SSPO Service de Soutien Psychologique Opérationnel, outils statistiques, new public management, benchmarking, police, souffrance psychologique, pressions, dépressions, technique marketing
"Efficacité", "compétition", "efficience" ; tels sont les mots d'ordre des principes issus du management privé appliqués depuis une vingtaine d'années dans les administrations publiques. A priori peu contestables, ces objectifs autrefois cantonnés au privé sont dorénavant utilisés dans la gestion des entreprises publiques à travers ce que l'on nomme le new public management. C'est de ce new public management qu'est issu le benchmarking.
[...] Les excès de zèle entraînent des dérives autoritaires dépassant les limites imposées par le règlement. Ces dérives se traduisent par des arrestations sans aucune pédagogie, peu efficaces dans la prévention des crimes et délits, entraînant même une défiance grandissante envers la police. Par exemple, un commissaire central parisien a rapporté le cas d'un agent soucieux d'atteindre les quotas de verbalisation qu'il s'est lui-même fixés, mettre des PV à tous les véhicules ayant des défauts de contrôle technique, en l'absence des conducteurs. [...]
[...] C'est de ce new public management qu'est issu le benchmarking. Ce terme provient du verbe anglais To benchmark, qui signifie évaluer par comparaison avec un étalon, un modèle, une norme extérieure. Ce terme a été popularisé par Robert C. Camp, ingénieur dans la firme Xerox, auteur d'un ouvrage considéré comme les Saintes Écritures managériales : Benchmarking. The Search for Industry Best Practices that Lead to Superior Performance. On peut définir plus précisément le benchmarking qui est un ensemble d'outils statistiques permettant de quantifier, évaluer, mesurer et comparer les actions des agents publics. [...]
[...] Une souffrance psychologique et une manipulation des chiffres A. Des pressions et des dépressions Selon les policiers qui ont pu être interrogés, les méthodes de management issues du privé n'auraient pas amélioré les performances policières. Au contraire, on a pu constater des conséquences plus ou moins graves sur la santé psychologique des policiers. Ces derniers souffrent de pressions allant même jusqu'à des dépressions. Malgré la prise d'initiative constante, les agents ont le sentiment de ne jamais être à la hauteur des objectifs attendus. [...]
[...] Ici, nous nous intéresserons précisément à l'utilisation du benchmarking dans la police française. Introduit tout d'abord à New York au début des années 90 sous le terme « compstat », c'est au début des années 2000 que cette « politique du chiffre » est reprise en France par le gouvernement Jospin avec une première expérience dans la préfecture de police de Paris. Le benchmarking a ensuite été diffusé à l'intérieur la police nationale par le gouvernement Sarkozy. Cette instauration en France a été principalement justifiée par un problème lié à l'évaluation des effets de la politique de prévention de la police de proximité. [...]
[...] Ils peuvent en effet demander des justifications, voire dessaisir les commissaires de leur commandement. Pour les chefs de secteur, l'instauration des techniques managériales a donc été une opportunité. Il faut tout de même préciser qu'ils essayent de favoriser une bonne entente avec leurs subordonnés, car étant placés entre l'extrémité hiérarchique supérieure et les commissaires, ils doivent éviter les conflits qui pourraient entraîner une paralysie des institutions policières. Ils tolèrent ainsi les légers écarts que les commissaires pourraient faire et ils évitent de trop s'immiscer dans leurs affaires. [...]
Référence bibliographique
Source fiable, format APALecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture