I.              Quelques chiffres sur le marché du don en France

Le marché du don est, par essence, difficile à chiffrer et à estimer. La plupart des transactions sont en effet réalisées dans le plus grand anonymat, la plus grande discrétion. Néanmoins, les estimations s'élèvent à environ 8,5 milliards d'euros par an en France (émanant d'entreprises, de particuliers, déclarés ou non).

Ces dons sont réalisés à hauteur de 5 milliards par des particuliers (legs, dons déclarés, dons non déclarés), et de 3.5 milliards par des entreprises. Près d'un quart des dons est digitalisé, un chiffre en hausse de 50% en seulement deux ans. Les Français ont beaucoup utilisé les dons en ligne durant la crise COVID et de nouvelles habitudes perdurent.

Les dons représentent environ 5% du financement total des associations en France.

Le montant moyen de don annuel s'élève en 2020 à 570 euros. Près de 54% des donateurs ont 60 ans ou plus. Le don moyen annuel augmente avec l'âge des donateurs.

II.            Les différents types de dons

Les dons peuvent être des dons officiels et déclarés par les Français par le biais de leurs déclarations de revenus. Il peut également s'agir de dons qui auraient pu être déclarés et qui ne l'ont pas été. Enfin, de nombreux dons ne peuvent pas être déclarés, car ils n'ont pas permis l'obtention d'un reçu fiscal. On peut citer dans cette catégorie les dons ponctuels par SMS, les dons de la main à la main, les dons d'objets non marchands, les arrondis à la caisse, etc. Ces transactions sont estimées à environ 1 milliard d'euros par an, en France.

Certains dons sont réalisés de la main à la main, d'autres sont plus organisés et fonctionnent par le biais de chèques ou même de prélèvements automatiques récurrents effectués sur les comptes des donateurs.

Certains utilisateurs se sont tournés vers les nouvelles technologies pour structurer leurs dons (ou pour recevoir des dons). Dans ce domaine, l'application GEEV est l'un des leaders français. Elle met en relation des donateurs avec des personnes désirant recevoir des dons. L'ensemble est gratuit pour toutes les parties. En 2021, 7 millions de dons ont été réalisés par le biais de cette application. Elle s'affiche ainsi elle-même comme "le réflexe anti gaspi" et compte déjà 3,5 millions d'utilisateurs en France. Le système est basé sur la coopération. Pour recevoir, chaque utilisateur est incité à donner lui-même des objets. Cela permet de continuer à encourager les dons, et à créer un cercle vertueux de générosité et d'entraide. L'entreprise, quant à elle, se rémunère par le biais des publicités et des frais facturés aux annonceurs. Elle monétise donc le marché du don, en en faisant une activité lucrative (pour elle) basée sur une activité de don non lucrative (pour les utilisateurs).

Le don est une pratique très répandue en France, et les Français tendent à augmenter leurs dons (en fréquence, et en montant) dans les périodes de crise intense. Cela s'est encore avéré dans les premiers mois de la crise COVID, qui ont enregistré une hausse très importante des dons réalisés, en volume et en valeur à la fois.

Le marché du don est boosté par de nouvelles tendances de société comme la lutte contre la surconsommation, les réflexions concernant la pollution et les déchets produits, l'essor des produits de seconde main, mais également par le contexte fortement inflationniste et la recherche d'économies à réaliser pour conserver un niveau de vie équivalent. Les nouvelles technologies sont des alliés parfaits, rapides, surs, accessibles partout, permettant au marché du don de poursuivre sa digitalisation. Cela permet aux donateurs et aux bénéficiaires d'être en contact rapidement, notamment par le biais d'applis telles que GEEV ou TOUTDONNER, par exemple. Les utilisateurs de Geev estiment réaliser environ 1000 euros annuels d'économies en utilisant l'appli.

Le don est très variable selon les usagers, selon leur âge, leur revenu, leur patrimoine financier, mais également selon leur activité. Sur l'application GEEV, on peut même réaliser des dons de nourriture, permettant à certains utilisateurs de survivre dans des situations de très grande précarité, notamment durant l'hiver. La vocation de ces associations est louable, même si elle est pilotée par la recherche de profit pour les fondateurs de ces applications, qui se rémunèrent via les publicités, et viennent ainsi rompre la philosophie du don, son côté altruiste et désintéressé. Néanmoins, elles sont des éléments de plus en plus importants dans le tissu solidaire de nos sociétés modernes, notamment dans des contextes économiques chahutés, marqués par les incertitudes, les doutes, les difficultés, l'inflation massive.

Les dons continuent d'augmenter, et ne cessent de se digitaliser toujours davantage. Les dons de la main à la main demeurent largement majoritaires, et sont en outre discrets, cachés volontairement ou non, et entièrement hors des radars des différents gouvernements.

Le marché du don évolue rapidement, notamment sous l'impulsion des nouvelles technologies, mais semble quoi qu'il arrive avoir de beaux jours devant lui, grâce aux différentes strates de solidarités.


Sources : France générosités, Statista, Cairn, Le progrès