Profil de poste, contrôleur de gestion, prise de décision, managers opérationnels, objectifs de l'organisation, grande, gestion d'EDF, Gaz de France, EDF, GDF, Électricité
Dans l'esprit de la grande majorité des individus, y compris les managers opérationnels, le contrôleur de gestion est en premier lieu un contrôleur, c'est à dire celui qui exerce un contrôle, une vérification. Les synonymes proposés par le dictionnaire sont éloquents : « inspecteur, vérificateur, aiguilleur et mouchard ».
Pour des non spécialistes, le rôle et l'activité du contrôleur de gestion sont donc assez flous et, à priori, peu glorieux. Mais, même pour les « spécialistes », nous constatons aussi une source de confusion : celle entre le contrôle de gestion et le contrôleur de gestion.
En effet, se référer à la définition du contrôle de gestion pour construire sa présentation du contrôleur de gestion peut amener à un contresens. Le contrôle de gestion est défini par R. Anthony (1965) comme « le processus par lequel les managers obtiennent l'assurance que les ressources sont obtenues et utilisées de manière efficace et efficiente pour la réalisation des objectifs de l'organisation ». L'acteur central du contrôle de gestion est donc le manager et non le contrôleur de gestion. Le métier des contrôleurs de gestion ne recouvre en fait qu'une partie du contrôle de gestion (Bouquin et Pesqueux, 1999). Bouquin (2001) précise que le contrôleur de gestion intervient dans le processus de contrôle de gestion comme son architecte et son animateur. Pourtant, les contrôleurs de gestion sont souvent accaparés par d'autres tâches variées comme la gestion financière, l'informatique, la comptabilité, ... Anthony (1965) nous dit que c'est commettre une grave erreur que d'imaginer que le contrôleur exerce le contrôle.
Dans l'activité des contrôleurs de gestion, deux rôles sont fréquemment distingués : celui de technicien, en charge de la collecte de l'information et de la maintenance du système, et celui d'aide à la décision. Le rôle du technicien isolé dans son bureau semble aujourd'hui révolu, le contrôleur de gestion doit devenir un partenaire actif dans la prise de décision et se rapprocher de l'activité opérationnelle. C'est à cette condition que les analyses qu'ils fournissent aux managers opérationnels seront jugées utiles pour la prise de décision.
Les contrôleurs de gestion pâtissent donc d'un titre plutôt mal perçu, sans pour autant bénéficier du pouvoir supposé de la fonction. Pour les revues professionnelles, ils sont devenus de véritables partenaires des managers. De nombreuses questions se posent alors. Quel type de relations entretiennent-ils avec les opérationnels ? Quels sont leur rôle et leur place dans l'organisation ? Et donc, il y a t'il un rattachement idéal de la fonction contrôle de gestion ? Existe t'il un profil de poste type du contrôleur de gestion ?
Ces questions nous amènent à la question suivante : Existe-t-il un profil de poste type du contrôleur de gestion et quels sont les critères déterminants de la fonction au sein d'une grande entreprise ?
Nous répondrons à notre problématique en deux étapes. La première partie propose une synthèse de la littérature nous permettant de définir un profil type du contrôleur de gestion. Ce profil type issu de cette revue de la littérature est ensuite testé et enrichi dans la deuxième partie grâce à une étude exploratoire réalisée auprès de cinq contrôleurs de gestion d'EDF - Gaz de France Distribution et de Gaz de France.
[...] Les contrôleurs de gestion confirment les difficultés associées à leur rattachement. Ils témoignent de situations parfois conflictuelles avec les responsables locaux et aucun ne semble se targuer d'avoir pu bénéficier spontanément d'une image de « business partner » telle quelle est décrite dans les revues professionnelles. L'établissement de relations solides avec les managers est toutefois reconnu comme crucial, notamment pour la fiabilité de l'information. Les entretiens menés ont enfin fait apparaître la véritable douleur que cette situation suscite chez certains contrôleurs de gestion et des stratégies individuelles qu'ils mettent en œuvre afin de résoudre la profonde dissonance cognitive dans laquelle ils se trouvent. [...]
[...] Nous avons pu définir 3 rôles types du contrôleur de gestion selon son implication dans la prise de décision et son interaction avec ses interlocuteurs : 1. Rôle technique, de planification : Implication faible dans la prise de décision et faible interaction Rôle d'animation : Implication faible dans la prise de décision mais interaction forte avec ses interlocuteurs Rôle de conseil : Implication forte dans la prise de décision et forte interaction avec ses interlocuteurs. Tous les contrôleurs rencontrés s'accordent à dire que fiabiliser la circulation et le contenu de l'information est leur mission principale. [...]
[...] Une telle conception fait du contrôleur de gestion un membre de la direction financière, chargé d'une fonction de vigilance financière, dont l'évolution éventuelle du rôle n'est alors conçue que comme impliquant une évolution de la fonction financière en général. En France, le directeur du contrôle de gestion peut avoir en charge, dans une grande entreprise : les services d'organisation administrative, l'informatique, les services budgétaires, les services comptables, l'audit interne, les études économiques et les statistiques, et le service du plan à long terme. [...]
[...] « Qui d'autre que le contrôleur doit faire le contrôle ? » Pourtant, pour les contrôleurs, les qualités associées à leur fonction sont essentiellement relationnelles : savoir établir des relations de confiance, savoir motiver ses interlocuteurs, savoir rester vigilant sur les fautes de gestion, savoir faire preuve d'autorité et se montrer ferme. Or, les annonces d'emplois comme les projets des contrôleurs se focalisent sur les aspects techniques. Ardoin et Jordan (1979) ont identifié, dans les annonces d'offres d'emploi en particulier, une « préférence » pour le deuxième axe des missions du contrôleur : « De manière très pragmatique, on peut observer que les descriptions de fonction relevées notamment dans les offres d'emploi font état des compétences et de l'expérience du contrôleur dans le maniement des techniques ». [...]
[...] Quand tu travailles sur l'outil informatique avec eux, ils voient que tu t'implique pour eux, donc ils se disent : « Il travaille pour nous », donc ça ne pose pas de problème. » (S. contrôleur de gestion centre EGD Paris) Dans de nombreuses situations, les contrôleurs de gestion passent très rapidement d'une image à une autre : « La confiance avec un opérationnel est à double tranchant, parce qu'on fait des études, qui sont vraiment des études de rentabilité, où le principe est : « On va gagner de l'argent ensemble » et du contrôle budgétaire : « On vous a donné tant, il ne faut pas que vous dépassiez ce budget ». [...]
Référence bibliographique
Source fiable, format APALecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture