C'est dans ce contexte que Michel MARCHESNAY, professeur en management stratégique, affirme l'existence de trois grandes strates dans l'analyse de l'environnement de l'investissement. En effet, selon lui, l'environnement d'une entreprise se caractérise par trois niveaux, souvent mis en avant de manière inégale : le niveau macro, le niveau méso et enfin, le niveau micro. Si à travers ces différentes échelles, il s'agit en réalité d'obtenir une analyse la plus fine et la plus complète possible de l'environnement de l'entreprise, force est de constater que le méso-environnement est un niveau à part entière, par son importance.
Nous pouvons dès lors nous demander : dans quelle mesure le méso-environnement constitue-t-il l'angle d'analyse le plus pertinent, au moment de définir une stratégie d'entreprise efficace et pertinente ?
Nous verrons tout d'abord que le macro-environnement s'avère être une première strate d'analyse intéressante pour une meilleure prise en compte de l'environnement général de l'entreprise (I). Nous expliquerons, par la suite, pourquoi le micro-environnement ne peut pas être une strate suffisante dans l'analyse de l'environnement d'une entreprise (II). Nous montrerons enfin que le méso-environnement se révèle être, en réalité, une composante essentielle de l'environnement de l'entreprise, étant un juste lieu entre l'analyse au niveau macro et celle au niveau micro (III).
I. Une première strate d'analyse : le macro-environnement
A. Vers une prise en compte de l'environnement général de l'entreprise
Le macro-environnement représente l'environnement général dans lequel évolue une entreprise. À travers cette idée, il s'agit de prendre en compte l'ensemble des éléments structurels encadrant cet environnement. Cet ensemble d'éléments renvoie donc à un ensemble de variables exogènes indépendantes de l'action que souhaite mener l'investisseur vis-à-vis de son entreprise. Parmi ces variables, nous pouvons citer la présence de la conjoncture économique, des institutions, de l'état des moeurs, de la technologie...
Par ailleurs, en fonction des entreprises, cet environnement général est plus ou moins distant géographiquement. En effet, dans le cas de la plupart des entreprises, l'environnement n'est que local, car nous sommes, de manière générale, confrontés à des structures de type TPE (toutes petites entreprises) ou PME (petites et moyennes entreprises). D'autres entreprises agissent quant à elles, dans un environnement national. Enfin, concernant les FMN (firmes multinationales), ces dernières évoluent à l'échelle internationale.
B. Un modèle de référence : le modèle PESTEL
Afin de mieux examiner l'importance de ces différentes variables dans l'environnement de l'entreprise et donc son management, un modèle connu sous le terme de « modèle PESTEL » a été conçu. Ce modèle PESTEL regroupe les six principaux facteurs macro-environnementaux pouvant être en mesure d'influencer, positivement ou négativement, le développement d'une entreprise. Nous avons fait le choix d'appliquer ce modèle à l'exemple d'un producteur d'automobiles.
· Le facteur politique : à travers ce facteur, il s'agit de prendre en considération la politique gouvernementale et fiscale mise en place en matière automobile, la stabilité étatique, l'état du commerce extérieur...
· Le facteur économique : à travers ce facteur, il s'agit de prendre en considération les cycles économiques, la politique monétaire et des variables telles que le taux d'inflation, d'intérêt, de chômage, le revenu disponible ou encore l'évolution du PNB.
· Le facteur sociologique : à travers ce facteur, il s'agit de prendre en considération la démographie du pays, la distribution des revenus, l'attitude des individus face au loisir et au travail, leurs modes de consommation en matière d'automobiles.
· Le facteur technologique : à travers ce facteur, il s'agit de prendre en compte les dépenses publiques en R&D, les investissements privés sur la technologie, le taux d'obsolescence de certaines pièces automobiles, le dépôt de nouveaux brevets ou encore l'état du parc automobile actuel.
· Le facteur écologique : à travers ce facteur, il s'agit de prendre en considération les lois sur la protection de l'environnement, la consommation d'énergie ou encore l'importation du pétrole.
· Le facteur légal : à travers ce facteur, il s'agit de prendre en considération les normes de sécurité routière, les lois sur les monopoles, la législation routière...
Par conséquent, le macro-environnement renvoie bien aux grands courants d'évolution de la société tels que la démographie, le système politico-légal, l'économie, la technologie ou encore la culture.
