Les différents lieux qui nous entourent représentent des espaces signifiants et peuvent donc faire l'objet d'étude de la sémiotique. Ainsi avons-nous choisi d'analyser un centre commercial, caractéristique de la complexité qu'engendre la notion de lieu. Notre attention s'est en effet portée sur la galerie marchande de Carrefour Corniac à Limoges.
Il paraît donc utile, dans un premier temps, de définir la notion de lieu. Nous pouvons nous appuyer sur la définition du Petit Robert :
Lieu : portion déterminée de l'espace, considérée de façon générale et abstraite.
A cette notion de lieu, Marc Augé oppose la notion de non-lieu selon un certain nombre de critères :
« Si un lieu peut se définir comme identitaire, relationnel et historique, un espace qui ne peut se définir ni comme identitaire, ni comme relationnel, ni comme historique définira un non-lieu. »
Il donne ensuite des exemples de non-lieux que nous pouvons rencontrer au quotidien :
« Les non-lieux, ce sont aussi bien les installations nécessaires à la circulation accélérée des personnes et des biens (voies rapides, échangeurs, aéroports) que les moyens de transport eux-mêmes ou les grands centres commerciaux, ou encore les camps de transit prolongé où sont parqués les réfugiés de la planète. »
Notre étude portant sur un centre commercial, il nous semble pertinent de définir les notions de galerie et de galerie marchande :
Galerie : lieu de passage ou de promenade, couvert, beaucoup plus long que large, ménagé à l'extérieur ou à l'intérieur d'un édifice ou d'une salle.
Galerie marchande : galerie bordée de boutiques, notamment dans un centre commercial.
On peut donc se poser la question à savoir si, comme le suggère Marc Augé, un centre commercial reste toujours un non-lieu, bien distinct de toute notion de lieu.
Afin de répondre à cette question, nous partirons d'une description générale de l'aménagement de l'espace. Nous observerons ensuite les différents parcours suggérés par l'espace pour aboutir à une analyse des interactions sociales au sein de ce lieu.
[...] Ceci permet de circuler tout autour est d'y accéder par n'importe quel côté, quel que soit le parcours adopté. Une fois le consommateur à l'intérieur de ce lieu, il trouve là un espace recrée par l'organisation des tables. Celles-ci étant souvent séparées les unes des autres, elles laissent de nombreux choix de circulation. De toute évidence, la sortie peut se faire via les quatre ouvertures. A travers les divers parcours observés, on peut constater un rythme de circulation du consommateur différent selon le lieu ou le non-lieu dans lequel il évolue. [...]
[...] Ceux-ci présentent une modalisation déontique : ils suggèrent un devoir faire, celui de circuler d'une certaine façon. Par opposition, les décorations présentes dans le hall ont une modalité aléthique : elles sont définies uniquement par un devoir être, celui d'être esthétique et de combler l'espace. Pour accéder à l'étage, deux trajets sont possibles : un par l'escalier intérieur, l'autre par l'escalier extérieur. Tout comme les passerelles extérieures, ce hall est uniquement un lieu de passage car il permet d'accéder aux toilettes, à des consignes et à un cabinet médical. [...]
[...] Le plafond est toutefois plus haut dans l'allée (où se trouvent les décorations florales) que dans le reste de la galerie (où se trouvent les stands). Cet espace est couvert et d'une grande luminosité, notamment grâce à un revêtement au sol clair et brillant qui reflète la lumière (artificielle). La structure de cette galerie nous évoque une rue piétonne car elle est bordée de boutiques, idée renforcée par la présence de palmiers artificiels. On peut observer la présence de stands ou d'expositions dans cette galerie. [...]
[...] Ils ont généralement la forme d'un rectangle au centre duquel un petit espace est réservé pour le marchand. En ce qui concerne l'espace cafétéria, il est symboliquement fermé par des cloisons non totales : des barrières d'environ un mètre de haut, autorisant un accès visuel. De plus, les quatre entrées (une au centre de chaque côté) sont assez larges et permettent un accès direct (il n'y a aucune porte à ouvrir). La délimitation entre ce lieu et le non-lieu qui l'entoure se fait également par le net changement de revêtement au sol. [...]
[...] Ce lieu contraste manifestement avec la galerie non-lieu. D'une part, aux grands espaces quasiment vides de la galerie s'oppose ici un espace restreint très aménagé. En effet, ce lieu est comblé par des chaises, des tables, et au centre, plusieurs distributeurs (de boissons et de confiseries). D'autre part, le contraste se fait également au niveau chromatique. Plusieurs oppositions nous permettent d'établir le système semi- symbolique suivant : non-lieu brillant couleurs sobres couleurs similaires lieu mate couleurs vives couleurs contrastées Enfin, lieu et non-lieu s'opposent aussi par leur luminosité. [...]
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