Analyse SWOT - Uber - publié le 12/11/2019

Extraits

[...] Cette bonne image résulte également de la comparaison constante avec les taxis traditionnels, qui au contraire souffrent d'une très mauvaise réputation. D'autre part, Uber se positionne sur un secteur où la demande ne décline pas : le déclin des automobiles traditionnelles se double d'un recours plus régulier aux véhicules avec chauffeur. Le désavantage de ces véhicules face aux transports publics, qui tient notamment à des considérations écologiques, est en passe de se réduire avec le développement de filières plus respectueuses de l'environnement, telles qu'« UberGREEN ». La société Uber a donc pour socle une demande très solide. [...]

[...] Celle-ci est avant tout géographique : Uber est présent dans la quasi-totalité des grandes villes du monde, dans de nombreux États, et ce ne sont que des réticences politiques qui expliquent le non-investissement d'une zone géographique donnée (la Turquie et l'Italie, par exemple). Cette expansion concerne aussi les activités de l'entreprise Uber, qui ne se contente plus de constituer une plate-forme d'intermédiation entre chauffeurs et clients : elle a diversifié ses formes de trajet, en incluant des trajets écologiques (UberGreen), partagés (UberPOOL), de luxe (UberBlack), etc. ; et ses activités, incluant notamment un service de livraison de repas (UberEats). [...]

[...] Elle est aussi caractérisée par ses échecs. Malgré sa valorisation et la richesse personnelle de ses cofondateurs, Uber n'est en effet toujours pas une entreprise bénéficiaire. Son introduction en bourse, l'une des plus importantes aux États-Unis, a amené à des résultats en demi-teinte, et la concurrence sur certains marchés, notamment le marché chinois, l'a amené à certains retraits. Ces retraits, corrélés aux difficultés politiques auxquelles la société est confrontée en Occident, amènent à relativiser cette suprématie et témoignent d'un avenir très incertain. [...]

[...] Il est à craindre qu'un tel mouvement ne se répande progressivement dans tout le marché occidental, qui est le seul où Uber est une entreprise réellement dominante. L'extension géographique de cette défiance juridique, qui se concrétise par des mesures très défavorables, constitue la menace la plus sérieuse au développement de la société. Dans une moindre mesure, Uber est menacé par ses concurrents. Il a déjà été remarqué que la concurrence avait conduit Uber à abandonner plusieurs marchés (notamment en Chine). Mais cette concurrence devient de plus en plus prégnante sur les marchés occidentaux, historiquement acquis à Uber. [...]

[...] Faiblesses La principale faiblesse de la société Uber est la relative instabilité du statut juridique des chauffeurs Uber. L'entreprise se prévaut souvent, en effet, de la liberté extrême de ses chauffeurs, dans la mesure où ceux-ci ne sont pas salariés, et travaillent à leur compte, en tant qu'autoentrepreneurs. Ce statut d'autoentrepreneur sert toutefois à la société à écarter les règles très strictes du droit du travail, et ce notamment en cas de licenciement. Ce statut tend toutefois, en France, à être remis en cause : dans un arrêt du 10 janvier 2019, la cour d'appel de Paris a qualifié cette relation de « contractuelle » : c'est donc un contrat de travail qui lie la société Uber aux chauffeurs, qualifiés de salariés. [...]