Information, communication, sciences sociales, Eric Mace, télévision, émission télévisée, intégration du téléspectateur, démocratie, spectacularisation, Ça se discute, Jean-Luc Delarue, Réservoir Prod, discours médiatique, programmes télévisuels
« Notre société est en évolution perpétuelle, elle se pose de nouvelles questions. […] Une des forces de Ça se discute est précisément de savoir s'emparer de grands thèmes intemporels dont on nous parle depuis la nuit des temps en trouvant l'angle qui permettra de les traiter au plus près de l'air du temps et donc des préoccupations publiques », déclare Jean-Luc Delarue présentateur de l'émission hebdomadaire Ça se Discute Jour après Jour diffusée sur France 2. Président Directeur Général de la société de production Réservoir Prod, Jean-Luc Delarue anime Ça se discute depuis le 12 septembre 1994: émission phare de la chaîne et très appréciée du public, elle a reçu le 7 d'Or en 2000 et a célébré sa 500ème édition le mercredi 3 mai 2006. L'émission Ça se Discute Jour après Jour, entrant dans la catégorie « magazine de société » des programmes télévisuels, est diffusée en première partie de soirée (20h55) un lundi par mois: ce prime time a aussi été gratifié d'un 7 d'Or en 2001. Ces deux émissions ont pour objet le décryptage de la société contemporaine à travers la permanence ou la mutation des comportements. Un large panel de thèmes peut y être abordé, des situations de la vie courante aux excentricités les plus singulières: c'est par la diffusion de témoignages anonymes que l'émission tente d'exposer et d'expliquer la thématique abordée. En parallèle de ces témoins ordinaires, des invités plus célèbres viennent participer au débat pour faire part de leur expérience personnelle, des spécialistes endossent le rôle de l'expert. L'émission Ça se Discute Jour après Jour met en parallèle le témoignage de quatre individus qui ont chacun vécu une expérience décisive. Ces parcours de vie particuliers font l'objet d'un débat, mais l'émission ne s'arrête pas là: six mois plus tard, ils seront invités de nouveaux sur le plateau afin de faire le bilan de ce qu'ils ont vécu et mettre ainsi en lumière le rôle prépondérant de l'émission, et ce, en tant que soutien moral voire de service public. L'analyse de cette émission va nous permettre d'illustrer l'étude d'Eric Macé, La programmation de la réception (1994, In Réseaux, n°63) : cet article paraît dans un contexte où la télévision est toute puissante mais aussi beaucoup glosée. Il entend revenir sur les critiques qui n'intègrent pas le téléspectateur et montrer ainsi comment un examen des contenus est possible par l'étude des mécanismes de la programmation de la réception. Son modèle théorique, en s'articulant autour de trois niveaux de réception (le message, les codes, la subjectivation), vise à analyser le discours médiatique, et plus spécifiquement celui qui a cours à la télévision. En se demandant comment la programmation télévisuelle intègre le récepteur dans sa grille de programmes, Eric Macé reprend à son compte la dialectique marxiste appliquée au monde de la production matérielle. Dans le champ de la communication et des médias, le téléspectateur est assimilé au prolétaire exploité, dominé non par l'homme aux écus, mais par les grands groupes télévisuels. Non conscient de cet asservissement, il paraît passif si ce n'est complice de sa propre aliénation aux produits médiatiques. Eric Macé, en proposant une théorie de la domination des médias télévisuels, pose divers problèmes, tant au niveau social qu'éthique. Alors que dans son étude il dresse une critique de l'émission mensuelle Témoin n°1 présentée par Etienne Mougeotte en prime time sur TF1 dans les années 90, nous avons décidé d'accomplir une démarche semblable en examinant l'émission grand public de Jean-Luc Delarue Ça se Discute Jour après Jour.
L'émission que nous allons étudier date du lundi 10 avril 2006, avait pour thème : « Vivre avec le SMIC ». Aujourd'hui, 16% des salariés, soit plus de deux millions et demi de personnes, sont des smicards. C'est le plus haut niveau historique depuis vingt ans. Comment faire vivre toute une famille quand on ne touche que 1 217 euros par mois ? Comment préserver les enfants de la misère? Comment maintenir un équilibre familial face à la spirale de l'endettement ? Où trouver la force de tenir et de s'en sortir? Olivia et Franck multiplient les combines pour mener une existence normale : ils vivent à cinq avec moins de 1000 euros par mois. Patricia et Philippe gagnent l'équivalent de deux SMIC mais ils ont des fins de mois difficiles. Martine a trois enfants et se débrouille avec 800 euros par mois. Lydie, une mère célibataire de trente-quatre ans, est surendettée et attend avec impatience le verdict du tribunal sur son plan de surendettement.
