Management des risques psychosociaux, risques psychosociaux, suivie, étude de cas, prédispositions, dépression, situation psychique, victime, pression du management, mal-être au travail, rentabilité, individualisation
Emile Durkheim, dans "Le Suicide", Etude de Sociologie Livre II, a écrit qu' "il n'y a pas un suicide, mais des suicides. Sans doute, le suicide est toujours le fait d'un homme qui préfère la mort à la vie. Mais les causes qui le déterminent ne sont pas de même nature dans tous les cas […] Chaque suicidé donne à son acte une empreinte personnelle qui exprime son tempérament, les conditions spéciales où il se trouve et qui, par conséquent, ne peut être expliquée par les causes sociales et générales du phénomène."
En effet, il y a autant de causes de suicides qu'il existe de personnes se donnant la mort. Cependant, bien que chaque être humain ait son propre vécu et ses propres raisons « intérieures » de mettre fin à ses jours, l'environnement dans lequel il évolue influence ses choix et son mode de vie, et peut même altérer sa santé psychologique. Il est donc important de prendre en compte cet environnement lors de l'analyse d'un cas de suicide.
Nous avons choisi d'évoquer le cas du suicide d'un conseiller en patrimoine financier dans l'Aveyron, afin de traiter l'importance du management des risques psychosociaux dans un environnement en pleine mutation en ce moment : le secteur bancaire.
Le 21 janvier 2008, un employé est retrouvé mort dans une des agences BNP Paribas, à Villefranche-de-Rouergue. Cet homme de 45 ans, prénommé Daniel, était conseiller en patrimoine financier à la BNP Paribas depuis plus de vingt ans. Il était marié et avait deux enfants. Trois jours plus tôt, il avait rendez-vous avec deux responsables commerciaux afin de passer un entretien annuel et ainsi de comparer ses performances de l'année passée aux objectifs qui lui étaient fixés.
Cette réunion s'est très mal passée, car Daniel n'avait pas atteint ses objectifs commerciaux en matière de placements de produits financiers, et sa direction a jugé ses performances "non suffisantes". A cela, il a répondu qu'il ne voulait pas "entuber" ses clients et ne voulait pas leur proposer des placements à risque (comme des SICAV, des FCP…), car il estimait que le climat boursier était bien trop tendu. Une mutation a alors été évoquée lors de cet entretien, bien que la direction ait par la suite justifié que cette mutation n'était pas une sanction, mais plutôt "une façon de renouveler son travail."
Daniel a laissé trois lettres dans le but d'expliquer son geste : 1 pour ses enfants, 1 destinée à sa femme, dans laquelle il stipule subir des pressions et vivre dans un "contexte professionnel oppressant ", et une adressée au responsable régional du groupe d'Albi.
Son épouse a porté plainte contre X pour harcèlement moral, avec le soutien du syndicat des banques et assurances qui s'est porté partie civile. Voici un extrait de la lettre laissée à son épouse : « […] Je suis parvenu au fond d'un trou et je n'en vois pas la fin. J'ai aimé mon métier et je ne sais rien faire d'autre. Je ne vois pas d'avenir. Je suis broyé, laminé, humilié, fatigué. J'ai toujours respecté mes clients en essayant de rester le plus correct avec eux. De ce côté-là au moins on ne peut rien me reprocher »
Comble de l'ironie : le jour où Daniel se suicidait, les places boursières européennes et asiatiques plongeaient, touchées par la propagation du krach des subprimes aux Etats-Unis.
[...] Selon l'accord cadre européen contre le stress du 08/10/04. http://agora.qc.ca/thematiques/mort.nsf/Documents/Sigmund_Freud. Freudenberger & Richelson 1980, page 13. http://www.ladepeche.fr/ http://www.aveyron-mag.fr/ http://www.lefigaro.fr/ http://www.eco.rue89.com/print/7178 [14]http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/societe/20090122.OBS1030/meurt re_dune_employee_de_la_bred__tensions_avec_la_clie.html http://www.lepoint.fr/actualites-societe/2009-01-22/employee-de-banque- poignardee-a-paris-le-meurtrier-presume/920/0/309257 http://www.rue89.com/2008/03/16/suicides-dans-les-banques-de-la- douleur-et-du-debat Définition issue de http://www.capital-sante.fr/nos-produits-sante- travail/observatoire-stress.php. [...]
[...] Il était conseillé en patrimoine. Ses amis disaient de lui que c'était un bosseur et sa Direction semblait aussi aller dans ce sens, puisqu'il avait toujours été très bien noté par ses supérieurs (jusqu'à ce dernier bilan annuel). Il travaillait aussi le lundi (jour habituellement non travaillé dans les établissements bancaires, pour ne pas prendre de retard dans ces dossiers. Il était consciencieux dans son travail. Honnête avec ses clients, il ne voulait pas les entuber selon les dires de sa femme. [...]
[...] Mais au fil des ans, tout s'est dégradé. La recherche de la performance et, par-dessus tout, du profit, donne lieu à de fortes pressions. La direction générale de la banque donne ses objectifs et toute la hiérarchie, en cascade, transmet ses directives, jusqu'à l'exécutant. me souviens qu'après une dure journée de travail, il m'arrivait de rentrer chez moi avec la satisfaction d'avoir bien ‘bossé'. Mais ce sentiment du travail bien fait a disparu pour laisser place à une fatigue ‘malsaine', un sentiment de frustration et de découragement. [...]
[...] Pour conclure nous pourrons dire qu'il a été de ceux qui ont refusé que la banque devienne un grand casino qui joue l'argent des autres et ne fait plus son métier. C'était un homme intègre et loyal qui a refusé de voir derrière des comptes, des placements périlleux, des cartes et des résultats et de croire que l'argent n'est qu'une fin et non un moyen. La réponse de la BNP Paribas suite à cet événement Suite au suicide de Daniel Pintus, la société bancaire BNP Paribas a souhaité mettre en place un observatoire de gestion du stress[13] dans ses locaux, afin d'éviter de nouveaux drames de ce genre, mais aussi de prévenir les comportements à risques. [...]
[...] Il nous a semblé pertinent de parler de l'impact d'un mauvais management des risques psychosociaux dans un secteur qui subit actuellement de grands bouleversements. En effet, le secteur bancaire connaît non seulement des modifications dans les méthodes de travail, puisqu'on demande de plus en plus aux conseillers clientèles de réaliser des objectifs de vente de produits financiers, mais il connaît également des mutations structurelles, avec les différentes fusions entre grands groupes bancaires, sans vraiment préparer les employés aux divers changements qui les attendent (modification de la fiche de poste, changement de matériel informatique, modification de l'organisation des équipes, probable licenciement en cas de doublons, etc . [...]
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