II. Une strate d'analyse très fine : le micro-environnement
A. Vers une prise en compte de l'ensemble des acteurs de l'entreprise
Le micro-environnement représente l'ensemble des acteurs gravitant dans la sphère immédiate de l'entreprise, autrement dit dans l'entreprise et autour de son projet économique. En contact avec l'entreprise, ces facteurs extérieurs peuvent exercer une influence plus ou moins directe et importante sur elle. Il peut s'agir d'éléments affectant les partenariats de l'entreprise, les marchés sur lesquels elle évolue ou bien ses relations avec des entreprises concurrentes. Par conséquent, les résultats et les perspectives d'évolution de l'entreprise dépendront bien de toutes les modifications directes ou indirectes, faites par ces différents agents.
B. L'application de ce niveau d'analyse à travers le cas du producteur automobile
Si nous reprenons le cas précédent du producteur d'automobiles, il s'agit désormais de comprendre de manière plus fine, les acteurs en contact avec son entreprise. En ce sens, on remarque que le producteur d'automobiles évolue dans une première sphère de relations : celle de ces différents sous-traitants et fournisseurs. Nous pouvons ainsi citer le fournisseur de pneumatiques, des vitres, de la tôle, des accessoires… Le producteur d'automobiles est alors confronté à une seconde sphère de connaissances : celle de son réseau de distribution. En lui permettant d'écouler l'ensemble de sa production, le réseau de distribution se compose à la fois de toutes les succursales et les concessions vendant les automobiles, mais aussi de tous les revendeurs indépendants. Enfin, la dernière sphère d'analyse du micro-environnement d'une entreprise de production automobile correspond au marché final, à savoir à l'ensemble des acheteurs potentiels d'automobiles. Il peut s'agir de particuliers, d'administration, d'entreprises ou encore de collectivités.
III. La strate d'analyse la plus pertinente : le méso-environnement
A. Un concept complexe, au cœur même de la stratégie d'entreprise
Par définition, le terme « méso » signifie « intermédiaire ». En ce sens, le méso-environnement est souvent défini comme étant l'environnement qui se trouve entre le niveau macro et le niveau micro. Or, réduire le méso-environnement à un entre-deux ne permet en rien d'effacer le caractère complexe de ce concept. En effet, le méso-environnement est une notion difficile à appréhender qui est initialement issue de l'économie industrielle. À travers cette notion de management stratégique, il s'agirait en fait de mieux comprendre comment l'unité économique qu'est l'entreprise s'intègre dans l'économie en général, en tenant compte de l'existence de relations techniques, économiques ou organisationnelles privilégiées entre différents groupes d'acteurs. Pour saisir ce méso-environnement de l'entreprise, différents axes d'analyse seraient ainsi importants à prendre en compte : le secteur, la branche, la filière et enfin, le groupe. Ces différentes unités représentent en réalité les différents modes de découpage possible d'une entreprise en matière productive et juridique. L'environnement local de l'entreprise est donc extrêmement bien étudié.
B. L'application de ce niveau d'analyse à travers le cas du producteur automobile
Comme nous l'avons étudié, le méso-environnement façonne le cadre d'une entreprise et peut être considéré comme son infrastructure, dans le sens où il regroupe à la fois les politiques, les procédures opérationnelles standard, les règles et les directives. En d'autres termes, le méso-environnement reflète une grande partie du système productif et juridique de l'entreprise. Cependant, force est de constater que peu d'entreprises prennent en compte cet environnement. Or, dans notre cas précédent d'une entreprise de production automobile, le méso-environnement renvoie aux manuels du personnel, aux systèmes de qualité ou encore aux politiques informatiques mises en place par l'entreprise. En effet, il peut parfois arriver que les politiques informatiques limitent le personnel dans l'implantation d'un processus stratégique fiable. C'est le cas par exemple s'il existe une restriction pour les équipes de travail des réseaux sociaux, ces derniers pouvant être utilisés à des fins marketing.
Pour conclure, bien qu'il s'agisse d'un concept très difficile à appréhender, le méso-environnement n'en reste pas moins un élément d'analyse indispensable pour une entreprise. En effet, comme nous l'avons démontré, au sein de l'analyse 3M, autrement dit macro-méso-micro, le méso-environnement joue un rôle prépondérant, le macro-environnement mettant en évidence les tendances générales de l'environnement dans lequel évolue une entreprise tandis que le micro propose, quant à lui, un état des lieux des acteurs en présence autour et dans l'entreprise.
Sources :
- MICHEL MARCHESNAY. La Stratégie. Du diagnostic à la décision industrielle. Chotard Paris. 1986
- MICHEL MARCHESNAY. Management Stratégique. Eyrolles Paris. 1993. 202 pages.