Mise en situation, gestion de crise, Commissariat à l'Energie Atomique, analyse stratégique, communication des organisations scientifiques, décrédibilisation, associations anti-nucléaires, Green Peace, langage scientifique, communication défensive, débat du nucléaire
En 1998, le problème du CEA est devenu public et la situation en elle-même est une offense : c'est un problème rien que d'en parler et de le nommer. C'est ce qu'on appelle "naming". Par ailleurs, la situation est transformée en grief : quelque soit le problème, aussi mineur soit-il, on désigne le CEA comme étant le coupable et le personnel de l'institution ainsi que les scientifiques sont de plus en plus divisés sur la question du nucléaire. Ce problème est nommé "claming". Les opposants du nucléaire et une fraction croissante de la population ont entamé un processus de réclamation sous forme de demande de compensation c'est le "blaming". Le fait d'avoir naming, claming et blaming prouve qu'on est en présence d'une situation de crise.
Plusieurs éléments problématiques chronologiques ou simultanés caractérisent cette situation de crise : un brouillage du produit (le nucléaire) et de l'image du CEA, un processus de décrédibilisation permanente (le CEA est dévalorisé : ce n'est plus le définisseur primaire) et une désagrégation de l'identité sociale de l'institution.
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Le problème de communication, avant d'être totalement résolu, doit d'abord être atténué très rapidement. Pour cela, il faut montrer et faire connaître les applications du nucléaire, autre que les armes et faire passer le message de la sécurité : le nucléaire est maitrisé donc non dangereux. Le but est de supprimer la peur au sein de la population, de diffuser une opinion favorable sur le CEA par la population et le bouche à oreille et de promouvoir une image positive du CEA et du nucléaire en général (recherche sur le nucléaire, ...). L'objectif est donc d'obtenir 50 % d'opinion favorable dans un an et 65 % dans deux ans. Ce paramètre servira d'indicateur pour vérifier l'avancement et l'efficacité des solutions qui seront mises en oeuvre (...)
[...] Personne ne coordonne ces opérations. Rien n'est planifié et les acteurs du nucléaire n'ont aucun programme de communication, aucun plan d'action. Ils communiquent en réponse à des sollicitations ou en justification de problèmes mais ce n'est jamais une communication active et choisie. Par conséquent, cela se fait toujours dans l'urgence, sans préparation, sans concertation et, sur le terrain, des incohérences se font ressentir entre les différentes prises de parole. Ceci discrédite leurs interventions et leurs arguments perdent toute leur valeur. [...]
[...] Aucune notion ou connaissances en communication n'est présente au sein du CEA et aucune formation n'est prévue dans ce domaine. Le manque de moyens humains (absence de véritables communicants) Communication des organisations scientifiques Une communication défensive (communication secondaire) : il ne s'agit donc plus de donner simplement une opinion mais il faut la faire changer, ce qui est beaucoup plus compliqué. L'antipathie des médias, qui sont défavorables au nucléaire, donc au CEA et qui influencent l'ensemble de la population en transmettant leur opinion de manière plus ou moins directe et plus ou moins radicale. [...]
[...] Faire (ou faire faire) un sondage dans la population pour savoir quel public viser prioritairement, comment et quand mettre en place des actions de communication. Établir un calendrier précis des événements qu'on souhaite programmer (une publication tous les deux mois, présence lors de la fête de la science, organisation de réunions-débats publics dans des cafés chaque mois, ouvrir les portes du CEA au mois de juin). Ceci doit être fait en accord avec les résultats du sondage. Nommer des personnes travaillant sur les différentes actions et attribuer un rôle à chacune : 3 personnes sont nécessaires en plus du responsable de la communication (une pour les portes ouvertes et la fête de la science, une pour les publications et les relations avec la presse et une pour les café scientifiques). [...]
[...] - Mettre en place les autres opérations aux dates choisies. - Refaire un sondage pour mesurer le pourcentage d'opinion favorable après 1 an puis après 2 ans (indicateur). On peut voir ainsi si les méthodes mises en place ont été efficaces. Durant toute cette période, des réunions hebdomadaires doivent avoir lieu pour réunir l'ensemble des personnes du service de communication ainsi que des responsables du CEA. - Dans une situation réelle, deux étapes sont à rajouter à ce protocole : 11. Action (mise en place du plan d'action) 12. [...]
[...] Utiliser les mêmes méthodes que Green Peace (méthodes qui ont fait leurs preuves) : entrisme, actions symboliques, suivi des dossiers, et utiliser des moyens autres et innovants Sélection de(s) l'idée(s) jouable(s) selon nos moyens Le CEA ayant de mauvaises relations avec les médias, il est délicat d'utiliser les communiqués de presse, achats d'espace et droits de réponse, qui peuvent se retourner contre eux. En revanche, il est important de mettre en place une action très rapide et symbolique, même si elle n'est que provisoire. Il serait en effet judicieux d'affecter une personne de façon permanente à la gestion de la communication. Employer une nouvelle personne serait préférable mais augmenter l'effectif du CEA alors qu'il est fortement remis en question peut s'avérer dangereux. [...]
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