Psychologie, armée, problématiques militaires, psychologie militaire, stress au combat, lien armée-nation, opérations psychologiques, soumission à l'autorité
L'étude des combattants et de leur importance en tant qu'individus dans un conflit a fait l'objet de nombreuses études, civiles et militaires, dont un ouvrage fondamental du Colonel Charles Ardant du Picq, Etudes sur le combat. Cet ouvrage dépeint la guerre telle qu'elle était pratiquée à l'époque de son auteur, mais aussi la guerre moderne, telle qu'elle devrait être pratiquée par les militaires. L'idée maîtresse de ce livre est de démontrer que le combat repose avant tout sur l'être humain et notamment sur sa psychologie : « Il ne peut rien être sagement ordonné en matière de tactique, organisation, instruction, discipline, toutes choses qui se tiennent comme doigts de la main, si on ne prend comme point de départ l'homme et son état moral en cet instant définitif du combat» (Ardant du Picq 1880). En effet, pour le Colonel du Picq, la défaite est avant tout une rupture psychologique due notamment à la peur qui génère le désordre, la confusion et la panique. Pour lutter contre cette peur et prendre l'ascendant, il faut éduquer la force morale des soldats à travers la discipline, la confiance et la solidarité. Aujourd'hui encore le commandement militaire considère que la victoire se fonde sur une formation du soldat qui doit être solidement commandé par des officiers convaincus de leur rôle, d'autant plus convaincus que les soldats risquent leur vie. Que trouve-t-on dans la formation militaire qui permet de commander assez efficacement un soldat pour qu'il accepte de risquer, voire de perdre, sa vie ? Comment optimiser ses compétences pour qu'il puisse remplir au mieux sa mission ? La psychologie semble pouvoir répondre à ces questions.
Contrairement à une idée reçue, la psychologie et les problématiques militaires cohabitent depuis longtemps. Toutefois, la psychologique militaire est classiquement centrée autour de problématiques concernant le groupe (la cohésion, l'esprit de corps, la motivation, mais aussi le formatage, le conditionnement, la manipulation) et la stratégie (comprendre la psychologie de son adversaire pour mieux le combattre ou pour mieux négocier). Ce lien reste très fort, d'autant que le militaire est de plus en plus entraîné dans des conflits difficiles et stressants et que l'on relève un nombre grandissant de cas de combattants souffrant d'un état de stress post-traumatique, dont un des remèdes peut être l'utilisation d'outils psychologiques. Mais la société évolue vite et les outils psychologiques utilisés par les militaires doivent être renouvelés pour faire face à de nouvelles épreuves. L'objectif du mémoire présenté ici est de mettre en avant les liens qui unissent la psychologie et les militaires d'une part, ainsi que les insuffisances de cette « union » face aux nouvelles menaces et aux changements de la société.
La première partie de ce mémoire décrit les différents visages de la psychologie militaire. Il est en effet important de replacer dans le temps cette « discipline ». Après un bref historique de ce lien unissant la psychologie et l'Armée, concernant principalement le XXe siècle (ce siècle représentant celui de la naissance de la psychologie moderne), nous verrons comment la psychologie peut être utilisée afin de mieux comprendre, mieux sélectionner, et ainsi mieux former les soldats. C'est un point essentiel dans l'étude du lien qui unit la psychologie et l'Armée, car nous verrons que les outils psychologiques utilisés permettent une efficacité accrue des militaires ainsi recrutés et formés, et donc une meilleure réalisation, in fine, de la mission. Enfin, pour conclure cette partie concernant l'utilisation de la psychologie par les militaires, nous quitterons la psychologie du soldat pour nous intéresser à la psychologie militaire à un niveau national (fibre patriotique, recrutement, propagande) et international (politique étrangère, dissuasion, diplomatie).
