Industrie du luxe français, Chine, libéralisation économique, politique d'ouverture de marché, économie de marché, croissance des investissements, société de consommation chinoise, disparités régionales, circuits de distribution, circuits d'importation
« Le jour où la Chine s'éveillera… » disait-on il y a quelques années, en laissant planer une menace géante sur la planète. Or, cet immense pays s'est bel et bien éveillé. Et il s'agit de s'interroger sur les conséquences que cela peut avoir sur la marche du monde et notamment sur les marchés économiques tels que celui du luxe « à la française ».
Colosse démographique (1,3 milliard d'habitants), la Chine n'a entamé sa réforme économique qu'après la mort de Mao Zedong, à partir de 1978 quand Deng Xiaoping assuma le pouvoir. Fondé sur l'abondance d'une main d'œuvre peu payée, sur l'exportation de produits bon marché et sur l'afflux d'investissements étrangers, son modèle de développement fut longtemps considéré comme « primitif », caractéristique d'un pays arriéré et tenu d'une main de fer par un parti unique.
Non seulement la Chine (toujours communiste) continuait de faire peur, mais, dans l'euphorie de la globalisation commençante et en peu de temps, elle était devenue une puissance exportatrice phénoménale ; et prenait la tête des exportateurs mondiaux de textile-habillement, de chaussures, de produits électroniques et de jouets. Ses produits envahissaient le monde.
Cette fureur exportatrice devait provoquer un spectaculaire décollage de la croissance qui, depuis deux décennies, dépasse chaque année les 9%. Cet essor a entraîné aussi, pour des millions de foyers, une augmentation du pouvoir d'achat et du niveau de vie ; et a favorisé la montée d'un véritable capitalisme chinois.
La masse démentielle des travaux engagés par l'État pour moderniser le pays et la nouvelle fièvre consommatrice des Chinois ont ajouté une nouvelle dimension à l'économie : en peu de temps, la Chine, qui faisait peur comme puissance exportatrice envahissante, est devenue un ogre importateur dont la voracité semble insatiable.
Admise au sein de l'Organisation Mondiale du Commerce en 2001, la Chine est désormais l'une des plus grandes économies du monde. Il est important de comprendre cet autre essor chinois, celui du pouvoir de consommation d'un marché de plus d'un milliard d'habitants, et notamment ses conséquences sur un des fleurons de l'économie française : l'industrie du luxe. Ainsi nous nous demanderons quelles sont les réelles opportunités et les dangers nés de ce bouleversement économique chinois ; et comment les entreprises françaises peuvent en profiter ?
Nous allons, dans un premier temps, évaluer les différents aspects du marché du luxe dans ce pays afin de comprendre comment les grandes marques françaises ont pu pénétrer ce marché à partir des années 1980. Puis, nous verrons le potentiel du marché chinois notamment les habitudes de consommation et les modes de distribution.
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[...] - Fin des années 90 : Les classiques, Hermès, Cartier, Chanel, Armani et les modernes, Jean-Paul Gaultier et Jean-Louis Scherrer déjà présents depuis plusieurs années à Hong Kong et Taiwan, arrivent en Chine et ouvrent leurs premiers showrooms. Le marché chinois est aujourd'hui moins animé par l'envie de posséder un bien rare et précieux que par le besoin de montrer une réussite sociale depuis la récente émergence d'une classe de nouveaux riches. Ceci explique que la frontière entre le haut de gamme et le luxe s'avère souvent subtile. [...]
[...] Cette population constitue la cible principale des produits haut de gamme ou importés. Elle a évolué en même temps que l'ouverture progressive de la Chine sur l'extérieur, et a donc vécu dans le changement et le progrès permanents et n'a guère connu l'austérité du régime. Les valeurs d'aujourd'hui sont souvent influencées par une forte volonté de réussite individuelle, un certain pragmatisme ainsi qu'une plus grande simplicité dans les conventions. Le respect pour l'ordre établi et pour les valeurs de groupe disparaît progressivement, tandis qu'une certaine liberté d'expression voit le jour. [...]
[...] On estime que d'ici 2010, la classe moyenne représentera plus de 500 millions de consommateurs en Chine. Une classe urbaine en grande expansion, des réformes économiques constantes et l'adhésion à l'Organisation Mondiale du Commerce rendent ce marché, déjà énorme, encore plus attrayant pour les entreprises françaises. La population chinoise Généralités La Chine séduit les hommes d'affaires occidentaux depuis des siècles notamment à cause de sa vaste étendue. Mais on aurait tort de considérer la Chine comme un marché unique composé de 1.3 milliards de clients potentiels. [...]
[...] Enfin, on considère souvent que le consommateur du Guangdong se différencie des Chinois du Nord par l'importance q'il accorde à la restauration : le cantonais préfère bien manger plutôt que bien s'habiller. Le consommateur Pékinois Le consommateur du Nord de la Chine est un consommateur plutôt averti. Le prix n'est pas un critère de choix déterminant. Il apprécie le beau et accorde beaucoup d'importance à la qualité. Le consommateur de Pékin est souvent sous l'emprise d'un achat d'impulsion. Les Pékinois sont les chinois les plus grands et les plus robustes. [...]
[...] Les conditions climatiques ou encore la dimension culturelle doivent être prises en compte dans un pas aussi large et diversifié que la China. Les habitants du Nord de la Chine dépensent plus que ceux du Sud dans les produits de soins comme le prouve le tableau ci- dessous : Dépenses moyennes annuelles/habitant en cosmétiques en 2000 Source : Mission économique de Canton Les dépenses moyennes par habitant s'élèvent à 26.3 CNY par an en province contre 65 dans les villes). [...]
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