Le management émotionnel : définition
Dans un grand nombre d'entreprises, la question s'est rapidement posée de savoir comment il était possible de manager autrement, pour des raisons évidentes d'efficacité et de réussite au sein de l'entreprise, cela étant valable pour tous les secteurs d'activité. La notion de management émotionnel est à cet effet très proche de celle de développement personnel, puisqu'il s'agit à la fois de répondre aux attentes des managers, mais aussi de l'ensemble des collaborateurs. L'entreprise est en quelques années devenue un lieu de souffrance et de stress, alors qu'il devrait permettre un certain épanouissement. Quoi qu'il en soit, la place du manager est devenue essentielle, bien que le métier en lui-même soit de plus en plus complexe. En effet, il est le premier concerné par la réussite, mais aussi par les échecs de ses collaborateurs et il peut devenir rapidement autant une victime qu'un harceleur.
Dans cette optique, le management émotionnel, fondé à Tokyo, fait partie des techniques les plus populaires dans un nombre de plus en plus grand d'entreprises. Le management des émotions permet à un manager de prendre en compte à la fois ses émotions ainsi que celles de ses collaborateurs dans sa prise de décision. D'une certaine manière, il s'agit de la nécessaire prise en compte de l'intelligence émotionnelle de chacun dans la manière de manager. Ce qui est à comprendre dans le terme d'intelligence émotionnelle, c'est l'aptitude à comprendre et à maîtriser ses émotions dans le cadre professionnel, mais également à comprendre et à accepter celles des autres. Ainsi, le monde professionnel actuel est composé d'individus différents, que ce soit en termes de religions, de croyances, ou encore de manière d'appréhender le monde du travail. Baser le management sur les émotions, c'est apprendre à accepter chacune des différences pour le bien-être de l'entreprise.
Les objectifs et les enjeux du management émotionnel
Ce type de management possède divers objectifs et enjeux, dont les principaux sont la réussite à la fois de l'entreprise, mais aussi de son personnel. Il s'agit de favoriser le bien-être au travail, ainsi que les capacités d'épanouissement de chacun afin d'augmenter la motivation des salariés. Au-delà de la simple motivation, mettre en place un management émotionnel permet également de générer davantage d'implication, de l'engagement et de développer une ambiance propice à la réussite, c'est-à-dire où règne la convivialité et plus de sérénité. Dans ce type d'entreprises, le turnover est généralement bien plus bas, car les collaborateurs aiment ce qu'ils font, ils ne le font pas seulement par obligation, mais parce qu'ils se sentent proches des valeurs véhiculées par l'entreprise en question. Il est question aussi de favoriser la productivité en encourageant la créativité, en prenant en compte tous les avis. Enfin, il s'agit de maîtriser au mieux les risques potentiels qui peuvent survenir au sein du groupe et d'y faire face non pas seulement pour le manager, mais bel et bien avec l'aide de son équipe. Il s'agit d'une manière plus efficace de gérer les conflits, et le manager ne sera plus seulement perçu comme un donneur d'ordres, mais comme un leader, et c'est exactement ce qu'attendent les nouvelles générations qui arrivent sur le marché du travail.
Les piliers de l'intelligence émotionnelle
Pour qu'un management émotionnel soit développé au sein d'une entreprise, il est tout d'abord important de savoir analyser ses émotions. Un manager qui ne saurait pas faire face à ses propres émotions aura bien sûr du mal à s'en sortir avec celles des autres. Ensuite, il est important de comprendre les conséquences qu'entraînent les émotions. En effet, un bon manager, ou dirions-nous plutôt un bon leader, doit rester maître de ses émotions, et surtout en cas de crise ou lors d'une situation particulièrement complexe. Il doit montrer l'exemple pour que ses collaborateurs aient envie de travailler avec lui, qu'ils trouvent un sens à ce qu'ils accomplissent chaque jour. Un autre pilier est celui de comprendre les émotions des autres, cela s'appelle l'empathie. Le management émotionnel fonctionne à 100% avec l'empathie. Il s'agit de ressentir ce que ressent l'autre à travers ses propres émotions. Il s'agit aujourd'hui d'un levier de performance sociale, mais aussi professionnelle. Ressentir de l'empathie, c'est parvenir à rester flexible dans un grand nombre de situations tout en restant proche de ses propres valeurs. Enfin, un autre pilier est la maîtrise de l'impact du manager sur ses collaborateurs. Cela consiste dans le fait de savoir associer ses émotions à celles des autres et s'appelle aussi d'ailleurs la contagion des émotions. Le manager sait que globalement, il possède un certain "pouvoir" sur les membres de son équipe. Par conséquent, posséder les bases de la connaissance de ces piliers de l'intelligence émotionnelle lui permet de se faire respecter et à la fois de se faire accepter.
