Internet a un impact très fort sur tous les secteurs culturels. La Bande Dessinée (BD) n'est évidemment pas épargnée. Cependant, loin d'être impactée de façon négative par Internet, ce genre en perpétuelle évolution a su s'adapter aux nouvelles technologies. De nouveaux outils ont été créés pour permettre à n'importe qui de créer sa propre BD et de la mettre en ligne. Les éditeurs en particulier se réjouissent de cet outil qui leur permet de découvrir de nouveaux talents déjà plébiscités par un certain public, sans débourser un seul centime.
Dans le domaine du manga, qui connaît un fort engouement en France depuis maintenant quasiment 20 ans, Internet joue un rôle particulièrement important, et n'impacte pas de la même façon les différents acteurs économiques du secteur du manga.
On va essayer d'étudier en deux temps la façon dont la production éditoriale du manga s'est adaptée à la technologie audiovisuelle puis numérique. On a en effet d'une part une concurrence entre deux modèles -le manga papier et l'anime- qui se révèlent en fait complémentaires. Suite à cela, Internet vient jouer les Janus sur le marché du manga, en assurant d'une part sa promotion gratuite et participant fortement à l'incroyable développement économique du secteur, et d'autre part en menaçant de faire disparaître l'industrie des animes, pourtant complémentaire à celle du manga papier.
Qu'est ce que le manga ?
-Aujourd'hui, le Manga est synonyme de BD au Japon, où ce genre représente 40 % de l'édition japonaise, tous types confondus (livres, journaux). Il trouve ses origines dans l'imagerie populaire japonaise du XIè et XIIè siècles. Il s'agit d'un modèle économique très différent de la BD européenne : la plupart du temps basés sur le principe de la série, les volumes sortent environ tous les mois, en petit format, Noir & Blanc, et contiennent près de 200 pages, pour un prix allant de 5 à 10 euros (en France).
-En 2003, le marché des mangas au Japon générait environ 4 milliards d'euros et était donc à lui seul supérieur au marché du livre en France, estimé environ 3 milliards d'euros. Au Japon, le chiffre d'affaire de Kodansha était estimé en 2005 à 964 millions d'euros. A titre de comparaison, le chiffre d'affaire BD de Média Participations (leader européen de l'édition de BD) était estimé pour la même année à 99,33 millions d'euros (33% du chiffre d'affaire total).
Qu'est ce que l'anime ?
-L'anime est le pendant audiovisuel du manga papier. Il peut soit découler d'une série déjà existante (forcément un best-seller), soit être créé de toutes pièces. Le premier dessin animé à avoir été diffusé sur les ondes, en 1963, fut Astro le petit robot, d'Osamu Tezuka.
-L'adaptation télévisuelle d'un manga présente surtout l'avantage d'accroître la notoriété du titre. Pour le producteur, c'est le succès quasi garanti et la sécurité financière assurée ; pour la chaîne, c'est son audimat qui bénéficie de la diffusion de chaque nouvelle série, et pour l'auteur comme pour l'éditeur de la BD originale, c'est la consécration et un gain financier supplémentaire. A la base, l'adaptation de mangas à succès en séries télévisées animées double la mise pour tout le monde.
-Cette bonne santé financière permet aux japonais de fournir environ 60% de la production mondiale de dessins animés (source :Matsumoto Kubo).
Le développement du phénomène manga en France
-En France, c'est le phénomène inverse qui se produit. Les mangas se sont imposés seulement après la diffusion massive de dessins animés japonais à la télévision pendant les années 1980-90. C'est avec le succès monstrueux de Goldorak en 78 sur Antenne 2 que l'animation japonaise fait vraiment son entrée en force sur les chaînes de télévision françaises.
Suite à la privatisation des chaînes vers le milieu des 80's, la jeunesse devient un véritable enjeu économique. Une émission comme le Club Dorothée sur TF1 trouve dans la production japonaise une source inépuisable de programmation à bas prix. En 1988, alors que La Cinq importe Olive et Tom, TF1 réplique par Dragon Ball et Les Chevaliers du Zodiaque, deux séries emblématiques qui ont connu un succès phénoménal.
