l'action publique à dominante sociale, plus proche des citoyens et des problèmes qui les concernent[10]. Dans cette optique l'aide sociale départementale a pour objectif de garantir aux personnes qui se trouvent dans l'incapacité d'assurer leur autonomie ou leurs moyens d'existence, l'accès à différents dispositifs permettant de couvrir leurs besoins essentiels C'est donc en toute logique que ce que l'on a qualifié d'acte II de la décentralisation a confirmé et renforcé les compétences des départements dans ce domaine, ce qui laisse à penser selon Robert Lafore (professeur de droit public et directeur de l'IEP de Bordeaux) que nous sommes face au département providence En effet, la loi du 13 août 2004 relative aux libertés et responsabilités locales a reconnu aux départements le rôle de chef de file en matière sociale et médico-sociale. [...]
[...] Les départements ont un rôle prééminent dans ce domaine même si le pilotage effectif de l'action sociale laissé aux départements reste quelques fois difficile à mettre en oeuvre. L'aide sociale départementale regroupe ainsi cinq grands domaines d'intervention : la gestion du dispositif RMI l'aide aux personnes âgées l'aide à la famille et à l'enfance l'aide aux personnes handicapées Selon un rapport de l'Assemblée des Départements de France du 3 octobre 2007, la répartition des moyens entre les différents domaines de l'action sociale départementale en France pour l'année 2006 s'établissait de la façon suivante : 27% en ce qui concerne l'aide aux personnes âgées pour l'aide aux personnes handicapées concernant la famille et l'enfance au RMI et enfin aux autres aides (un pourcentage qui comprend aussi les dépenses de personnels)[15]. [...]
[...] Assemblée des départements de France, 20 ans d'aide sociale dans les finances des départements publication Dexia Crédit Local, P4. Assemblée des départements de France, 20 ans d'aide sociale dans les finances des départements publication Dexia Crédit Local. Ministère de l'intérieur et de l'Aménagement du territoire, Les budgets primitifs des départements 2006 Direction générale des collectivités locales, Coll. Statistiques et finances locales, décembre 2006, P8. Assemblée des départements de France, 20 ans d'aide sociale dans les finances des départements publication Dexia Crédit Local. [...]
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