Un accès au web gratuit, mais filtré par Facebook
Depuis février 2015, la première phase du projet a été déployée dans 8 pays pilotes (Inde, Colombie, Philippines, Guatemala, Kenya, Zambie, Tanzanie et Ghana). L'accès au web passe par le téléchargement de l'appli internet.org. En passant par le réseau de fournisseurs d'accès partenaires de Facebook (Reliance en Inde, Tigo en Colombie...), on accède alors à des services gratuits, préalablement validés par Facebook. L'essentiel du web est bien là : des informations sur la météo, le marché de l'emploi, la santé ou encore un accès à Wikipédia. La plateforme propose également un accès à quelques sites partenaires du réseau social : Facebook, recherches Bing ou Messenger.
Si pour l'instant, le projet s'appuie sur le réseau existant, le PDG de Facebook a annoncé travailler sur des solutions pour apporter le web aux zones les moins peuplées de la planète, au moyen d'engins futuristes. Les ingénieurs du projet ont ainsi prévu de lancer des drones survolant la planète grâce à l'énergie solaire, proposant des points d'accès mobiles jusque dans les régions les plus reculées du globe...
La neutralité du net, réservée aux riches ?
C'est sur le choix des services proposés que le projet internet.org a essuyé ses plus vives critiques, notamment de la part d'acteurs du web en Inde et au Brésil. Les choix très sélectif des services gratuits (Facebook, Bing) font grincer des dents, privilégiant à outrance les intérêts économiques de Facebook. Son PDG, Mark Zuckerberg, a beau invoquer des limitations techniques (proposer la totalité du web serait extrêmement couteux en bande passante), il n'empêche : l'accès gratuit que propose le projet internet.org est bien trop partial et limité. En mettant un pied sur les marchés émergents, c'est finalement Facebook qui a tout à y gagner. Devant cette remise en cause majeure de la neutralité du net, plusieurs start-up indiennes se sont ainsi retirées du projet.
Facebook invite les développeurs tiers à participer au projet
Devant la vague de critiques, le PDG de Facebook a annoncé un revirement, avec la création d'une nouvelle plateforme ouverte à tous les développeurs. Ainsi, n'importe quel site pourrait, en théorie, proposer ses services au sein du projet internet.org. Sous certaines conditions, dictées par la firme de Palo Alto : pour prétendre faire partie du projet, les services doivent consommer un minimum de données. Facebook lui-même y est présent dans une version sans vidéos et sans photos. Les normes techniques récentes ou couteuses en data sont ainsi prohibées, à l'image du javascript, du SSL ou du Flash... Mais aussi du HTTPS, pourtant fondamental puisqu'il permet la confidentialité du trafic web (et sa sécurité en cas de transactions bancaires). D'où une nouvelle série de critiques... Tant bien que mal, le déploiement va cependant continuer, et devrait contribuer à combler le fossé numérique dans les 8 pays pilotes, en attendant plus de pays participants.