La rubrique « mois après mois » revient sur l'émission intitulée « les ados rebelles » : Marion, Michaël et Alexandre sont-ils toujours insolents ou introvertis? Leurs parents auparavant dépassés ont-ils regagné l'autorité ou la complicité perdue avec leurs ados?
Avec 5.1 millions de téléspectateurs, elle a atteint un score d'audience de 20.7%. Le communiqué de France 2 souligne que ce sujet a séduit un public assez large, notamment les spectateurs âgés de plus de 25 ans.
[...] Dans le champ de la communication et des médias, le téléspectateur est assimilé au prolétaire exploité, dominé non par l'homme aux écus, mais par les grands groupes télévisuels. Non conscient de cet asservissement, il paraît passif si ce n'est complice de sa propre aliénation aux produits médiatiques. Eric Macé, en proposant une théorie de la domination des médias télévisuels, pose divers problèmes, tant au niveau social qu'éthique. Alors que dans son étude il dresse une critique de l'émission mensuelle Témoin présentée par Etienne Mougeotte en prime time sur TF1 dans les années 90, nous avons décidé d'accomplir une démarche semblable en examinant l'émission grand public de Jean-Luc Delarue Ça se Discute Jour après Jour. [...]
[...] Jean Luc Delarue le coupe sèchement pour refermer cette page sur les problèmes strictement financiers car on sent qu'il veut reprendre la maîtrise du débat et insister sur un angle de la thématique : la solidarité familiale. Patricia affirme qu'il est dur de conserver une vie sociale, Olivia évoque les difficultés de son couple, Eve Angeli parle de sa mère poule Marc Lévy est alors sollicité pour la première fois et définit les cinq principes nécessaires, dont le coefficient affectif, pour qu'une vie soit équilibrée. [...]
[...] Mais peut- on affirmer, de manière si indubitable, que le public de la télévision est un public de dominés ? Ça se Discute Jour après Jour est-elle une émission qui se nourrit de la misère humaine, de l'excentricité de certains marginaux ? Si on suit le raisonnement d'Eric Macé, on peut repérer deux types de dominations. Primo, les témoins qui livrent leurs expériences, à travers des reportages et par leur présence sur le plateau, sont les premiers dominés : l'émission se fonde et s'articule exclusivement sur leurs parcours individuels en braquant les projecteurs se braquent sur les acteurs de la vie quotidienne d'après Christopher Baldelli. [...]
[...] Dans le dossier Ça se Discute joint, un des membres de la programmation nous livre les clés de la préparation et de la mise en forme de l'émission. Au préalable, c'est l'ensemble de l'équipe qui recherche un thème, et ce en s'inspirant du quotidien, de ce qu'ils entendent dans la rue. Mais le choix final est décidé par le producteur, ici, Jean-Luc Delarue, qui trouve un angle d'approche du thème et l'exprime sous la forme d'un problématique accrocheuse, qui est actuelle et qui fait débat. [...]
[...] Le niveau projectif : de quelle nature est l'intégration du téléspectateur ? D'après Théodore W. Adorno dans l'industrie culturelle (1964), les médias n'entretiennent pas un rapport d'étrangeté avec leur public : au contraire, ils évoluent dans un univers de concurrence, appartiennent autant à l'économie de marché qu'au monde de l'information et de la communication. Deux univers aux objectifs contradictoires, l'exigence du profit s'oppose souvent à la libre circulation d'une information plurielle et transparente. Partie intégrante de la société de consommation, les produits culturels répondent à une stratégie commerciale et être en mesure de prendre en compte les désirs du public pour rencontrer une audience la plus large possible et ainsi répondre à l'exigence de rentabilité, et ce comme une véritable entreprise, c'est en partie ce qu'explique Adorno en étayant son concept d'industrie culturelle. [...]
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