Art de la Guerre, Sun Tzu, stratégie, entreprise, PESTEL, Chine, chinois, auteur
Ayant suivi le module « stratégie d'entreprise » en première année de master en France, j'ai suivi un module de « management stratégique » lors de mon année universitaire en Chine pour compléter mes connaissances. Les concepts de base étudiés sont les mêmes. Cependant, l'approche est très différente et une partie importante du module est consacrée à l'étude des auteurs chinois classiques, notamment Sun Tzu (Sunzi), Confucius (Kongzi) et Lao Tseu (Laozi) [D'autres chapitres majeurs sont relatifs à la stratégie de l'océan bleu (blue ocean strategy) ? très prisée en Chine ?, aux travaux de Hamel et Prahalad, etc.]. J'ai eu ainsi la chance de pouvoir lire et étudier leurs ouvrages en chinois ? non sans difficultés car il s'agissait de chinois classique soit l'équivalent du latin par rapport au français. Cette expérience m'a beaucoup marquée c'est pourquoi j'ai choisi de baser mon mémoire de seconde année de master sur l'Art de la Guerre de Sun Tzu. Je présente ci-dessous l'auteur, son ouvrage, ma démarche et mon plan.
La biographie de Sun Tzu nous est rapportée par Si Maqian, un lettré chinois de la Dynastie des Hans [c'est-à-dire trois à quatre siècles plus tard]. Sun Tzu a vécu dans l'Etat de Qi durant la Période des Printemps et Automnes, ce qui correspond à la première moitié de la dynastie des Zhou de l'Est. Il aurait donc vécu vers le sixième siècle avant Jésus-Christ. Il a été Général pour le compte du roi Helü de l'Etat de Wu, alors en guerre contre l'Etat de Chu. De manière générale, cette période est caractérisée par de nombreuses guerres car la (future) Chine est alors constituée de nombreux Etats féodaux rivaux. Sun Tzu a rédigé son traité de stratégie, l'Art de la Guerre, grâce à son expérience en tant que Général.
Sun Tzu, ou Wu Sun de son vrai nom, a rédigé l'Art de la Guerre en « à peine » 7500 caractères chinois, ce qui est considéré comme relativement concis. Cet ouvrage est composé de treize chapitres, chaque chapitre traitant d'un thème relatif à la guerre : chapitre 1 Supputations (shiji diyi), chapitre 2 Opérations (zuozhan dier), chapitre 3 Combattre l'ennemi dans ses plans (mougong disan), chapitre 4 Les formations militaires (junxing disi), chapitre 5 Puissance stratégique (bingshi diwu), chapitre 6 Vide et plein (xushi diliu), chapitre 7 L'engagement (junzheng diqi), chapitre 8 Les neuf retournements (jiubian diba), chapitre 9 L'armée en campagne (xingjun dijiu), chapitre 10 Le terrain (dixing dishi), chapitre 11 Les neuf sortes de terrain (jiudi dishiyi), chapitre 12 Attaques par le feu (huogong dishier) et chapitre 13 L'espionnage (yongjian dishisan). L'ouvrage a été traduit pour la première fois par un jésuite français au XVIIIème siècle.
Rédigé par Sun Tzu vers le Vème siècle avant Jésus-Christ, cet ouvrage précurseur reste encore aujourd'hui d'actualité. Par exemple, dans le chapitre 3 Opérations, Sun Tzu met déjà en avant la nécessité de l'analyse de l'environnement interne et externe (respectivement soi et l'autre, dans le texte original) : « Qui connaît l'autre et se connaît, en cent combats ne sera point défait ; qui ne connaît l'autre mais se connaît, sera vainqueur une fois sur deux ; qui ne connaît pas plus l'autre qu'il ne se connaît sera toujours défait ».
Mais l'Art de la Guerre reste fondamentalement un traité militaire ; les concepts et les modèles qu'il propose nécessitent d'être adaptés aux conditions économiques actuelles pour être utilisés en stratégie d'entreprise. Je souhaite dans ce mémoire reprendre les concepts et modèles clés de l'analyse stratégique et de la mise en place de la stratégie d'une entreprise et, pour chaque concept, présenter les concepts et les modèles de l'Art de la Guerre de Sun Tzu et les mettre en parallèle avec des travaux de recherche plus modernes pour pouvoir évaluer leur pertinence, leurs apports et leurs limites. Mon mémoire présente donc une relecture actualisée de l'Art de la Guerre sous un angle critique ? c'est-à-dire en mettant en valeur tant les aspects positifs que les aspects négatifs.