-Le véritable point de départ du manga papier en France est la publication d'Akira (Katsuhiro Otomo) en 1990 par Glénat, qui connaît un gros succès auprès du public français. Les éditeurs vont ensuite -sans trop prendre de risques- se mettre à publier ces titres qui ont eu tellement de succès dans les émissions jeunesse, comme "Dragon Ball", "Olive et Tom", ou "Les Chevaliers du Zodiaque". Ces mangas étant initialement destinés au lectorat adolescent, ils accompagnent donc la progression de leur jeune public qui vient de passer dans l'adolescence, et s'inscrivent dans la niche que représente la BD jeunesse, en partie délaissée par la BD francophone.
-De nombreux éditeurs publient aujourd'hui des mangas en français : éditeurs spécialisés dans la BD asiatiques (Tonkam, Asuka...) et labels spécifiquement créés au sein de maisons d'édition préexistantes (Sakka chez Casterman, Kana chez Dargaud). Les 3 leaders du marché sont Dargaud (Kana), Glénat et Pika.
[...] Certaines compagnies influentes vont même jusqu'à créer de nouveaux personnages complètement inutiles, dans un but purement commercial, comme c'est le cas pour les chevaliers d'acier dans le dessin animé Saint Seiya (Les chevaliers du Zodiaque), dont l'apparition est liée à la seule volonté de Bandaï de sortir une nouvelle gamme de jouets Saint Seiya. les OVA (Original Video Animation) sont des anime produits pour la vente en vidéo. Leur qualité technique est souvent meilleure que celle des séries, car les délais sont moins contraignants et le budget plus élevé (pour un public plus ciblé). L'histoire peut être directement réalisée sous cette forme ou adaptée d'une série, relatant généralement un épisode parallèle au manga papier. les films destinés à sortir au cinéma. Ils bénéficient des plus hauts budgets. [...]
[...] ( En France, le marché des animes représente entre 3 et du marché total du DVD. ( Selon Nicolas Penedo, Rédacteur en Chef Adjoint d'Animeland.com, il est difficile de dégager une logique éditoriale dans la production des animes. Les prix dépendent des éditeurs japonais avec qui se négocient les contrats, et relèvent plus de la logique du fan que de la rationalité économique pure (tel studio veut absolument éditer telle série et sera donc prêt à payer un prix exorbitant pour obtenir les droits). [...]
[...] ( La BD francobelge a d'ailleurs tiré les leçons du manga. D'année en année, les productions audiovisuelles ou les jeux vidéo tirés de bandes dessinées européennes se font de plus en plus nombreux : Lucky Luke, Largo Winch, Persepolis, Franky Snow et bientôt un nouvel Astérix, et une adaptation vers 2009 de Tintin D'après les éditeurs, les amateurs de mangas (papier et anime) sont statistiquement suréquipés en matériel et connaissances informatiques. Ceci explique peut-être la fréquentation généralement plus élevée des sites traitant du manga (animeland.com, animint.com, mangagate.com, mangavore.net, manga-news.com, mangasanctuary.com, mangaverse.net, the- ryoweb.com, webotaku.com) que de ceux traitant de la BD classique. [...]
[...] La lecture sur écran reste encore le meilleur rempart pour les éditeurs de manga. La prépublication en ligne : un avantage économique majeur ( Mieux ! Les teams sont également des dénicheuses potentielles de séries qui marchent. Elles représentent pour les éditeurs un champ de test du potentiel de certains titres. Naturellement, il est bien difficile d'évaluer en quoi les teams peuvent conditionner les achats de licences, et les éditeurs ne sont pas comme des fous derrière leurs écrans pour surveiller la cote de telle ou telle série, mais c'est un atout non négligeable. [...]
[...] Ce sont ces deux derniers qui sont demandeurs. Kaze ne paie que les frais techniques, et ils se partagent les revenus de la publicité (relativement minimes). Des obstacles ( Le seul obstacle à la réalisation de ce projet demeure la rigidité nippone sur la cession des droits pour la VOD. En effet, les droits qui sont cédés pour le sous-titrage des animes ne constitue pas une cession de tous les droits audiovisuels (ça serait trop simple Il faut donc négocier les droits en VOD, sur lesquels les éditeurs nippons renâclent sérieusement. [...]
Référence bibliographique
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