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Hermès menacée par le capitalisme financier
a. Hermès en bourse
Depuis 174 ans, la marque de luxe la plus convoitée du monde poursuit une croissance commerciale remarquable. Hermès est en effet maintenue depuis toujours en cohésion parfaite grâce aux membres de la famille du créateur. Cette stratégie en a fait un modèle d'indépendance et une marque quasiment invulnérable dans le domaine du luxe.
Mais comme dans toute entreprise connaissant un succès durable et une croissance permanente, le développement à l'international est une étape obligatoire. Dans le cas d'Hermès, l'internationalisation commence réellement avec Jean-Louis Dumas dans les années 80 puis 90. Cette phase d'expansion à travers le monde s'accompagne naturellement d'un fort besoin de financements extérieurs. Ainsi, en 1993, le groupe Hermès a décidé d'introduire son capital en Bourse.
Le groupe Hermès est depuis toujours considéré comme une « forteresse imprenable », notamment grâce à son statut juridique de commandite par actions, adopté en 1989. Cette structure est depuis 21 ans le bouclier principal d'Hermès contre les OPA. Elle présente l'avantage indéniable de séparer le pouvoir du capital. Autrement dit, la prise de contrôle d'une partie du capital par un nouvel actionnaire (appelé commanditaire) ne remet pas en question la direction de l'entreprise (dite commanditée), seule habilitée à prendre les décisions en termes de gestion. Sachant qu'il est rare de souhaiter investir dans une entreprise sans avoir la possibilité d'en contrôler la stratégie, cette méthode dissuade les potentiels émetteurs d'OPA, qu'elles soient amicales (concertées) ou hostiles (non sollicitées). Hermès est loin d'être le seul exemple; parmi les entreprises du Cac 40, Michelin ou Lagardère ont également opté pour ce statut.
Les dirigeants d'Hermès, toutes générations confondues ont toujours revendiqué le fait que le groupe n'était pas à vendre.
L'entrée d'Hermès en bourse en 1993 était inévitable, mais elle a un caractère très paradoxal. D'une part, l'appel à des financements extérieurs (ici sur les marchés boursiers) traduit une réelle volonté de croissance, notamment financière, de la part du groupe. Mais, malgré ces avantages, une société cotée en bourse se voit céder une partie de son capital au domaine public, ce qui, dans le cas d'Hermès, peut représenter une faille dans les remparts de la forteresse. (...)
[...] Il n'y a donc pas de soucis à se faire, la pérennité du groupe n'est nullement remise en question par la présidence de Patrick Thomas. Le problème, c'est qu'on ne sait pas vraiment qui est réellement le patron parmi tous les membres familiaux disséminés aux postes clés du groupe. Patrick Thomas le dit lui-même, sa mission première est d'assurer un intérim de qualité avant qu'un membre de la famille ne vienne prendre sa place, lorsque le clan Hermès se sera mis d'accord. [...]
[...] M. Thomas assure donc une sorte de régence de la maison. Cette nomination suscite des réactions très contrastées. Un homme qui n'est pas issu de la famille pourrait faire basculer toutes les habitudes de la maison. Mais il n'en est rien. Certes Patrick Thomas n'a pas les qualités que l'on attribuait à M. Dumas, mais il en a d'autres. Il est notamment un brillant stratège, doté de connaissances très avancées dans le domaine de la finance et de la gestion. [...]
[...] Une rumeur court sur le fait que M. Arnault désire plus que tout remplacer le H de Hennessy par celui de Hermès En tant que 7ème fortune du monde, celui-ci est perçu comme un homme avide, concentré sur sa fortune personnelle plus que sur le succès d'un projet comme Hermès. Il est vrai que l'homme d'affaire adopte depuis plusieurs années une politique de développement horizontal en rachetant à tour de bras les marques les plus demandées et les rentables de la planète. [...]
[...] Elle présente l'avantage indéniable de séparer le pouvoir du capital. Autrement dit, la prise de contrôle d'une partie du capital par un nouvel actionnaire (appelé commanditaire) ne remet pas en question la direction de l'entreprise (dite commanditée), seule habilitée à prendre les décisions en termes de gestion. Sachant qu'il est rare de souhaiter investir dans une entreprise sans avoir la possibilité d'en contrôler la stratégie, cette méthode dissuade les potentiels émetteurs d'OPA, qu'elles soient amicales (concertées) ou hostiles (non sollicitées). [...]
[...] déclare Patrick Thomas. Malgré tous les efforts entrepris par Hermès pour convaincre M. Arnault de revendre ses parts, celui-ci devient le deuxième actionnaire du groupe, après la famille, et le premier actionnaire individuel (les héritiers ne possédant pas plus de chacun). Très logiquement, le financier devrait grappiller peu à peu les parts du groupe, afin de réaliser une plus-value dans un premier temps, puis pour en prendre le contrôle in fine. Selon ses dirigeants, Hermès n'est qu'une nouvelle proie à son tableau de chasse, et sa détermination est certainement aussi forte que lors de ses précédents raids[2] sur Louis Vuitton ou Moët-Hennessy, qui lui ont valu le surnom de loup en cashmere Au-delà du face à face, cette affaire met en lumière certaines faiblesses en matière de lois boursières et de contrôle sur les pratiques financières. [...]
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