Comment faire pour développer et pérenniser l'autonomie financière de l'association des Restaurants du Coeur, au niveau local ?

Résumé du document

La France, en comparaison aux pays les plus pauvres du monde, semble être un pays plutôt privilégié, considéré comme l'un des plus riches.
Cependant, pour comprendre la violence avec laquelle la fracture sociale s'est installée sur le territoire, et avec elle la croissance des inégalités, il faut bien prendre en compte qu'elle fait suite à une période économique exceptionnelle que J. Fourastié avait baptisé de « Trente Glorieuses ». Il faut surtout avoir à l'esprit le destin de milliers de personnes qui sont tombées progressivement dans l'exclusion au fur et à mesure que l'exceptionnelle croissance qui a suivi la seconde guerre mondiale a fait place à une production de plus en plus exposée à la concurrence.

Sur le plan politique, une double révolution s'est opérée entre les deux guerres et au lendemain de la seconde guerre mondiale.
La première a consisté en l'application par l'état des principes de politique économique de Keynes (intervention de l'état dans l'économie).
La seconde est celle de la mise en place de « l'Etat providence ». L'état entendait garantir à tous les citoyens un niveau de vie décent en les protégeant contre les principales causes qui peuvent les empêcher de vivre une existence décente : la maladie, la vieillesse et le chômage.
L'Etat providence n'a pas seulement permis une amélioration sociale sans précédent, mais il a participé à la croissance économique des « Trente Glorieuses » en contribuant à maintenir la demande à des niveaux élevés. Les populations ont fini par devenir majoritairement urbaines et salariées. L'exode rural massif a fini de dépeupler les campagnes et a nourri la croissance des villes et des banlieues, avec les quartiers HLM bâtis dans l'urgence pour loger la main-d'œuvre venue des campagnes ou issue de l'immigration.

Malheureusement, à partir de la deuxième moitié des années 1970, le monde développé s'est enfoncé dans la crise, due à un ralentissement de la croissance, qui s'est manifesté essentiellement par une exclusion d'une partie importante de la population du monde du travail. La grande pauvreté s'est installée ainsi, à partir de la fin des années 1970, par l'enlisement d'une partie de la population active dans le chômage de longue durée.
La pauvreté, autrefois réservée plutôt à des groupes sociaux particuliers, est devenue un risque tangible qui peut, à présent, concerner un jour ou l'autre n'importe quel salarié, du fait de la multiplication des licenciements et l'augmentation des emplois précaires, alimentant un climat d'inquiétude grandissante.
Ainsi, les inégalités se creusent par la paupérisation d'une partie de la société, ce qui accentue désormais les écarts, même si la redistribution de la richesse par l'impôt et les prestations sociales ont permis d'en limiter l'ampleur en réduisant ces inégalités.
Selon Emmanuel Suard, si la pauvreté apparaît plus forte dans les pays du sud de l'Europe, la perception de cette pauvreté est également différente. La majorité de la population de ces pays méridionaux considère que la pauvreté est un état permanent et reproductible, mais que cette pauvreté n'exclut pas forcément l'individu des cercles sociaux traditionnels. En revanche, la pauvreté dans les pays du Nord se traduit souvent par une chute synonyme d'exclusion.
C'est donc, bien plus l'exclusion que la pauvreté qui devient un problème pour la société Française. Ainsi, la pauvreté n'est pas uniquement monétaire, mais elle provient de l'exclusion qui est engendrée par les inégalités. C'est le caractère cumulatif des injustices qui produit la souffrance sociale.