Fournisseurs, grande distribution, rapport de force, collaboration, puissance d'achat, forces des marques, modèle français, cadre réglementaire, circulaire Dutreil, loi Galland, baisse des prix, pouvoir d'achat
Le sujet abordé dans ce mémoire est porté par de nombreux débats qui viennent sans cesse remettre en question l'équilibre fragile qui lie les producteurs à la grande distribution. Que ce soit la pression de cette dernière sur ses fournisseurs ou bien la question du pouvoir d'achat des ménages, la nature des produits (produits de grande consommation) nous oblige tous à nous interroger sur l'impact du commerce moderne dans notre société. Déjà en 1893, un journal défendant la cause des commerçants, « L'Epicier », écrivait : « Rappeler à nos confrères [épiciers] que notre corporation est à la fois la plus grande et la plus puissante de la Nation, puisqu'elle est la plus nombreuse, embrasse la plus grande quantité d'articles, cause le plus considérable mouvement d'affaires et fait produire la plus grande somme de travail ».
C'est donc un sujet qui touche toutes les couches de populations, du plus petit au plus âgé. Et vu le chiffre d'affaires dégagé par le secteur d'activité et les emplois qui en dépendent, c'est également l'un des sujets qui prédomine dans le paysage politique. Ainsi, la question du pouvoir d'achat abordée en 2003 par l'ex-ministre de l'économie, Nicolas Sarkozy, est devenue l'un des axes majeurs de la campagne présidentielle de 2007 (« Travailler plus pour gagner plus »). C'est ainsi qu'a été créée, entre autres, la récente commission Attali travaillant sur l'amélioration de la croissance française.
Mais si le commerce est vieux comme le monde, la grande distribution n'est présente que depuis une cinquantaine d'années. Même si les groupes ont su très vite se développer et s'accaparer des parts de marché (80 % des achats s'effectuent dans les 5 premières centrales d'achat), le secteur est en perpétuelle mutation. Depuis 20 ans, des lois se succèdent tentant, vainement, de réguler le secteur. Encore aujourd'hui les insuffisances de la loi sont soulignées par la propre commission du gouvernement. Si on rajoute les bouleversements technologiques liés au commerce électronique, les crises liées au secteur alimentaire (exemple : crise des steaks avariés chez Leclerc) et la guerre des prix, on peut qualifier l'environnement de la grande distribution comme très perturbé.
Ce sont ces deux raisons, l'universalité et l'actualité, qui m'ont poussé à m'investir sur ce sujet. Ayant effectué plusieurs missions en relation avec ce sujet, d'abord chez des distributeurs puis chez un fournisseur, j'ai pu constater la nécessité de réfléchir à l'amélioration de l'équilibre des relations entre producteurs et distributeurs. C'est par une analyse de ces relations complexes que la grande distribution et les industriels pourront interagir efficacement, c'est-à-dire passer d'une relation de win-loose à win-win. Faut-il défendre le pouvoir des grands distributeurs qui militent pour « la vie moins chère » ou bien celui des industriels qui sont sans cesse soumis au risque de déréferencement ?
Cette question se pose à tous et renvoie à une réflexion profonde sur l'impact du commerce moderne dans notre société. Car le commerce est certes vieux comme le monde, mais la grande distribution est en revanche une jeune enfant d'à peine 50 ans. Et cette révolution du commerce est loin d'être encore stabilisée.
Mots clés: grande distribution, Leclerc, Loi Galland, baisse des prix, fournisseurs, distributeurs, MDD, rapport Canivet, loi Chatel, Sarkozy, GMS, DGCCRF, Casino, Cora, Auchan, Super U, Géant, Carrefour, Continent, Champion, Picard, commission Attali, concurrence, pratiques abusives, consommateurs
[...] Cependant j'ai pu observer parfois une certaine forme de dédain à l'égard des représentants. Et souvent s'ils n'hésitent pas à critiquer la fonction, ils n'en négocient pas moins pour en tirer bénéfice. Deux chefs de rayon, anciennement représentants, m'ont confié que ce métier s'est dévalorisé au cours du temps. L'autonomie était plus grande, les clients en position de demande et les gains aussi, semble- t-il. Toujours selon l'auteur, l'assortiment de certains distributeurs (Carrefour pour ne pas les citer) est réfléchi pour maximiser la valeur des places restantes en limitant le nombre de références. [...]
[...] C'est-à- dire empêcher les grandes surfaces de revendre en dessous du prix "officiel" facturé par le fabriquant, selon le fameux précepte d'un îlot de perte dans un océan de profits qui a dominé le secteur pendant longtemps (du fameux conférencier Bernardo Trujillo). Mais si cela part d'une bonne intention, l'effet de cette loi a très vite été limité. En effet, par la pratique des marges arrières - on nomme ainsi le prix que facture une grande surface à ses fournisseurs pour les services rendus, comme les campagnes d'affichage, distribution de prospectus, mise en avant des produits en tête de gondole, animation dans les rayons . - le fabricant vend ses produits aux hypermarchés à un prix officiel. [...]
[...] Mais les politiques de fidélisation, la stabilité du marché et les habitudes de consommation sont autant d'éléments qui limitent la pression des clients. - Pression faible des fournisseurs : ils n'ont que peu de marge de manœuvre dans la négociation avec la grande distribution à cause de la situation d'oligopole. La concurrence joue contre eux, surtout dans un contexte de mondialisation. - Concurrence interne forte : c'est le deuxième risque le plus important pour les grands distributeurs. La concurrence est rude, notamment dans un contexte politique où le pouvoir d'achat occupe une place centrale. [...]
[...] La deuxième décennie pourrait voir la démocratisation de ce type de commerce au sein de tous les autres linéaires, avec le respect de la chaîne d'approvisionnement pour cause commune. Dans l'alimentaire cela aurait un impact bénéfique pour la défense des marges des fournisseurs, mais le principe peut s'étendre au non alimentaire aussi. Au final, on peut dire que ce scénario a une probabilité assez bonne de se réaliser, du moins en partie. En effet, après la période de libéralisation de l'économie qui a suivi la Seconde Guerre mondiale, on a pu sentir depuis le début des années 2000 une nouvelle approche de notre modèle de consommation. [...]
[...] En soi, la rétribution d'un service est tout à fait normale. Le problème est que depuis plusieurs années, cette pratique connaît une véritable dérive, atteignant en moyenne du prix d'achat, cas unique en Europe. Dès lors, les prix flambent, car les fournisseurs augmentent leurs propres prix pour pouvoir payer les primes de référencement. Et à leur tour, les distributeurs doivent répercuter ces hausses pour éviter la vente à perte. C'est dans ce contexte que le pouvoir d'achat s'est érodé au fur et à mesure que les marges arrière se compensaient par une hausse des prix. [...]
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