Conforama, une existence compliquée
Parfois la notoriété et la publicité des enseignes ne correspond pas tout à fait à leur vitalité réelle. A l'origine de Conforama, il y a une très bonne idée nourrie dans l'esprit des entrepreneurs Jean Moll, Jacques Ragageot, Guy et Pierre Sordoillet, et Charles Minivielle : celle d'un magasins de meubles à bas prix, dans la droite lignée de la révolution de consommation qui s'opère alors, en 1967, depuis l'arrivé des supermarchés. Le concept est pertinent est efficace et Conforama suscite assez d'intérêt pour être acquis, en moins de dix ans par une holding nommée Agache-Willot. Le problème est que l'enseigne Conforama va être pour ainsi dire ballottée de groupes financiers en groupes financiers : après la faillite d'Agache-Willot, c'est Bernard Arnault qui récupère Conforama, puis Pinault SA en 1991. Vingt ans plus tard, c'est au tour des sud-africains de Steinhoff International d'acquérir la marque qui a entre-temps, fait un détour par Pinault Printemps Redoute ! Il se trouve que derrière ces rebondissements de business, se cache une réalité certaine. Conforma n'est pas une entreprise rentable, malgré son implantation internationale (plus de soixante-dix magasins en Europe) et une très bonne troisième place sur le marché français de l'ameublement. Depuis 2010, l'enseigne n'a pas enregistré de bénéfices, s'effondrant également en Bourse. Signe de son état critique, l'agence Reuters informe en 2018 que Conforama est placé sous le contrôle d'un administrateur judiciaire et Steinhoff International informe avoir 200 millions d'euros au minimum à trouver dans les plus brefs délais.
Un plan de licenciement massif : seule solution ?
Pour quiconque suit le feuilleton Conforama depuis au moins le début de la décennie 2010, la confirmation faite en juillet 2019 que l'enseigne va supprimer la bagatelle de 1900 postes et fermer 32 magasins à l'horizon 2020 n'est pas surprenante. Elle est par contre forcément largement critiquée par les médias et bien sûr contestée, à raison, par les salariés qui risquent de perdre leur emploi. Au-delà de l'éthique, bien qu'il soit difficile de passer outre une notion si humaine, on peut se demander si Conforma avait le choix. Il est établi que la perte de rentabilité de la société est liée à un trop gros nombre de magasins déficitaires, notamment en Île de France qui à elle seule représente huit magasins visés par une fermeture. La tactique est logiquement celle de faire cesser l'hémorragie, d'autant que Conforama a le couteau sous la gorge puisque c'est la justice elle-même et les créanciers qui tiennent son avenir en main. Il semble bel et bien que l'immense déficit de l'enseigne la mette à la merci d'un plan social inévitable. Toutefois, il faut souligner que l'affaire n'est pas liée qu'à la rentabilité des magasins Conforama. Son propriétaire Steinhoff International aurait peut-être pu corriger le tir sur le plan financier, si il n'était pas alourdi par un scandale financier, portant sur une supposée malversation : ni plus ni moins qu'un « trou » de deux milliards d'euros dans les comptes. Difficile de légitimer un plan social d'envergure, avec cet aspect dans la balance...
Sources :
http://www.groupeconforama.fr/page_blocs/notre-mission-2/
http://courrierdumeuble.fr/distribution/steinhoff-rechercherait-200-me-a-court-terme/