Mon mémoire s'organise selon une structure qui est courante dans le domaine de la stratégie d'entreprise (notamment dans les études de cas) : il traite en premier lieu de l'analyse de l'environnement concurrentiel puis en second lieu de la détermination et de la mise en place de la stratégie. La partie relative à l'analyse de l'environnement concurrentiel traite de l'environnement externe et interne. La partie relative à la détermination et à la mise en place de la stratégie détaille les principes de détermination de la stratégie et les conditions de succès de sa mise en place (...)
[...] The core competence of the corporation http://tle- inc.com/PDFS/FILES/resources/The%20Core%20Competencies%20of%20the%20Corp.pdf On peut citer ici les propos visionnaires de Mei Yaochen (梅尧臣), un des annotateurs de Sun Tzu : On forme ses plans au-dedans et l'on crée les conditions stratégiques au-dehors afin qu'elles contribuent à la victoire (“定计于内,为势于外,以助成胜。”). Texte : Sun, W., Cao C. et al. Onze auteurs annotent Sun Tzu, corrigé et collationné, Maison de publication de la Chine (孙武,曹操等,十一家注孙子校理,中华书局,1999年). Traduction : Sun, W. L'Art de la Guerre. Traduit du chinois et commenté par Jean Lévi, Editions Hachette Métais, E. et Roux-Dufort, Ch. Vision stratégique et formes d'apprentissage organisationnel : des stratégies d'adéquation aux stratégies d'intention. http://www.strategie-aims.com/montreal/mtais-ro.pdf Sun, W. [...]
[...] L'Art de la Guerre. Traduit du chinois et commenté par Jean Lévi, Editions Hachette [151] L'Art de la Guerre, chapitre 11 Les neuf sortes de terrain (九地第十一) : Une terre de communication est une portion d'une principauté qui, en jouxtant trois autres, assure au premier arrivé le soutien des armées des seigneurs ( ) Faites votre jonction en terrain de communication ( ) Si la région présente des voies d'accès ouvrant de tous les côtés, c'est une terre de communication ( ) en terrain de communication, je consolide les alliances (“诸侯之地三属,先至而得天下众者,为衢地;( )衢地则合交( )四彻者,衢地也 )衢地吾将谨其恃,”). [...]
[...] Même si l'ouvrage de Sun Tzu reste visionnaire en matière de stratégie, le concept de vision est un concept qui a beaucoup évolué. On présage de l'importance et de la puissance de la vision fait-elle [l'armée d'un roi dominateur] planer une menace sur un de ses voisins que les autres puissances n'osent nouer avec lui des alliances mais la profondeur du concept et l'impact possible sur l'environnement concurrentiel ont été développés bien plus tard. De plus, la vision prudente est un aspect qui a été détaché du concept de la vision actuel. [...]
[...] L'Art de la Guerre. Traduit du chinois et commenté par Jean Lévi, Editions Hachette [149] L'Art de la Guerre, chapitre 11 Les neuf sortes de terrain (九地第十一) : Une terre de confrontation est celle dont la possession est profitable à chacune des deux parties ( ) N'attaquez pas en terre de confrontation ( ) en terrain de confrontation, je presse leurs arrières [les arrières des soldats] (“我得亦利,彼得亦利者,为争地;( )争地则无攻( )争地吾将趋其后”). Texte : Sun, W. L'Art de la Guerre (孙子兵法). Traduction : Sun, W. [...]
[...] On pourrait ici rapprocher les recommandations de Sun Tzu de la stratégie de focalisation basée sur la différenciation dans le sens où il ne prône pas une focalisation aveugle mais faisant suite à une analyse rationnelle et approfondie de l'environnement et à des moyens plus ou moins réguliers (notamment, l'usage des espions détaillé ci-après). Table 5 - Les trois stratégies génériques selon Mickael Porter Le fait que Sun Tzu prône une stratégie de focalisation est très discutable. On peut toutefois expliquer le fait que les types de stratégies offensives soient peu développées dans l'Art de la Guerre dans le sens où Sun Tzu la déconseille fortement et préfère une stratégie de victoire sans combat (Cf. Partie I). [...]
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