La seconde partie de ce mémoire présente les nouvelles problématiques, militaires et non militaires, qu'il faut aborder aujourd'hui par la psychologie. Dans un premier temps, nous commenterons les effets psychologiques, sur le soldat, d'une société de plus en plus individualiste. Nous entrons dans une ère sociétaire tournée vers l'individu, son accomplissement social, familial et personnel, et on ne peut pas s'interroger sur la psychologie du combattant sans s'intéresser de près à l'individu et à son entourage. Il faut prendre en compte ces aspects de la vie d'un combattant dans la pratique du commandement et la formation du personnel militaire. C'est un point important d'une bonne préparation, surtout lorsque l'on est amené à combattre dans des zones hostiles, ou dans des conditions sanitaires et de confort spartiates. Puis nous verrons comment les nouvelles guerres (guerres asymétriques, terrorisme) ont des répercutions psychologiques sérieuses sur les soldats.
Dans un second temps, nous nous intéresserons à la réaction des militaires face à ces « nouvelles menaces ». Plus précisément, il s'agira dans cette partie de montrer le rôle des professionnels de la santé (des psychologues notamment) projetés en opérations extérieures. Nous aborderons également le rôle du chef d'unité face à des problèmes d'ordre psychologique, et les nouvelles réponses des Etats-majors concernant le stress au combat.
Pour conclure ce mémoire, une dernière partie présentera le large spectre d'utilisation de la psychologie en listant les différentes approches psychologiques disponibles aujourd'hui (psychologie sociale, psychopathologie, psychanalyse). Il s'agit ici d'identifier les domaines de la psychologie que les militaires doivent aborder pour se créer un véritable « arsenal psychologique » susceptible des les aider face aux conséquences des nouvelles menaces.
[...] Parmi les services chargés de la communication de la défense, se trouve la DICOD. Elle est chargée notamment de promouvoir l'image des armées, de contribuer au renforcement des «liens armées-nation» (promouvoir «l'esprit de défense»), de gérer la communication des armées et du ministre de la Défense à travers les médias, de concevoir des documents écrits et audiovisuels mais aussi de recueillir et d'analyser les informations militaires diffusées dans la presse nationale et internationale. C'est donc à ce service que revient la mission de «propager une image valorisante des armées dans l'opinion publique» (Bernard Grasset 1999). [...]
[...] Il n'existe de contradiction qu'en apparence. En effet, très tôt, les grands stratèges militaires se sont rendu compte de la nécessité d'investiguer la psyché du soldat afin de le comprendre, de l'analyser, de le maîtriser Psychologie et formation : vers la recherche de l'efficacité Le premier souci qui anime toute organisation est l'efficacité des actions qu'elle mène. De plus, une organisation, qu'elle soit civile ou militaire, est par définition composée d'un groupe d'hommes et de femmes qui associent leurs efforts dans un but déterminé. [...]
[...] Il est important de mettre en place dès le départ une relation de confiance avec le combattant, en anticipant sur les problèmes susceptibles d'être rencontrés en opérations. Il doit savoir à qui s'adresser en cas de besoin et ne pas craindre que cette démarche, inscrite dans son dossier personnel, constitue une entrave à l'évolution de sa carrière. Sur le théâtre d'opération, le personnel qualifié peut mettre en place le traitement adéquat. Après une expérience traumatogène, le defusing, c'est-à-dire l'accueil individuel et immédiat, a pour but de réintégrer le militaire dans une unité accueillante, à son écoute. [...]
[...] Nos combattants se trouvent dans des conditions défavorables et psychologiquement difficiles. Leur préparation aux combats urbains, insuffisante, ne leur donne pas la force mentale nécessaire à une bonne gestion de ce type d'engagement. Des traumatismes en résultent, accentués par le caractère asymétrique de ces conflits. Ne pas pouvoir prévoir les actions de son adversaire, développe des phobies et des états d'angoisse extrême. Ces traumatismes vont nécessiter au retour de mission un suivi du personnel car c'est une étape difficile pour le soldat qui nécessite un réel accompagnement. [...]
[...] Par exemple, un islamiste pratique le Djihad. Selon Ben Laden mourir dignement en faisant la guerre, c'est une mort honorable qui vaut bien mieux que la vie actuelle Là encore, il y a inversion des valeurs : la mort, la souffrance sont des biens. La vie a peu de prix, sa véritable valeur réside dans son sacrifice au profit de la communauté islamiste. Ces combattants possèdent un ressort psychologique qui nous manque : la conscience d'un destin sacré, d'une mission divine qui transcende la peur et le stress. [...]
Référence bibliographique
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