Communication externe, Etude comparée, stratégies marketing, candidats à l'investiture, Parti socialiste, 2006, Laurent Fabius, Ségolène Royal, Dominique Strauss-Kahn, stratégie marketing classique, cible des candidats, projet socialiste
En 2006, le Parti Socialiste essaie de revenir au premier plan après un référendum sur le projet de Traité Constitutionnel Européen qui l'a vu se déchirer entre partisans du oui et du non, et surtout se couper de sa base militante. Le vote interne se prononce en faveur du oui, tandis que le non emporte la majorité des suffrages au sein de l'électorat de gauche. La dynamique des régionales et cantonales de 2004 est oubliée, le bénéfice politique national que le Parti Socialiste pouvait en attendre est déjà dilapidé.
En vue des présidentielles et des législatives de 2007, la première étape de recomposition est l'écriture d'un nouveau projet socialiste, synthèse des propositions des courants internes, visant à rassembler tout le Parti Socialiste et à servir de plate forme électorale. Cette réunion paraît d'autant plus possible que le Congrès de fin 2005 a vu une partie du « camp du non » (Henri Emanuelli, Vincent Peillon, Manuel Valls…) rejoindre le courant majoritaire dans la traditionnelle synthèse, seuls Laurent Fabius et Arnaud Montebourg « résistant » encore.
Dès le printemps 2006, de nombreux candidats potentiels à l'échéance présidentielle de 2007 cherchent à fonder leur légitimité, mais sur des bases différentes :
-François Hollande sur sa fonction de Premier Secrétaire, à la tête du Parti;
-Dominique Strauss-Kahn, Jack Lang, voire Bernard Kouchner et Martine Aubry sur leur passé, leur compétence et leur appartenance au courant majoritaire;
-Laurent Fabius sur son ancrage traditionnel à gauche et sur le vote non au TCE (vote majoritaire dans le pays);
-Ségolène Royal, sur sa popularité, sa féminité et sur le renouveau qu'elle incarne;
Sans compter ceux qui attendent, hésitent…
La grande nouveauté, c'est que ce jeu, a priori interne, va être totalement public, et que les médias vont s'en mêler fortement, entraînant avec eux les inévitables sondages.
Dès lors, plusieurs facteurs, très différents a priori, vont jouer dans le même sens :
-Impossibilité à dégager un(e) candidat(e) indiscutable, d'union, fédérateur…;
-Autorité insuffisante du Premier Secrétaire;
-Poids des médias et des sondages qui bousculent les hiérarchies supposées;
-Traumatisme du référendum européen qui a mis la direction du Parti Socialiste en décalage avec l'opinion nationale et avec son électorat.
Ces facteurs, et le contexte décrit, incitent le Parti Socialiste à innover dans la forme et à tenir le plus grand compte de l'opinion publique. Un an après le vote interne pour le référendum, il est ainsi décidé de recourir à un nouveau vote interne pour désigner le(la) candidat(e) à l'issue d'une « primaire » au sein du PS.
Ce choix traduit certes une faiblesse, une indécision en ce sens qu'il n'y a pas de leader clair à ce moment clé de la vie politique, mais il représente aussi une réponse à une problématique stratégique :
-Comment retrouver de la cohésion au sein du parti?
-Comment se remettre en phase avec le pays?
-Comment faire émerger ce fameux leader?
Ce troisième point est important, car les primaires impliquent une campagne, comme aux Etats-Unis, et donnent à ceux qui y participent une légitimité politique et une notoriété nationale qu'ils ne possèdent pas nécessairement au début. La campagne d'adhésion qui suit cette décision va être massive, et montre le bien fondé de la démarche, du point de vue de la reconquête de son propre électorat.
Le nombre de candidats potentiels va assez vite se réduire à cinq, quatre, puis finalement à trois :
-Laurent Fabius, sur une position de gauche traditionnelle, à la fois héritier de Mitterrand et des acquis sociaux, espérant garder le contact avec l'extrême gauche grâce au non au référendum;
-Dominique Strauss-Kahn, sur une position de social démocratie moderne, raisonnable et rassurante, avec une image de compétence et une capacité à mordre sur le centre et centre droit;
-Ségolène Royal, dans une logique nouvelle d'écoute et d'échanges participatifs par opposition à l'approche technocrate de ses rivaux, et jouant de son image et de sa « féminitude ».
Cette première primaire française, visant à recomposer un parti en conquête, a finalement proposé aux militants de choisir entre une stratégie de défense, une stratégie technique et une stratégie d'écoute.
[...] Ces professions de foi constituent le premier et primordial outil de marketing classique utilisé par les candidats à la candidature. Elles permettent de décrypter clairement le positionnement de chacun d'entre eux. Ceci est un atout pour l'électeur à l'heure du choix, mais peut également en constituer un pour les concurrents qui savent parfaitement sur quel terrain mener bataille afin de l'emporter lors des débats. i. Les Professions de foi: L'une est traditionnelle et clairement à gauche (Fabius), l'autre un peu en-dehors du PS (Royal), la dernière plus centriste (Strauss Kahn). [...]
[...] Les sujets considérés comme prioritaires pour le PS : Par ordre d'importance: l'emploi ( des réponses), l'éducation (43 la protection sociale (34 la construction européenne (24,8 Puis viennent presque à égalité avec plus de des réponses : la réforme des institutions, l'environnement, la lutte contre les discriminations. Le pouvoir d'achat comptabilise des réponses, le logement Le sujet le moins prioritaire est la décentralisation. Au moment de la campagne pour les primaires socialistes, la base des adhérents constitue un groupe très hétérogène. [...]
[...] On retient par exemple, dans le contexte nord-américain, les critiques faites à John Kerry, candidat à la présidentielle de son pays en 2004. Son concurrent a insisté sur le peu de fiabilité de ses convictions, sans cesse changeantes sur bien des sujets La communication orale comme outil marketing Le discours est un moyen pour l'homme politique d'exposer ses idées directement face à leurs destinataires, lors de meeting, de congrès, de forums, d'évènements, et d'être lui-même exposé aux médias. Les discours sont en principe préparés en avance, prémédités, travaillés, orientés, et sont donc une bonne manière d'analyser la stratégie des candidats. [...]
[...] Strauss-Kahn, mais avec une meilleure proximité pour la candidate, simple exposé d'idées pour L. Fabius. Limites du marketing politique des primaires socialistes pour l'élection présidentielle de 2007 La campagne pour les primaires socialistes de 2006, si elle a joué un rôle de précuseur en la matière en France, et a apporté son lot d'innovations au niveau marketing politique, rencontra des limites qui remettent son utilité en question Le contexte politique français Tout d'abord, la tenue d'une campagne de telle ampleur pour des primaires est une première en France. [...]
[...] La fonction publique reste sur-représentée, avec environ un tiers des nouveaux adhérents, mais cette part diminue. Un niveau d'études en forte hausse: Plus de des nouveaux adhérents ont un niveau d'études au moins égal à BAC+ d'entre eux ont un niveau CAP-BEP ou moins. Lors de l'enquête de des adhérents revendiquaient un diplôme de l'enseignement supérieur, contre 73% pour les nouveaux adhérents. Nouveaux adhérents selon le niveau de diplôme, comparaison avec les militants du PS en 1998 (enquête CEVIPOF) et les données pour la France entière de l'INSEE en 2005 Total inférieur à car l'INSEE comptabilise aussi de personnes en cours d'études. [...]
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