Gestion des ressources humaines, étude comparée, modèle français, modèle luxembourgeois, sécurité sociale, salaires, niveaux de vie, plein-emploi, jeunes, seniors, indemnités de chômage, travailleurs pauvres, licenciements, productivité, rémunération
Les français sont quasiment convaincus que le Luxembourg est un département français. A ce titre, nous avons l'impression que les régimes de sécurité sociale, les salaires, les niveaux de vie sont les mêmes ou au moins équivalents.
Comment dans ce cas expliquer ces 135 000 français qui travaillent au Luxembourg et qui passent la frontière tous les jours. A titre d'illustration, la SNCF l'a bien compris avec tous les jours ces 18 trains entre 7h00 et 9h00 qui partent de Metz à destination de Luxembourg Ville. Les différences entre les deux pays sont beaucoup plus marquées que l'on pourrait le penser. Il est intéressant pour s'en rendre compte de voir ce que dit un luxembourgeois à travers l'OGBL (Confédération Syndicale Indépendante du Luxembourg) :
« Dans les semaines passées, la situation sociopolitique au Luxembourg s'est aggravée suite aux licenciements économiques et aux fermetures chez Villeroy & Boch, TDK et la WSA. (…) Ces évolutions n'ont rien à faire avec un soi-disant manque de flexibilité ou avec des salaires trop élevés; elles relèvent de la politique mondiale de globalisation.
Les salariés, qui contrairement aux grands patrons et aux politiciens ne profitent pas d'aussi nombreuses protections, se font reprocher de ne pas être assez flexibles et de coûter trop cher. De plus, nous constatons que les licenciements collectifs servent de prétexte à certains patrons pour passer à une attaque frontale contre les salaires, l'indexation des prix, le droit du travail et les pensions. »
Il faut bien entendu avoir conscience qu'il s'agit du propos d'un syndicaliste mais il est intéressant de noter plusieurs choses. D'une part, que les syndicats ne remettent pas en cause le système… On pourrait en déduire que celui-ci est donc légèrement différent voire meilleur que le système français. D'autre part, on parle de manque de flexibilité, de salaires trop élevés, de droit du travail et de coût de la vie, toutes ses problématiques sont donc d'actualité et directement lié à ce qui nous intéresse, la gestion des ressources humaines.
Pour aborder cette comparaison entre la France et le Luxembourg, nous allons, dans un premier temps, nous intéresser à la statistique préférée des médias, le chômage, nous verrons les enjeux, la spécificité du cas luxembourgeois et nous aborderons le thème de la précarité. Dans un second temps, nous aborderons les problématiques de la rémunération du coût de la vie. Enfin, nous verrons quelques informations sur la gestion des carrières et des retraites.
[...] En effet, la suprématie du Luxembourg est liée au fait qu'il y a beaucoup de grosses entreprises et peu de PME mais également liée à la domination des métiers de la banque qui sont à forte valeur ajoutée. En marge de cette productivité, force est de constater que les coûts salariaux luxembourgeois sont parmi les moins chers par rapport à ses voisins européens. Cependant, regardons plus avant et constatons que le coût unitaire du travail est particulièrement intéressant, puisqu'il met en parallèle l'évolution des salaires et celle du PIB. [...]
[...] En d'autres termes, il s'agit du rapport entre le salaire du travailleur et la valeur qu'il produit par son travail. Le coût unitaire du travail connaît une tendance fortement baissière depuis 1985 dans tous les pays européens. En effet, entre 1985 et 2005, celui-ci a baissé de 10% au sein de l'Union Européenne. Le Luxembourg bien que connaissant le même phénomène le subit dans une moindre mesure. La principale raison est l'indexation des salaires sur la croissance du PIB. On peut également citer les deux raisons annexes de décalage par rapport aux statistiques européennes que sont la répartition PME/GE et la surreprésentation des métiers de la banque. [...]
[...] Le piège du chômage mesure quel pourcentage de la rémunération brute, lors du passage d'une période de chômage vers un nouvel emploi, est absorbé. Cette absorption a lieu par suite des effets combinés de l'accroissement des taux d'imposition et de cotisation sociale et de la perte des allocations. Ce taux vaut 88% dans le cadre du Luxembourg contre en France et 77% dans le reste de la zone Euro. Dans ces conditions, on constate un taux de chômage de longue durée qui est anormalement élevé. Ces statistiques sont visibles sur la page suivante. [...]
[...] Mathématiquement, cela provoque une montée artificielle du salaire médian. Ces deux phénomènes, grosses entreprises plus représentées et forte proportion de la population travaillant dans la banque, expliquent bien un salaire qui peut sembler très intéressant au premier abord. Concernant les autres secteurs économiques, on constate que le Luxembourg se situe le plus souvent dans une position intermédiaire par rapport à ses voisins, plus fréquemment devancé par la France et la Belgique ainsi que par l'Allemagne pour ce qui concerne l'industrie manufacturière. [...]
[...] En fait, la particularité vient des objectifs légèrement différents de ceux poursuivis par la France. En effet, au Luxembourg, le congé-formation est un congé spécial destiné à permettre aux travailleurs salariés, aux travailleurs indépendants et aux personnes exerçant une profession libérale de participer à des cours certes mais aussi de se préparer et de participer à des examens ou de rédiger un mémoire voire même d'accomplir tout autre travail en relation avec une formation reconnue par l'état. Très peu de contraintes sont imposées à ces salariés qui doivent être normalement occupés sur un lieu de travail situé sur le territoire luxembourgeois, être liés par un contrat de travail à une entreprise ou une association légalement établie et active au Luxembourg et avoir une ancienneté de service d'au moins 6 mois auprès de leur employeur au moment de la demande de congé. [...]
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