La mise en place du management émotionnel
Pour mettre en place un management de type émotionnel, il est tout d'abord capital de comprendre que la société est en perpétuel changement. Tout le monde doit aujourd'hui adapter son comportement que ce soit individuellement ou collectivement, dans tous les lieux, à l'école, dans une famille, mais aussi en entreprise. Cela est plus complexe qu'il n'y parait, car les entreprises font elles aussi face à des défis sociaux et économiques, et possèdent des obligations de résultat si elles veulent survivre sur le long terme. Néanmoins, si les entreprises aujourd'hui veulent réussir et devenir à cet effet plus compétitives, elles ne peuvent plus compter seulement sur le bon vouloir des salariés, elles doivent en effet être prêtes à effectuer un certain nombre de concessions. Pendant longtemps, émotions et travail ne pouvaient pas s'allier, tout le monde, peu importe son grade, devait laisser ses émotions au vestiaire et faire comme si tout allait toujours bien. Aujourd'hui, cela amène des arrêts maladie et un turnover de plus en plus important. Pour qu'un management émotionnel puisse se développer, il faut déjà admettre que chacun ait des émotions, et que celles-ci ont un impact considérable sur la manière de travailler de chacun. Le management émotionnel permet de créer non plus un manager autoritaire, mais un leader coach. Les managers doivent avant toute chose se demander ce qui les motive eux avant d'essayer de motiver les autres. Il est essentiel que le manager reconnaisse ses émotions, comme l'énervement ou le stress, car cela influe sur la manière de se comporter avec les autres et par conséquent sur les performances globales de l'entreprise.
Exemples concrets d'entreprises
Un grand nombre d'entreprises dans le monde commencent peu à peu à s'intéresser à ce phénomène, c'est le cas notamment de Nike, ou encore de Microsoft et de EY (Ernst & Young) qui ont lancé des programmes visant à mieux comprendre les émotions de tous leurs collaborateurs. Ainsi, avec l'arrivée de la crise sanitaire, plusieurs employeurs ont pris la décision de fermer leurs bureaux pour permettre à leurs collaborateurs de mieux lutter contre la complexité du contexte sanitaire et économique. En effet, le fait de venir au travail dans une ambiance où chacun s'inquiétait soit pour sa famille soit pour son avenir professionnel, cela était incompatible avec la notion même de performances. L'entreprise EY a mis en place quant à elle le programme intitulé "RU Okay ?" (Tu vas bien ?). Le principal objectif était de prêter davantage d'attention aux gens qui nous entoure tous les jours dans le cadre professionnel, et de proposer plus de prises de paroles sur des sujets comme la santé mentale, la dépression ou encore le stress au travail ou le harcèlement. Il en va de même chez Microsoft, où les salariés échangent sur ce qu'ils ressentent par le biais de l'action Microsoft Cares, qui propose des conseils physiques, ou en ligne. Les collaborateurs peuvent assister à des groupes de soutien en encore des ateliers qui leur permettent de se sentir mieux.
Le sujet de l'intelligence émotionnelle est peu à peu devenu une thématique clé dans le monde du travail. Tous les secteurs ou presque sont touchés, car un très grand nombre de dirigeants ont pris conscience de l'utilité de posséder dans son équipe des collaborateurs bien dans leur peau. Cela affecte certes la manière de diriger, mais aussi la manière de recruter. Il est devenu nécessaire de savoir concilier intelligence émotionnelle et management, pour le bien-être de tous, mais aussi plus globalement de l'entreprise, qui est soumise à un très fort contexte concurrentiel.
Sources : Kronos, Hervé Franceschi
