Devoir social, entrepreneur, responsabilité sociale de l'entreprise, entrepreneuriat, communications d'entreprise, paternalisme, responsabilisation collective, marketisation, légifération
L'entrepreneur a longtemps eu une place prépondérante dans l'entreprise et plus globalement dans la réussite économique. Le capitalisme s'est développé autour de l'entrepreneur schumpetérien, avide de nouveaux défis, voulant s'enrichir en révolutionnant le monde.
Les self made men américains tels Rockefeller ou Ford sont à l'image de cet entrepreneur schumpétérien : décideur principal des actions de son empire, l'entrepreneur donne la direction à son entreprise.
Cependant, au fil du temps l'entrepreneur schumpétérien a laissé place à un nouveau modèle de gestion de l'entreprise : le manager. La gestion de l'entreprise se complexifiant, l'entreprise a eu recours de plus en plus à des experts de la gestion d'entreprise, divisant par là même occasion l'ensemble des missions de direction de l'entreprise. C'est une nouvelle hiérarchie et donc une nouvelle organisation qui a donc vu le jour, donnant une place nouvelle à l'entrepreneur devant désormais coopérer avec de nombreux acteurs de l'entreprise. Parfois même, l'entrepreneur se voit déposséder de son entreprise par un capital disséminé. L'entrepreneur d'aujourd'hui n'est donc plus le même qu'au début du capitalisme. Si auparavant les décisions passaient par lui, aujourd'hui son rôle est beaucoup plus dissous et désormais, c'est l'entreprise dans son ensemble qui décide, qui agit. Il faut maintenant penser entreprise et non plus entrepreneur.
Ce changement de statut de l'entrepreneur n'est pas anodin pour notre réflexion, en effet l'entrepreneur s'il pouvait à l'origine agir en vue d'une mission sociale, se voit aujourd'hui beaucoup plus restreint dans ses décisions et doit composer avec l'ensemble des acteurs de l'entreprise.
Second axe de réflexion que nous retrouverons tout au long de ce rapport, la nuance entre « devoir » et « responsabilité ». Si en ce qui concerne le paternalisme et l'ensemble des formes anciennes de responsabilité sociale de l'entreprise, nous pouvons parler de « devoir social », aujourd'hui il semble plus d'actualité de parler de « responsabilité ».
Le devoir social implique une dimension catholique, l'Eglise ayant au début du 20éme siècle encore une très importante place, il semble normal que certains entrepreneurs se soient sentis remplis d'une mission sociale. Le catholicisme laissant une place ambiguë à l'argent, beaucoup mieux définie dans la religion Protestante, les nouveaux entrepreneurs de ce modèle croissant qu'était le capitalisme devaient accorder leur volonté d'enrichissement et leurs convictions religieuses.
Aujourd'hui avec un niveau de croyance en déclin et un individualisme croissant, nous sommes dans l'ère de la responsabilité sociale, c'est à dire la responsabilisation de chacun face aux effets de ses actes et de ses décisions. Alors que la dimension religieuse a disparu, nous pouvons penser qu'une dimension de justice est apparue. Reprenant une célèbre citation « Responsable mais pas coupable » (Georgina Dufoix, TF1 Novembre 1991), parler de responsabilité, c'est poser les bases d'une culpabilité et envisager pourquoi pas une sanction. Alors que le devoir social vous met face à la justice des dieux, parler de responsabilité aujourd'hui c'est se mettre face à la justice des hommes. Nous réfléchirons à ce glissement du devoir social vers la responsabilité sociale.
Nous comprenons donc à partir de ces deux points que nous avons affaire à un phénomène évolutif. S'interroger sur le « devoir social de l'entrepreneur », c'est avant tout comprendre les évolutions de ce concept en fonction des modifications structurelles du capitalisme comme par exemple la place accordée à l'entrepreneur. Nous sommes donc amenés à nous poser la question de la relation entre ce concept ancien qu'est le devoir social et ce terme contemporain très à la mode aujourd'hui qu'est la responsabilité sociale.
Parler du devoir social de l'entrepreneur d'antan, est-ce parler aujourd'hui de responsabilité sociale de l'entreprise ?
Afin de répondre à cette question centrale et donc de comprendre les évolutions passées et les tendances à venir autour de ces concepts de « devoir social » et de « responsabilité sociale », je vous propose de montrer en première partie que le devoir social, est un concept ancien laissé à l'appréciation de l'entrepreneur, puis dans une seconde partie nous nous attacherons à prouver que La responsabilité sociale (RSE) est un concept contemporain intégrant bien plus que l'entrepreneur. Enfin dans une troisième et dernière partie, nous nous poserons la question des enjeux grandissants autour du concept de la RSE, qui devient de plus en plus un passage obligé et donc nous nous demanderons si nous tendons vers une contrainte sociale.
[...] Les doctrines théoriques et religieuses vont donc dans le sens d'une réponse à la condition sociale. L'ouvrier était perçu comme de nature mauvaise par son patron au 19éme siècle, le paternalisme était alors un moyen de rendre bon l'ouvrier au côté d'un bon patron Bon patron certes mais malgré tout le patron considère qu'il faut soumettre (L'ouvrier) aux tenailles de la nécessité afin de ne pas tomber dans le biais de la paresse. Enfin une conjoncture sociale et économique a favorisé l'apparition du paternalisme. [...]
[...] M Friedman ne fait finalement que reprendre et diffuser un message qui était déjà celui de T. Levitt en 1958. Ainsi dans The dangers of Social Responsability (un titre très évocateur publié dans l'Harvard Business Review, Septembre-Octobre 1958, on peut lire : Le bien être et la société ne sont pas l'affaire de l'entreprise. Son affaire est de faire de l'argent, pas de la musique douce. Il en va de même pour les syndicats. Leur affaire est de s'occuper des moyens de subsistance de leurs adhérents et du droit du travail. [...]
[...] Pour cela il faut dès à présent s'atteler à éloigner toutes les déviances qui apparaissent autour de ce concept nouveau et porteur qu'est la RSE. Cadrer les communications des entreprises en matière de RSE, ou encore limiter le pouvoir directif des Etats en matière de RSE sont deux enjeux que nous avons commencé à aborder. Ce n'était pas l'objet de notre travail de comparaison de deux concepts, malgré tout mettre en lumière les risques auxquels s'expose la RSE n'en est pas moins intéressant. [...]
[...] C'est donc bien un arsenal législatif qui est mis en place afin de proposer aux ouvriers une palette de prestations sociales améliorant leur qualité de vie. Ce que désormais nous appelons communément des acquis sociaux verront le jour tout au long du 20éme siècle avec pour apogée le 4 Octobre 1945 et la création en France de la sécurité Sociale. La fin du 20éme siècle voit apparaître un retour très marqué des théories libérales. Ce retour à des idées libérales s'est notamment traduit par des politiques libérales freinant la générosité de l'Etat providence et donnant aux entreprises un rôle central dans la société. [...]
[...] Nous savons bien aujourd'hui que la prise de conscience par les politiques américains et européens des enjeux écologiques n'est pas la même et qu'en conséquent les exigences qualitatives en matière d'environnement ne seront pas les mêmes sur les deux continents. De plus la RSE s'applique au travers des filiales, c'est pourquoi il faut aussi que l'entreprise responsable fasse attention à la souveraineté de chaque Etat et qu'elle n'impose pas des mesures de RSE contraires aux décisions du pays dans lequel se trouve sa filiale Comment mesurer des performances non économiques ? La RSE a trois volets : l'économique, l'environnemental et le social. Il est bien souvent simple de quantifier les résultats des efforts en matière de responsabilité économique. [...]
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