Dans quelles mesures les stratégies de « diversity management » mises en place dans les grandes écoles permettent-elles de favoriser les objectifs fixés par ces organisations, à savoir l'égalité des chances et l'ouverture sociale ?

Extraits

[...] Ces évolutions permettent certes de diversifier les sources de recrutement de ces écoles, mais les étudiants ainsi recrutés continuent de former des catégories à part au sein des établissements. Autrement dit, la diversité reste très largement visible, ce qui n'est pas sans interroger la mise en œuvre concrète du concept d'égalité des chances. Toutefois, face aux résultats obtenus du fait des changements amorcés, il semble que l'intégration de la diversité se poursuive selon les logiques adoptées depuis le début des années 2000, et plus encore depuis la mobilisation de la CGE à partir de 2010. [...]

[...] Si leur association constitue pour le système d'enseignement supérieur français une forme particulière de défi, elle ne constitue pas moins une solution pour les grandes écoles. Celles-ci en effet, bien que généralement doté d'une bonne réputation, souffrent de plus en plus d'une image d'isolement et d'élitisme. De ce point de vue, le risque est grand pour elle de se voir reprocher le phénomène de la reproduction des élites. Or cette constante dans l'opinion publique française semble chaque année prendre un ascendant sur les réflexions concernant les réformes à opérer dans le système éducatif français. [...]

[...] Si le recrutement dans les milieux traditionnels offre aux grandes écoles une certaine stabilité notamment en matière de financement , cette logique interroge à moyen terme leur survie. On voit donc que la question de la gestion de la diversité n'est pas seulement une question sociale concernant les seuls pouvoirs publics, mais également un défi pour des établissements qui mesurent et prennent progressivement conscience de leur isolement. Alors qu'il y a seulement vingt ans la question de la diversité de n'y posait pas, ou de manière très ponctuelle, elle constitue aujourd'hui un axe de réflexion central dans l'identité des grandes écoles. [...]

[...] Mais ce faisant, les établissements participent malgré eux à creuser des logiques inégalitaires. En effet, les choix d'orientations retenus à l'issue de la classe de seconde marquent pour certains déjà des renoncements à des parcours d'excellence, renoncements qu'il est ensuite difficile de corriger. Ainsi, « les jeunes des milieux populaires sont, d'une part, les plus nombreux à être exclus de la filière et, plus largement, des filières générales du lycée (Merle, 2000), et d'autre part ceux qui, du fait de leur distribution spatiale, ont les plus grandes chances de fréquenter des lycées ruraux ou urbains entourés d'une offre d'enseignement supérieur peu diversifiée et comportant principalement des STS. ». [...]

[...] Elle explique en outre la focalisation de la question de la diversité sur les grandes écoles en particulier, symbole de l'élitisme républicain à la française. « Grandes écoles : l'ouverture sociale progresse à petits pas » LE MONDE Si des résultats notables peuvent être observés, la modernisation globale des grandes écoles prend du temps. En effet, le résultat précédemment évoqué de d'écoles membres de la CGE affichant au moins d'élèves boursiers constitue une avancée digne d'être soulignée. Mais la comparaison avec l'objectif fixé en 2010 par Nicolas Sarkozy d'établissements affichant de boursiers permet de relativiser le rythme de l'intégration de la diversité. [...]