L'impact des lois EGAlim sur les industriels de l'agro-alimentaire

Extraits

[...] Ces axes structurants des EGA actent également les changements profonds qui s'opèrent au niveau des consommateurs : ayant de plus en plus facilement accès à l'information à la faveur d'une numérisation croissante des activités, ils se montrent de plus en plus conscients des effets pervers induits par la chaîne agroalimentaire telle qu'elle s'est structurée au gré des injonctions de la guerre des prix et du productivisme triomphant du siècle précédent. Suite à des ateliers rassemblant les différents partis-pris, un ensemble de propositions ont été implémentées. Dénommée « loi Travert », en référence au ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation Stéphane Travert, la loi autrement connue sous le nom de « loi EGalim » regroupe un ensemble de 75 articles et 3 ordonnances. [...]

[...] Bel s'était engagé dans ce cadre à rémunérer 800 éleveurs à 371 euros la tonne de lait. Pour Savencia, c'est 375 euros la tonne depuis le 1er janvier 2019, soit une augmentation de 11% du prix du lait. L'amélioration de la situation des agriculteurs et éleveurs ? Ces accords vont-ils durablement améliorer la situation des acteurs de notre secteur primaire ? Selon Patrick Bénézit, secrétaire général adjoint du premier syndicat agricole de France, la FNSEA, les négociations se sont clôturées par des accords satisfaisants sur le prix du lait. [...]

[...] Finalement, un troisième engagement auprès de CECAB, de la SCF (société des conserves de France) et Bonduelle garantit les débouchées et rémunérations de producteurs de légumes. E. Leclerc a également signé un accord avec Danone sur le prix du lait. Cet accord est prépondérant : Danone pèse en effet 25% du marché des produits laitiers en France et fait vivre près de 2000 éleveurs en métropole. De plus, Danone doit 20% de son chiffre d'affaires annuel de 2 milliards d'euros à Leclerc. [...]

[...] De ce contexte de tensions émerge surtout une problématique d'ordre social souvent dénoncée comme un tabou par les médias : le risque de suicide chez les agriculteurs est de 20 à 30% supérieur au reste de la population, ce qui en fait la population la plus à risque du pays. C'est très certainement conscient de cette situation que celui qui était le candidat Emmanuel Macron à la présidentielle en 2017 a inclus dans son programme la promesse selon laquelle « nous serons aux côtés des agriculteurs pour qu'ils vivent de leur travail, plutôt que des aides publiques ( . Et nous les aiderons à être payés au prix juste en soutenant les organisations de producteurs dans leurs négociations avec les industriels ». [...]

[...] Cette hausse des prix est-elle vraiment perçue ? Une étude Nielsen a suivi l'évolution des prix entre 27 janvier 2019 et le 3 février de la même année, soit avant et après l'application de la loi Egalim. Il s'avère que les prix du top 100 des denrées alimentaires ont augmenté de en hypermarché et de en supermarché. Ce chiffre de est cité dans de nombreux journaux, pour présenter la forte inflation ayant suivi l'élévation du SRP. Il faut néanmoins nuancer ce chiffre, qui ne comptabilise que les références phares de la grande distribution, ces références de grandes marques que les enseignes vendaient à marges nulles. [...]